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Sous le voile du mauvais œil, Oeil pour Oeil de Sfiya nous plonge dans un univers où l’intime se fait récit et où chaque souvenir devient une incantation. L’artiste nous ouvre les portes de l’appartement de sa tante Aïcha, un lieu où les croyances migrent, se transforment et se cristallisent à travers les murs et les objets. Entre l’ici et l’au-delà, le visible et l’invisible, Sfiya tisse une œuvre où le passé résonne dans le présent, où chaque tableau, chaque parfum d’encens, chaque geste invite à une exploration des racines et des rituels qui façonnent son identité.
Dès le vernissage, le public est accueilli comme dans une maison de famille, avec du thé à la menthe, des gâteaux marocains et l’odeur enveloppante du bukhoor, un encens traditionnel qui emplit l’air de ses volutes parfumées, comme un rempart invisible contre les mauvais esprits.
Au cœur de cette atmosphère, Sfiya fait revivre le salon de sa tante Aïcha : un sedari — banc traditionnel marocain —, des motifs et éléments emblématiques de l’appartement intégré dans ses tableaux, comme si chaque détail portait les empreintes d’histoires anciennes et sacrées. Dans cet espace qui évoque le foyer, on se sent invité, plus que spectateur, à partager l'intimité d'une vie, à entendre les histoires des ancêtres et à ressentir les émotions qui vibrent dans chaque objet, chaque couleur, chaque nuance de bleu.
Au centre de l’exposition, une petite radio imprimée et modélisée en 3D par Sfiya diffuse la voix de sa tante Aïcha, un murmure réconfortant et envoûtant, comme une incantation contre les malédictions. Dans cet enregistrement, Aïcha raconte le mauvais œil tel qu’elle l’a vécu : ses symptômes insidieux, ses remèdes transmis de génération en génération, et les mises en garde qu’elle prodigue avec douceur et gravité.
Dans ces mots, elle transmet ses propres expériences, prodigue des conseils, et évoque cette vigilance transmise par les femmes de la famille, entre traditions et luttes silencieuses. Comme un rituel intime, cette voix est un lien vivant entre les générations, une mémoire collective que Sfiya porte avec elle, au-delà des continents.
L’exposition prend une nouvelle dimension avec la contribution d’Anya Nousri, autrice montréalaise d’origine algérienne. Dans son dernier roman On m’a jeté l’œil (qui a gagné le Grand Prix du livre de la Ville de Sherbrooke récemment), elle explore un héritage culturel entre superstitions et désir d’indépendance, où la protagoniste, pour résister à l’assimilation, se réfugie dans les rituels et les conseils des femmes de sa famille, capturant un métissage de coutumes où se croisent rites païens, traditions religieuses et modernité occidentale.
Anya prête sa voix à l’exposition, lisant des fragments choisis qui résonnent avec les œuvres de Sfiya, comme un écho littéraire de ce que signifie porter un héritage à la fois complexe et puissant, un fardeau et un refuge. Écouter les récits d'Anya et d'Aïcha à travers le casque relié à cette radio crée une expérience intimiste, où le public, à tour de rôle, se laisse envelopper par ces histoires poignantes, plongé dans les nuances profondes de bleu qui teintent l’espace et l’âme.
Dans cet univers où tout semble empreint de symbolisme, la cigogne, figure récurrente dans les œuvres de Sfiya, incarne l'expérience de migration et l’hybridité identitaire de la diaspora. Cet oiseau emblématique des voyages longs et périlleux évoque le départ, l’exil, mais aussi le retour symbolique vers un foyer. C’est aussi un oiseau migrateur très présent au Maroc qui symbolise la chance et la sagesse.
À travers un style oscillant entre surréalisme et réalité augmentée, Sfiya enveloppe le spectateur dans un monde mystique où l’on découvre des mains fantomatiques, des yeux flottants et des motifs qui évoquent des contes traditionnels. Grâce aux effets de réalité augmentée, le public entre dans cet espace poétique, où les croyances deviennent tangibles, et où le monde spirituel semble se manifester dans le réel.
À travers Oeil pour Oeil, Sfiya fait plus que revisiter le passé : elle le réinvente, le célèbre, le questionne. Chaque tableau, chaque installation, chaque motif de bleu est une prière muette pour l’avenir, un témoignage des frontières invisibles qu’elle traverse chaque jour, entre ses racines et son identité actuelle. Son œuvre, à la croisée des arts visuels et de la technologie immersive, offre un espace sacré, suspendu entre magie et mémoire, où les superstitions deviennent une forme de résistance et de réaffirmation de soi.
Cette exposition rappelle que l’identité diasporique n’est pas une simple migration d’un lieu à un autre, mais un voyage infini entre des mondes entremêlés de récits, de croyances et d’incantations, comme des fragments d’âmes hérités et réinventés. Sfiya, en transformant les souvenirs de sa tante en œuvre d’art, en fait une offrande universelle où chacun peut se retrouver, entre ombre et lumière, sous le regard protecteur — ou menaçant — du mauvais œil.
L'exposition Oeil pour Oeil est présenté gratuitement à Fais-moi l'art au 900 Rue Cherrier à Montréal du 6 au 27 novembre 2024 de 12h à 19h. Sfiya organise des visites guidées les samedis 16 et 23 novembre à partir de 14h.