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Dans très exactement 85 jours à compter d’aujourd’hui, 26 mars 2024, aura lieu le coup d’envoi de la 24e édition de Suoni Per Il Popolo, doyen des festivals alternatifs à Montréal, qui œuvre depuis près d’un quart de siècle autant à faire rayonner la scène d’ici qu’à y convier des talents neufs ou vénérables venus d’ailleurs. Le festival demeure en activité et alerte, même hors de la haute saison, en organisant des concerts, conférences et autres événements, qui permettent de cultiver et renforcer les liens tissés entre les artistes d’ici et d’ailleurs, entre les musiciens et la communauté.
C’est ainsi que le 8 mars dernier, Suoni accueillait à la Sala Rossa l’amie de longue date et participante de la première heure (présente dès la première édition de 2002 au sein du groupe Sticks and Stones) Matana Roberts.
Même si elle reçoit depuis trente ans une consécration universelle et les plus grands honneurs -amplement mérités- (elle apparaît allègrement dans les prestigieux palmarès de Rolling Stone, NPR, Pitchfork et autres gourous de l’industrie culturelle), c’est sur le ton intime d’une conversation à bâtons rompus, faite de connivence, de compréhension mutuelle et d’expériences partagées, que la grande dame nous a accueillis au milieu de la salle, aménagée pour l’occasion comme un grand boudoir circulaire.
Miss Roberts a lancé le 29 septembre dernier le cinquième chapitre de la série Coin Coin, en germe depuis le début des années 2000, mais pour laquelle le premier album enregistré remonte à 2011. À cette époque, l’artiste multidisciplinaire -expérimentatrice sonore, poétesse, multi-instrumentiste et artiste visuelle- habitait à temps plein à Montréal.
Elle profitait d’une bourse offerte par le gouvernement canadien lui permettant de participer à un projet de recherche sur l’intégration de techniques d’improvisation musicale, dans le cadre du travail social auprès de jeunes marginalisés. Au cours des deux années passées en sol canadien vers la fin de cette première décennie du millénaire, Matana travaillait sur Coin Coin, et voyageait entre New York et Montréal pour présenter et peaufiner le matériel en cours d’élaboration.
C’est à l’occasion d’un concert donné dans l’un des lofts semi-privés qui ont vu fleurir la scène alternative de la ville, que Ian Ilavsky et Don Wilkie, cofondateurs de Constellation Records (Godspeed You ! Black Emperor, Jerusalem In My Heart, Joni Void, Fly Pan Am), sont tombés sur Matana Roberts et sont tombés amoureux de sa musique. L’ambition de l’artiste à l’époque, qui s’est depuis concrétisée sous la forme de 5 albums -tous publiés chez Constellation-, était de donner une forme artistique à sa quête spirituelle et identitaire. Cette entreprise qui, entrecoupée d’autres projets, l’occupe depuis, devait lui permettre de canaliser dans une même pratique son désir d’explorer l’histoire tortueuse, sanglante, mais belle et porteuse de vie de l’Amérique, ainsi que celui de développer et mobiliser une multiplicité de collaborateurs et de moyens d’expressions.
Coin Coin devait comporter à la base 10 chapitres, portant sur divers aspects de l’histoire de l’Amérique. Puis se sont ajoutées, comme d’elles-mêmes, deux destinations supplémentaires à parcourir. Chacun des épisodes est l’occasion de l’exploration d’un horizon spécifique, mais aussi de la mise en œuvre d’un langage artistique nouveau et expérimental, élaboré pour transmettre adéquatement ce contenu déterminé.
Matana a pris conscience en cours de route que la série, pour être complète et cohérente, devait compter au moins deux chapitres de plus, permettant à l’autrice de s’attarder davantage sur un travail d’investigation, de création et d’expression solitaires. Bien qu’elle soit accompagnée sur l’album le plus récent, paru en septembre dernier, (« Coin Coin Chapter Five : In The Garden… ») de neuf musiciens -sans compter la contribution spirituelle de Jaime Branch-, c’est à une prestation de ce type que nous avons eu droit le 8 mars dernier.
Si Matana nous est apparue sur scène seule, le processus créatif autant que la performance, ici comme dans d’autres propositions solo de son œuvre, demeurent au plus haut point collectifs. Alors que, dans un rituel à la fois archaïque et expérimental, elle fait appel à la puissance divinatrice et inspiratrice de l’esprit de ceux qui nous ont précédé et dont la présence nous entoure, l’artiste se met au diapason et tire son art d’un Ailleurs et d’un Autre.
En retour, elle convie le public à un moment de communion, où l’âme et la voix de chacun sont sollicités, et se transforme en vecteur de transmission d’un souffle ancien et partagé (« It’s all about passing energy »). Un moment à la fois précaire et certain (« this is an improvisation »), intangible et indubitable, impérissable et fugace, conquis à force d’hésitations et de tâtonnements, dont on sait fermement dans le doute le plus poignant qu’il va nécessairement apparaitre.
Une soirée qui promet pour l’édition 2024 de Suoni Per Il Popolo, qui aura lieu cette année du 12 au 23 juin 2024. D’autres concerts off-season sont à prévoir d’ici juin et seront annoncés via le site web du festival et les réseaux sociaux.