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Quelle magnifique soirée j’ai passée à la Place des Arts hier soir, lors de la première de la rentrée culturelle de la compagnie des Grands Ballets Canadiens avec MAESTRO.
Si ce spectacle annonce les couleurs de cette nouvelle saison, toujours sous la direction artistique de Ivan Cavallari, le public amoureux de la danse sera comblé.
Le spectacle débute par Petite Mort du chorégraphe tchèque Jiří Kylián. D’ailleurs, ce chef-d’œuvre fait son entrée officielle au répertoire de la compagnie, et on comprend rapidement pourquoi.
Selon ce qu’on lit dans le programme, c’est un ballet de séduction qui s’ouvre devant nous, où les femmes et les hommes se rencontrent, se découvrent et se défient. Kylián explore les thématiques de l’intimité, du désir et de la relation entre les deux.
Des objets font partie intégrante de la danse de ces six couples : des fleurets prolongent les bras des hommes et des robes à paniers enveloppent les corps des femmes. Ils symbolisent le désir et la séduction.
Évidemment, ce joyau de la danse contemporaine acclamé mondialement se marie parfaitement avec les Concertos pour piano No 21 et 23 de Mozart.
L’œuvre débute sans musique, permettant au public de se concentrer sur six hommes qui manient l’épée sur le bout d’un doigt, sous le genou, autour du cou... Puis, un large tissu déployé par ces danseurs, du fond de la scène vers l’avant, nous fait découvrir les danseuses qui sont alors accompagnées des premières notes de Mozart.
J’avoue que j’ai eu un peu de difficulté à embarquer dans les quelques minutes qui ont suivi, alors que s’exécutent les 12 artistes. Leur ensemble laissait un peu à désirer, la coordination des mouvements n’étant pas totalement à point. Mais c’était la première. Souhaitons que les mouvements de chacun et chacune sachent être à l’unisson pour les prochaines représentations. Cette légère déception a cependant été vite oubliée.
Wow ! Quelle chorégraphie où chaque mouvement trouve place sur chaque note !
La partie des danseuses avec leur robe à paniers est ingénieuse et tire des sourires. Les lignes pures, parfois brisées, forment des mouvements saccadés, mais qui retrouvent la seconde suivante, leur liant. La sensualité est bien représentée par les corps à corps et les magnifiques pas de deux. J’aime la créativité de Kylián et son non-conformisme.
Le décor est minimal et les costumes, blanc cassé, vont parfaitement avec la pureté de ce ballet, laissant les corps presque à nu.
La deuxième œuvre s’intitule Tonnerre de silence du chorégraphe allemand Stephan Thoss. Elle est décrite comme une quête existentielle de la connexion entre l’homme et la nature, où la danse dialogue avec la puissance sonore des mouvements de trois concertos de Vivaldi.
Leurs corps sculptent l’espace, s’imprégnant des dimensions émotionnelles et spatiales de la musique baroque. Tonnerre de silence dépasse ainsi le simple spectacle pour devenir une expérience méditative, qui continue de résonner bien au-delà du dernier accord.
J’aurais dû comprendre entre les lignes ce qui était indiqué dans le programme : « Délaissant toute narration linéaire, Thoss préfère tisser un canevas où huit danseurs, quatre hommes et quatre femmes se métamorphosent en instruments vivants. » Car sincèrement, cette œuvre n’est pas du tout venue me chercher. Peut-être était-ce trop contemplatif ? Je cherchais à comprendre ce qui se passait devant moi. En vain. Cependant, la vision introspective de Thoss sur la relation profonde et fragile entre l’humanité et l’environnement a provoqué chez moi ce questionnement (parmi plusieurs autres) : avais-je la capacité d’introspection moi aussi ?
En tout cas, ce n’est pas du tout mathématique comme chorégraphie, contrairement à ce à quoi on venait d’assister avec Petite Mort.
Le décor est ingénieux, les costumes représentent bien la nature et l’Humain. Quant à l’environnement sonore, le fait que les concertos de Vivaldi alternent avec des sons de tonnerre, de bruissement d’ailes d’oiseau en vol, de vent, a contribué à me garder hors de l’émotion. La météorologue que je suis a eu beaucoup de difficulté à être touchée émotionnellement par Tonnerre de silence.
On retrouve dans le troisième numéro (qui précède un entracte d’une vingtaine de minutes) la créativité de Jiri Kylián. Il a travaillé cette fois sur la musique de Mozart nommée Sechs Tänze écrite en 1789. La pièce, qui se traduit par Six pièces, juxtapose le ludique et le poignant, la légèreté et la profondeur révélant à travers le prisme d’une façade comique, la complexité d’une époque révolue. Rappelons-nous le contexte tumultueux de la fin du XVIIIe siècle, avec ses guerres et ses révolutions en Europe. C’est ce qu’en dit le programme.
Je vous avoue qu’encore ici, Kylián sait nous surprendre. Pour ma part, il m’a ramenée à vitesse grand V dans le moment présent du spectacle. J’ai adhéré à cet univers qui démontre cette facette espiègle, légère et amusante de la danse.
Il faut dire que les costumes y contribuent grandement : les hommes ont des pantalons trois-quarts blancs, les femmes, des robes simples de même teinte. Leur visage est enduit de poudre blanche et sur leur tête, sont installées des perruques qui mériteraient un coup de peigne ! Les expressions des danseurs et danseuses relèvent du théâtre. Quels artistes complets que ceux du domaine de la danse !
On est dans un univers burlesque où le chorégraphe explore la séduction, le drame, la trahison, les secrets non gardés, etc. Et les mouvements, les enchaînements vont tellement bien avec la folie de Mozart. Quel contraste avec le ballet précédent.
Kylián utilise les épées et les robes de Petite Mort avec une inventivité renouvelée. La mise en scène avec ses effets spéciaux contribue aussi aux situations comiques. Maintes fois, on entend le public éclater de rire ; à la fin, en plus d’applaudissements chaleureux, il se lève d’un trait pour offrir aux danseurs une ovation bien méritée.
La surprise, l’humour et l’intelligence de cette œuvre me font réaliser que j’adore ce chorégraphe. La danseuse en moi aurait tellement aimé danser Kylián ! Ce ballet est un bonheur à regarder, il est rafraîchissant, recherché et amusant.
Le chorégraphe américain Garrett Smith a mis des mouvements sur la Symphonie no.5 de Beethoven pour créer Complete, une œuvre grandiose où près d’une trentaine de danseurs et danseuses se retrouvent sur scène. Cette composition emblématique dite Symphonie du Destin, écrite par Beethoven entre 1805 et 1807, est une célébration de la destinée, de l’affirmation et de la découverte de soi. Smith célèbre la singularité de chacun et la force de l’acceptation de soi : une ode à la différence et à la liberté retrouvée alors que « le destin frappe à la porte » et que tombent les masques, nous explique le programme.
Complete illustre la capacité du ballet à transcender les époques et les genres, capturant la puissance et le motif sur cette suite de quatre notes si bien connues de Beethoven : pa-pa-pa-pammmm.
Le rideau se lève sur une scène remplie de danseurs de noir vêtus. L’arrière-scène et les coulisses sont définies par un grand rideau fait de fils permettant une séparation subtile à travers laquelle les artistes entrent et sortent.
J’ai tout simplement A-DO-RÉ ce ballet ! Il est d’une énergie contagieuse, évidemment transporté qu’on est, par la célèbre musique et aussi par les mouvements qui n’arrêtent jamais. C’est un feu roulant sur scène. Autant les parties d’ensemble (dont les mouvements sont cette fois parfaitement coordonnés !), que les duos, les trios, les quatuors. Les portés sont acrobatiques, magnifiques, racés. La technique de ballet classique est digne de virtuoses. Quels artistes à l’immense talent !
Les ballerines chaussent leurs pointes, pour la première fois de la soirée ; ça me donne le goût de porter les miennes !
On comprend bien ce qu’a voulu représenter le chorégraphe : une exploration dynamique de l’individualité et de la liberté. Un ballet inclusif, axé sur la diversité, l’acceptation de soi et de l’autre. J’ai lu que Garrett Smith réalise des chorégraphies intuitives, que sa mise en scène est créative et son approche, visionnaire. C’est totalement ça. On sent qu’il aime traiter de l’identité humaine et de la réflexion personnelle. Il semble qu’il s’inspire principalement de l’artiste devant lui, en créant des mouvements sur mesure qui permettent de surligner les forces de l’artiste et de mettre en lumière le meilleur de chaque individu.
L’ai-je dit ? Quelle œuvre grandiose autant par ce qu’on voit que par la philosophie derrière cette création.
Évidemment, l’Orchestre des Grands Ballets sous la direction de Dina Gilbert apporte un grand plus à cette soirée. Autant pour les danseuses et les danseurs sur scène que pour le public dans la salle, la présence d’un orchestre dans la fosse plutôt qu’un enregistrement audio est un élément qui magnifie le spectacle. D’ailleurs, cet orchestre comprenant 43 musiciens, musiciennes et solistes de haut niveau, fait partie depuis plus de trente ans, du succès des Grands Ballets.
Cette soirée m’a procuré du bonheur et de la joie. Je la conseille à toutes et tous, autant à un public connaisseur qu’à celui qui découvre la danse. Les prochaines représentations sont du 13 au 15 septembre à la Salle Wilfrid Pelletier.