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Paru le 21 mai, Les Disgracieuses de Claudia Larochelle, tisse avec maestria des récits poignants inspirés de la propre vie de l'autrice. Une lecture qui fait aussi mal qu’elle fait du bien.
En trois temps, Les Disgracieuses présente différents textes inspirés de la vie de l’autrice, Claudia Larochelle. Mariant le fictif au réel, ces récits traitent de manière vulnérable et touchante de relations amoureuses, de sororité, de craintes, de sexisme, de carrière journalistique, entre autres.
On plonge avec facilité dans ces trois univers qui s’entremêlent et se complètent; celui d’une adolescente fréquentant un collège de sœur, celui d’une journaliste qui tente de faire sa place dans un milieu souvent sans pitié, et dans celui de l’amante, de l’autre femme. Les Disgracieuses n’est pas un roman avec une linéarité précise; on y navigue plutôt d’une réflexion à l’autre pour former un tout cohérent ensemble, même si le fil qui les rattache peut sembler décousu.
Difficile, en tant que jeune journaliste, de ne pas se sentir fortement interpellé par le second récit des Disgracieuses. Claudia Larochelle retrace des passages marquants, pour le meilleur et pour le pire, de sa carrière de journaliste. Elle effleure d’un regard critique une réflexion sur le besoin du milieu d’aller toujours plus vite, de parvenir à (presque) tout prix à être le premier média à faire paraître une nouvelle.
Mais ce sont ses descriptions du sexisme systémique du milieu qui frappent le plus fort dans ce deuxième chapitre. Des superviseurs aux mains baladeuses aux demandes de se taire à la suite de comportements déplacés, l’autrice dénonce une culture toxique qui, espère-t-elle, a changé dans le monde des médias québécois. Souhaitant faire partie de la dernière génération des «crucifiées au travail», Claudia Larochelle exprime aussi le désir que cette section du livre soit une certaine mise en garde aux générations de femmes qui la suivent.
Parler d’abus et de traumatismes, surtout d’une manière aussi intimiste, peut être une chose délicate. Cependant, elle trouve le moyen de rendre l’inconfortable tant poignant que pertinent; on n’étale pas des horreurs par envie de choquer, mais on y dépeint une réalité qui mérite, même après #metoo, d’être encore et encore mise en lumière.
En tant que femme, en tant que jeune adulte, en tant que journaliste, des phrases, lignes, pages m’ont serré le cœur. Il devient facile de se retrouver dans des passages que je me suis retrouvée à relire. Écrire avec tant de justesse, de précision et de doigté des épreuves si inhumaines n’est pas chose simple, et montre la capacité extraordinaire de l’autrice de manier les mots et le storytelling.
Le troisième volet du livre m’a également profondément interpellé. On y amène des questionnements sur les relations amoureuses, particulièrement celles toxiques ou qui mènent à se dévouer éperdument pour quelqu’un qui n’en ferait jamais de même.
«M’enserrer dans ce corsage porté depuis la nuit des temps par tellement d’autres disgracieuses, étouffant l’envie d’être aimée au fond de ma gorge jusqu’à couper le souffle», écrit l’autrice, décrivant avec brio ce sentiment étouffant et irrésistible qu’amène un amour pour quelqu’un qu’on ne peut avoir.
Sans savoir quelles lignes sont véridiques à la vie de l’autrice, toutes sonnent sincères et objet à résonner à la réalité d’un lecteur. Un quelque 130 pages exquis et prenant du début à la fin, une courte lecture qui risque de me suivre longtemps. Informations sur le livre ici.