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Le garçon d’encre de l’auteure Marie-Christine Chartier, paru aux Éditions Hurtubise, est en librairie depuis août 2024. Maxine apprend que son père, illustre auteur reconnu, est décédé et elle doit retourner dans son village natal du Lac-Saint-Jean pour assister à ses funérailles et faire face à ses vieux fantômes.
Alors que Maxine croyait n’y retourner que pour peu de temps, voici que son père exige qu’elle demeure dans leur maison pendant deux mois avec un certain Alex qu’elle ne connaît même pas pour avoir droit à son legs.
« Mon père a passé sa vie à rater les occasions de réparer les choses. Je vois pas pourquoi ça changerait aujourd’hui. »
Effectivement, pourquoi les choses changeraient maintenant que Maxine est orpheline et a refait sa vie depuis quelques années ? Elle a quitté son village, ses amis, son père il y a 6 ans lors du décès de sa mère. D’une seule voix, Maxine se livre à nous, se raconte à travers son passé et son présent, oscillant entre la petite fille qu’elle était, l’adolescente et la femme.
Maxine n’avait plus de contact avec son père. Le silence borné de celui-ci n’avait semé qu’une discorde absolue. Ni père ni fille n’avait de mot pour se retrouver dans le temps. Maxine lui en veut, lui en a toujours voulu, de ne pas avoir été une présence réconfortante pour elle. Elle n’a jamais trouvé lumière au bout du tunnel ni guide pour l’accompagner dans le mutisme de ses parents.
Ce qu’on n’affronte pas nous suit. Le choc de ce retour dans le passé qui frappe aussi fort que le présent est difficile à encaisser. Maxine doit réapprivoiser cette maison qu’elle a quittée, les gens qu’elle a fuis, eux qui ne sont jamais partis de leur village, et ce lac derrière sa maison qui reflète le passé avec inquiétude.
Elle sait que l’âme de sa mère habite toujours les lieux, l’espace, le temps. Elle sait qu’elle retrouvera dans les murs de sa maison des souvenirs qu’elle a voulu dissoudre avec la distance, mais qui sont demeurés intacts, indélébiles. Si elle reproche le silence à son père, elle peut y voir ses propres peurs, ses propres combats, ses propres failles.
« Cet héritage, c’est comme une promesse de néant éternel, une montagne d’argent, à défaut de moments partagés ensemble, des occasions perdues à jamais. »
Pourquoi son père lui impose-t-il de rester dans cette demeure avec un inconnu ? Qui est cet Alex, sinon un élément catalyseur à ses peines à elle ? Peut-on se reconstruire sur un sol houleux, déviant, un sol dont les racines ne font que tenir maladroitement la vie ? Et si à force de retourner la terre et de la dépouiller de ses racines mortes, la vie reprenait ses droits, repoussait dans une terre nouvellement défrichée ?
« Longtemps, j’ai pensé que leur histoire était l’apogée du romantisme. Une ballerine, un aspirant écrivain, une ville où tout est possible, la barrière de la langue, l’amour comme communication universelle. Avec du recul, je me demande s’ils étaient réellement destinés l’un à l’autre. Est-ce vraiment de l’amour que de fuir la souffrance de la personne qu’on aime, comme Peter l’a fait pendant des années avec ma mère ? »
La mère de Maxine souffrait de maladie mentale, maladie qui a envahi la demeure comme une immense courtepointe brodée de souffrance. Très jeune, Maxine a voulu protéger sa mère, prendre soin d’elle comme une frêle rose dont les épines abîmaient sans faire exprès la corolle.
« J’ai souvent comparé ma mère à une journée d’été caniculaire. Le soleil éblouissant, la chaleur bienveillante, avec le tonnerre qui gronde au loin, la menace d’un orage. Toute sa vie, ma mère a lutté contre la tempête. Elle tentait de garder sa lumière en dépit des nuages sombres qui voulaient la voiler. »
La maison de Maxine et de ses parents prend toute la place dans l’histoire. Elle est un lieu où les fleurs ont poussé et où elles sont mortes. Pour qu’une fleur renaisse, on ne doit pas seulement changer le pot, il faut surtout changer sa terre. Et lorsqu’on se sent bien en soi, on se sent bien partout. Mais fuir sa maison, sa douleur, dans l’ignorance de ses maux et de ses peines, nous ramènera tôt ou tard à revenir sur nos pas, à revenir vers ce lieu, ces personnes qu’on a fuies.
Peut-être que son père avait pressenti que, sans retour dans son passé, dans les mots fermés et les lieux brisés, Maxine ne pouvait pousser. Il lui avait jadis offert un toit, une maman, mais la maladie aura tout emporté de lui et de sa fille. La maison a recueilli les émotions enfouies et non résolues. Le miroir des souvenirs. Il y a le piano qui raconte leurs histoires, la chambre figée dans le temps, le lac qui coule, les saisons qui viennent et qui passent.
« Je ne me suis jamais permis d’en vouloir à ma mère pour son geste. Je l’avais placée sur un piédestal, peut-être parce que c’était déjà assez dur d’accepter son choix sans avoir à être fâchée contre elle en plus. Mais à Peter, je n’ai rien épargné de ma révolte, de ma rancœur. À mes yeux, il m’avait abandonnée tout comme ma mère avant lui et je l’ai repoussé pour ça. »
En quittant son patelin, Maxine a cru échapper à ses racines. Mais celles-ci l’ont suivi. Le sol mouvant de sa vie ne cesse de l’attirer vers le bas depuis. Alors elle s’est accrochée à des chimères. Elle ne s’est engagée auprès de rien ni de personne. Puisque son père n’avait pas les mots, peut-être qu’Alex aura assez d’encre pour corriger et écrire la suite de leur histoire, à elle et ses parents.
« Parce qu’il sait ce que ça fait de perdre un parent quand on est jeune, ce que ça fait d’en avoir encore un, mais de grandir comme si cette personne était une étrangère et puis de la perdre aussi. Sa vie est un miroir de la mienne. Il comprend ce que c’est de se réveiller au milieu de la nuit et de savoir qu’on a plus de famille, le genre de solitude que peu de gens connaissent à notre âge, une solitude irréversible. »
Alex apportera l’encre qui s’est asséchée dans le cœur de Maxine et de son père. Il sera le phare, celui qui guide et accueille. Bien que prostrés dans des rôles secondaires, les personnages qui gravitent autour de Maxine sont tous importants dans son histoire. L’auteure nous offre une histoire poignante et profondément humaine dans Le garçon d’encre.
Le livre est disponible aux Éditions Hurtubise.