Hier soir avait lieu à la Place des Arts Mixtape : Un hommage musical à Jean-Marc Vallée. Amis ainsi que collaborateurs du réalisateur et mélomane se sont réunis à la salle Wilfrid-Pelletier pour saluer son départ, survenu le 25 décembre 2021 à la suite d’un arrêt cardiaque. Alexandra Stréliski, Beyries, Elisapie, Martha Wainwright, Patrick Watson et plusieurs autres ont célébré avec cœur le grand homme du cinéma.

La scène de la Salle Wilfrid-Pelletier avait des airs de studio d’enregistrement confortable, garni d’un divan et de grands tapis. La mise en scène de l’évènement était signée Marc-André Grondin alors que la direction artistique revenait à Beyries et Alex Vallée (le fils du réalisateur). Malgré l’ampleur du spectacle, une atmosphère conviviale de douce fête régnait à la Place des Arts.

La soirée a débuté avec une performance de Beyries interprétant Harvest Moon de Neil Young. La musicienne nous a confié que le réalisateur s’identifiait tout particulièrement au refrain de cette chanson. Tout au long du concert, les anecdotes des artistes étaient ponctuées d’extraits audio de conversations avec Jean-Marc Vallée.

Suivait l’illustre Martha Wainwright, éblouissante de lumière. Vêtue d’une combinaison aux couleurs de la Voie lactée, la musicienne a enchaîné la groovy What a Difference a Day Makes de Dinah Washington, succédée de son incomparable pièce Bloody Mother Fucking Asshole. Les frissons étaient au rendez-vous. La voix troublante et pleine de vulnérabilité de l’artiste, s’accompagnant à la guitare, a couvert mes bras de chair de poule.

Se sont succédé Pierre-Luc Brillant, Maxime le Flaguais et Alex Vallée, interprétant respectivement l’emblématique Space Oddity de David Bowie (chanson phare du film C.R.A.Z.Y. réalisé par Jean-Marc Vallée en 2005), une version spoken word de Hier Encore de Charles Aznavour puis I’m Losing You de the Temptations. Pierre-Philippe Côté aka Pilou a livré une version minimale, guitare et clochettes, de la pièce River de Bishop Briggs. Le musicien et ses choristes ont conquis la foule, armés de leur désarmante sincérité.

Alexandra Stréliski s’est assise au piano, pour nous parler de sa toute première rencontre avec Jean-Marc Vallée. Autour d’une délicieuse salade fattouche, le cinéaste et la musicienne discutaient. Stréliski lui aurait avoué penser préférer la bouffe à la musique. Vallée lui aurait répondu penser préférer la musique au cinéma. Stréliski a joué ses compositions puis conclut sa courte apparition avec une reprise bouleversante de Creep de Radiohead, accompagnée des Petits Chanteurs du Mont-Royal. Les Petits Chanteurs sont restés sur scène pour ensuite rejoindre Patrick Watson. Ce dernier a évoqué ses rencontres avec le réalisateur de Café de Flore, mentionnant l’idée d’ensemble mettre sur pied une comédie musicale qui n’aura malheureusement jamais vu le jour. Watson a performé son émouvante chanson The Great Escape avec toute la virtuosité qu’on lui connaît.

La splendide Elisapie vêtue d’un haut scintillant, a proposé sa version de la très suave Crazy de Patsy Cline. Suivait sa pièce chantée en Inuktitut Navvaatara. Elisapie a hypnotisé la foule, usant de son charisme et de sa voix si singulière. Elle a remercié Jean-Marc Vallée d’avoir cru en la musique d’une «fille du nord». 

Le concert s’est clôturé par un retour sur scène de l’ensemble des musiciennes et musiciens, incluants percussionnistes, violoncellistes, pianistes et j’en passe. L’intention derrière l’évènement d’hier soir était de créer un party qui aurait plu à Vallée, en y incorporant ses chansons préférées. Un grand défi relevé avec brio! Retrouvez toute notre couverture du Festival International de Jazz de Montréal sur ce lien.