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Après un premier arrêt le vendredi 5 juillet au Théâtre Jean-Duceppe pour le concert de Makaya McCraven, l’aventure prenait fin pour moi samedi après-midi, avec l’éclectique musicien anglais Shabaka au Gesù et samedi soir au Club Soda avec le légendaire guitariste malien Vieux Farka Touré!
En fin d’après-midi, nous avions rendez-vous avec une sommité du jazz contemporain mondial qui nous venait d’Angleterre: Shabaka. Saxophoniste de génie, fondateur et leader musical de Sons of Kemet, l’un des combos les plus importants du jazz de ces 10 dernières années, membre éminent du supergroupe The Comet is Coming dans lequel il fusionnait electro et jazz avec son saxophone endiablé : Shabaka Hutchings est une légende vivante du jazz et une icône de cette fameuse scène jazz londonienne qui n’en finit plus, depuis une dizaine d’années maintenant, de nous surprendre.
Énième surprise donc: Shabaka s’est résolu depuis 1 an à ranger définitivement son saxophone. Il n’en a plus joué en public depuis fin 2023, ce qui est une éternité pour un artiste qui faisait des tournées aussi longues que fréquentes.
Tout cela dans le but de se lancer dans l’expérimentation d’instruments à vent inédits s’apparentant à des sortes de flûtes: certains de ces instruments sont très anciens et remontent à l’ère maya, d’autres viennent du Brésil ou encore, de la région slave d’Europe de l’Est, d’autres instruments ont été diggés par lui au fin fond de l’Afrique de l’Ouest, etc.
Toute cette aventure a trouvé son aboutissement en avril 2024 avec la sortie de l’album Perceive Its Beauty, Acknowledge Its Grace où le nouveau Shabaka nous laissait entendre le résultat des ces explorations: des pistes contemplatives, méditatives, un son presque en lévitation.
Une trajectoire artistique qui rappelle André 3000 d’Outkast, autre musicien qui a totalement changé lui aussi d’univers musical en passant du rap à la musique instrumentale méditative à base de flûtes. D’ailleurs, dans cet album, il y a une piste où les deux artistes collaborent!
Après l’avoir admiré sur scène dans le cadre de ces deux derniers projets, notre question samedi avant le lever de rideau était donc: que va donner le nouveau Shabaka en concert?
Dans le décor ultra intimiste du Gesù — excellent choix de salle pour un concert pareil! —, on avait vite la réponse. Shabaka prenait beaucoup de temps entre les morceaux pour nous expliquer l’histoire et la provenance de l’instrument qu’il jouait — il en a changé une bonne dizaine de fois —, sa philosophie d’artiste quant à l’obligation d’expérimenter et de ne jamais se reposer sur ses lauriers, etc.
C’est donc un Shabaka zen et assagi qu’on avait devant nous. Preuve en est: une harpe était présente sur scène. Coïncidence amusante: l’instrument était joué par la même musicienne ayant performé la veille avec Makaya McCraven. Notons qu’un bon tiers des pistes musicales jouées devant nous était l’œuvre unique de Shabaka. Pendant ce temps, le reste des musiciens ainsi que le public étaient dans un état de flottement entre la méditation et la rêverie consciente… Jusqu’aux limites de l’ennui peut-être?
En tout cas, certains spectateurs ont choisi de quitter le concert avant la fin. Un artiste libre est un artiste qui expérimente jusqu’au point parfois d’en dérouter ses plus grands admirateurs. Mais, c’est justement pour ça qu’on admire un artiste, n’est-ce pas? En tout cas, Shabaka n’est pas le premier de cette liste (pas si longue que ça finalement) et nous espérons vraiment qu’il ne sera pas le dernier.
Le temps de marcher entre le Gesù et le Club Soda, me voilà déjà au dernier concert auquel j’assiste pour cette édition du FIJM pour Vieux Farka Touré, guitariste malien qui joue un blues rock du Sahara inspiré fortement des tables de loi du genre qu’a fondé son père, le regretté et légendaire Ali Farka Touré.
Juste avant le début du spectacle, le FIJM en la personne de son co-fondateur André Ménard a remis le Prix Antonio Carlos Jobim à Vieux Farka Touré en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à ce qu’il est convenu d’appeler les musiques du monde.
Devant un Club Soda à guichets fermés, M. Ménard a lui aussi, à cette occasion, rappelé le fait que «le Jazz avait été créé dans le Sud des États-Unis par un peuple qui n’avait pas demandé à y être» insistant ainsi sur le rôle primordial que l’Afrique subsaharienne a joué dans l’évolution de l’héritage musical international que ce soit dans le rock, le blues et bien entendu, le jazz.
Visiblement ému et touché par cet hommage, Vieux Farka Touré démarra tout de go sa performance indiquant sur le ton de l’humour, comme pour essayer de cacher l’émotion que lui procurait cette consécration, qu’il était «chanteur et non parleur».
Le décor était posé, l’ambiance de la salle déjà chaude devenait incandescente et nous voilà partis pour un spectacle conçu pour mettre en vedette la dextérité de VFT à la guitare, accompagné par son groupe: un percussionniste dont le charisme est notable et dont la complicité sous forme de badineries perpétuelles avec le leader est amusante à regarder, un batteur dont le jeu est fortement groovy et entraînant ainsi qu’un bassiste dont la présence sur scène est discrète, mais dont le jeu est carré.
Le concert commence avec une série de morceaux planants et hypnotisants à l’image de ceux présents sur le succès intemporel et majeur de Ali Farka Touré, Talking Timbuktu, album en duo avec Ry Cooder, sorti en 1995 et qui a valu au paternel un Grammy Award (il en a gagné 2 autres ensuite), Vieux Farka Touré accompagné de sa guitare acoustique et sa voix pure et perçante nous a transportés tout droit dans le désert malien.
Trêve de rêveries: Vieux Farka Touré nous prévient au bout de 30 minutes que ça va bouger et qu’il fallait se préparer désormais à danser! Changement de guitare: l’acoustique quitte la scène remplacée par l’électrique et nous voici plongés dans un jeu de guitare que n’aurait pas renié Jimi Hendrix ou Carlos Santana. Un mix enflammé entre musique malienne et rock américain. Il y avait véritablement de l’électricité dans l’air! Le public n’en finissait pas de danser, Vieux Farka Touré témoignait du fait qu’il adorait l’énergie de la salle… On assistait clairement à un coup de foudre entre l’artiste et son public montréalais! Voir autant d’amour partagé nous a fait du bien. Beaucoup de bien, passionnément, à la folie!
Ces deux derniers jours du FIJM ont montré la diversité et la richesse des musiques afrodescendantes. Makaya McCraven a offert un concert innovant et émouvant, Shabaka a pris un virage artistique audacieux et introspectif, et Vieux Farka Touré a clôturé le festival avec une performance électrique et mémorable. Sur ce: vive l’Afrique et à l’année prochaine, FIJM! Retrouvez toute notre couverture du Festival International de Jazz de Montréal sur ce lien.