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Présentée au Théâtre La Licorne et coproduite par La Bordée, le Théâtre Niveau Parking et Simoniaques Théâtre, Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis de Simon Boudreault, dresse avec mordant un portrait kaléidoscopique de notre société à travers une série de tableaux comiques et percutants.
On y découvre, entre autres, une famille qui cherche à exclure un oncle problématique du centième anniversaire de leur doyenne, un homme qui propose ses services d’ami à louer dans une version tarifée et minutée de l’affection, ou encore une scène savoureuse où des parents, fraîchement initiés au puppy play, s’étonnent du jugement de leurs enfants – l’un homosexuel, l’autre en trouple – eux qui pensaient pourtant avoir prêché par l'exemple en matière d’ouverture d’esprit.
Par ces situations à la fois cocasses et révélatrices, la pièce nous tend un miroir drôle et troublant et interroge subtilement nos contradictions.
En une douzaine de tableaux courts, présentés en un seul acte, Simon Boudreault plonge dans les tensions sociales et culturelles qui traversent notre quotidien. Accommodements raisonnables, quête identitaire, polarisation du discours public, obsession de la performance, mais aussi intelligence artificielle, recherche de sens et difficulté à communiquer : les thématiques abordées sont nombreuses, mais traitées avec une légèreté maîtrisée qui n’ôte rien à leur pertinence.
Loin d’une accumulation, la pièce offre une structure claire et fluide qui permet à chaque saynète d’exister pleinement. L’écriture, précise et ironique, s’amuse des travers de notre époque tout en évitant le piège du jugement moralisateur.
Entre observation fine et introspection douce-amère, Simon Boudreault dissèque avec acuité les dynamiques de nos échanges quotidiens. Chaque tableau devient une sorte de micro-étude sur les mécanismes de communication, les non-dits et les débordements de pensée qui nous échappent. Qu’il s’agisse d’un admirateur un peu maladroit qui aborde une autrice dans un café et l’analyse à une échelle déstabilisante, d’une rencontre parent-enseignant en apparence banale qui tourne au vinaigre ou de la location d’un ami, toutes ces scènes basculent rapidement dans l’absurde, dévoilant le comique du réel et traduisent au fond notre besoin maladroit et maladif de tisser des liens, de trouver sa place.
Les comédiens se glissent tour à tour dans les rôles principaux ou deviennent observateurs, vêtus de blouses blanches comme s’ils animaient une expérience sociologique grandeur nature. À la manière d’un laboratoire humain, la pièce prend un malin plaisir à pointer l’ordinaire pour en révéler le potentiel de folie (ou la folie du potentiel). Les didascalies prononcées à voix haute comme pour immerger le spectateur aux confins de ces analyses sociétales, toujours bien rythmées, jouent le rôle de moteur narratif tout en ajoutant une touche d’humour.
La mise en scène de Lorraine Côté se distingue par son rythme soutenu et sa lisibilité. Elle multiplie les changements de décor sans jamais perdre le spectateur en cours de route. Le parti pris de la simplicité – pas de surenchère visuelle ni de gadgets superflus – permet au texte de respirer et aux situations de prendre toute leur place. L’univers scénique, à la fois sobre et expressif, facilite l’immersion immédiate dans les situations proposées. Chaque tableau s’ouvre comme une petite porte sur une réalité déformée, mais toujours reconnaissable, ce qui renforce l’effet comique autant que la portée critique.
Par ailleurs, la distribution — composée de Marie-Josée Bastien, Charles-Étienne Beaulne, Simon Boudreault, Gaïa Cherrat Naghshi et Hugues Frenette — brille par sa polyvalence. Chaque comédien et chaque comédienne endosse plusieurs rôles avec aisance, donnant corps à une galerie de personnages tantôt ridicules, tantôt touchants, mais surtout, toujours justes. L’interprétation, portée par une énergie collective palpable, ajoute au plaisir de suivre cette succession de scènes à la fois absurdes et révélatrices.
Je dois l’avouer : Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis m’a happée dès les premières minutes. Les thèmes abordés étaient, à mon sens, au point – terriblement d’actualité, pertinents, et abordés avec une rare intelligence. J’ai trouvé la mise en scène à la fois simple et bien pensée, jamais trop chargée, mais toujours juste. Elle m’a gardée captivée tout au long du spectacle. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est cette capacité à entrer très rapidement dans chaque nouvelle situation. Les transitions sont fluides, les intentions claires, et la direction d’acteurs remarquable. Peu importe le rôle, chaque comédien est brillant. On sent une maîtrise du jeu et un plaisir de jouer qui rejaillit sur le public.
À la sortie, je n’avais qu’une envie : me procurer le texte (paru le 31 mars chez Dramaturges Éditeurs) pour revisiter ces scènes qui font rire autant qu’elles font réfléchir. C’est une œuvre que je relirai sûrement, et dont je reparlerai longtemps.
La pièce Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis est présenté au Théâtre La Licorne jusqu'au 1er mai 2025.