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Le scénario du film s'inspire à la fois du vécu du cinéaste dont le père est maniaco-dépressif et du récit autobiographique L'Intranquille, de Gérard Garouste. Leila et Damien (les personnages portent les mêmes prénoms que les acteurs) s’aiment profondément. Il est peintre et elle est canneuse rempailleuse. Malgré la fragilité de Damien, il tente de poursuivre sa vie avec Leila sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire. Leila, quant à elle, essaye de continuer son rôle de mère et d’épouse malgré l’avant, le pendant, et l’après des crises de Damien, qui vont la pousser à bout.
Le film est clairement porté par les performances des acteurs, qui sont surprenantes de justesse et d’émotions. Damien Bonnard nous scotche par son authenticité d’interprétation, jusque dans ses moindres faits et gestes. Pour préparer son rôle, en plus de prendre 14 kilos, l’acteur précise : « J’ai passé beaucoup de temps à Sainte-Anne avec un docteur spécialiste des maniaco-dépressifs. J’ai également travaillé avec une psychiatre qui m’a permis de rencontrer des patients qui souffraient de ça. J’ai lu des livres, notamment ceux de Gérard Garouste ».
La séquence d’ouverture place d’ores et déjà le contexte : Damien nage des heures en laissant son enfant d’une dizaine d’années sur son bateau en pleine mer. Une fois chez eux, il passe la nuit à réparer un vélo avant de se rendre en ville, à l’aube, puis passe la journée entière à cuisiner avec beaucoup d’intensité et d’hyperactivité. Cela fait maintenant plus de deux jours que Damien n’a pas dormi. Rapidement, nous comprenons que la condition de Damien va mener cette famille à travers plusieurs obstacles et embarras, malgré tout l’amour qu’ils se portent les uns aux autres.
Le film balance intelligemment la descente aux enfers de Leila et d’Amine, le fils, contre les moments d’euphorie de Damien, qui mettent en lumière ses élans de création artistique. Il faut savoir que Damien Bonnard a fait les Beaux-Arts de Nîmes avant de se lancer dans sa carrière cinématographique. Son expérience lui a permis de travailler avec le peintre référent du film, Piet Raemdonck, en passant plus de trois semaines avec lui et en peignant à quatre mains les toiles présentes dans le film.
Certains passages, de toute beauté, montrent avec brio la relation amour-haine qui lie Damien à Leila, mais aussi Damien à Amine, son fils (joué avec aisance par le jeune Gabriel Merz Chammah, petit-fils d’Isabelle Huppert). Joachim Lafosse parvient à représenter, tout en nuances, les failles des personnages, et la sincérité de leurs rapports. Leila Bekhti surprend également dans un registre où nous la connaissions moins, et brille dans le rôle de cette femme, à bout de forces, mais amoureuse, peu importe ce que cela va lui coûter, au prix de sa propre santé mentale.
Malgré de fortes émotions, la caméra, pudique, est toujours assez éloignée des personnages, nous laissant la chance de respirer dans les différentes étapes de crises que traversent Damien et son entourage. La musique, quant à elle, accentue les émotions avec éclats, sans pour autant tirer dans le pathos. Le film réussit à nous maintenir dans une intensité et une immersion totale, pour comprendre au maximum ce que vivent les personnages, leurs fatigues et leurs difficultés, qui sont palpables.
Déchirant, sincère et beau, ce drame est porté par ses personnages. Il peine néanmoins à nous convaincre dans son récit, qui est parfois redondant et qui nous a laissés sur notre faim (et fin). Mais, peut-être, est-ce ça, après tout, de vivre avec un maniaco-dépressif en crise : une récurrence des actes et des moments de vie, sans conclusion ?