Le réalisateur français Eric Lartigau (La Famille Bélier) revient au cinéma après 6 années d’absence avec son nouveau film #JeSuisLà. Alors qu’on pourrait croire à une comédie romantique, nous découvrons rapidement un voyage initiatique, poétique et candide, sur le personnage principal, Stéphane (Alain Chabat). À mi-chemin entre Le Terminal (Spielberg, 2004) et Lost In Translation (Coppola, 2003), #JeSuisLà est une comédie tendre et humaine. 

Stéphane, restaurateur français vivant dans le Pays basque, la cinquantaine, mène une vie paisible. Ses clients, ses employés, ses deux fils semblent lui donner une vie relativement épanouie.

Mais rapidement, il réalise qu’il passe à côté de quelque chose : ses fils ne lui parlent plus vraiment, son assistante ne l’écoute jamais vraiment non plus, son ex-femme semble avoir refait sa vie, son restaurant est critiqué, et il accumule quelques regrets de jeunesse.

Entouré de coutumes et des décorations vieillottes depuis plusieurs décennies, il comprend alors qu’il ne s’est jamais vraiment écouté et décide de se lancer la tête la première dans la vie : l’aventure, l’inconnu et les impulsions !

En s’inscrivant sur le réseau social Instagram, il commence à échanger par hasard avec Soo, une jeune coréenne. Tombant numériquement sous le charme, Stéphane part la retrouver sur un coup de tête à Séoul, en Corée. C’est une fois arrivé à l’aéroport, qu’il va finalement faire face à un nouveau monde…

Le film se divise en trois chapitres

Tout d’abord la vie de Stéphane au Pays basque et l’acceptation de ce temps qui passe, sans jamais vraiment prendre le temps de s’écouter. Puis, c’est en échangeant virtuellement avec Soo qu’il va petit à petit apprendre à se connaitre, au même rythme qu’elle découvre ce restaurateur français. C’est finalement en partant à Séoul, que la deuxième étape du film commence.

Enfermé dans l’aéroport durant plus de 10 jours, Stéphane va aller à la rencontre des moindres recoins et personnages qui font de ce lieu de passage un lieu emblématique. Son immersion dans cette nouvelle culture nous laissera souvent sourire. Enfin, en quittant l’aéroport, Stéphane découvre Séoul, un personnage à part entière dans ce film, qui devient la troisième étape de ce voyage initiatique.

Ce n’est qu’au fur et à mesure de ses rencontres -et surprises- qu’il avancera et finalement aboutira à une re-naissance. 

La vie dans l'oeil des réseaux sociaux

#JeSuisLà nous offre également un point de vue très réel, et déjà vu, mais toujours plaisant à revoir, sur la capacité que nous avons aujourd’hui à nous créer une vie sur les réseaux sociaux et  aussi à interpréter -avec le moral du jour- ce que nous lisons et voyons sur nos écrans.

On comprendra rapidement que Stéphane s’invente son coup de foudre, un peu sorti de nulle part, pour fuir son quotidien. Son utilisation du réseau social est d’ailleurs esthétiquement bien intégrée au film.

De manière tendre et délicate, Lartigau met aussi en scène toute la difficulté qu’ont ces adultes qui n’ont pas vraiment évolué avec ces technologies à utiliser des réseaux sociaux. Photos, post, hashtag: Stéphane va rapidement étaler sa vie privée au monde entier sans s’en rendre compte jusqu’à devenir une star nationale ! 

Alain Chabat dans le rôle-titre est exceptionnel, comme à son habitude, et tient le film sur ses épaules avec l’interprétation de cet homme perdu, qui se cherche tout en étant au plus loin de ses racines.

Bien que Doona Bae (Cloud Atlas, Sympathy for Mister Vengeance) soit en tête d’affiche à ses côtés, ses trop courtes apparitions dans le film nous déçoivent. Elle reste une actrice hors du commun, qui en plus ici maitrise le français comme jamais, mais nous aurions aimé la voir davantage à l’écran pour vivre une histoire un peu plus passionnée avec Stéphane. 

Finalement, #JeSuisLà est un film sympathique, parfois tendre, parfois drôle, et souvent touchant, sur l’écoute et la découverte de soi, l’intégration dans une nouvelle culture et les illusions des réseaux sociaux. Toujours avec un Alain Chabat exceptionnel. En salle dès le 24 juillet, partout au Québec. Pour visionner la bande-annonce :