Présentée à Espace Libre du 12 au 30 mai, Violette est à la fois une œuvre de théâtre et de réalité virtuelle. C'est en 2018 que Catherine Bourgeois et Amélie Dumoulin, les deux autrices de la compagnie Joe, Jack et John ont choisi des comédiennes en situation de handicap intellectuel pour conter avec justesse l’histoire de ces femmes, trop souvent victimes d’abus sexuel.

Selon des statistiques policières parues en 2015 et collectées par la Secrétariat à la Condition féminine, on enregistrait 5 806 infractions sexuelles sur des personnes en situation de handicap. 87 % des victimes étaient des femmes.

Statistique Canada précise également qu’en 2004 « Les personnes ayant un problème de santé mentale ou une déficience intellectuelle enregistrent un taux de victimisation, ce qui inclut les crimes violents, quatre fois plus élevé que celui des personnes [qui n’en ont pas]. »

C’est en découvrant des chiffres similaires en 2015 que la directrice artistique Catherine Bourgeois décide d’aborder ce sujet particulièrement douloureux et peu documenté. Aux côtés par Amélie Dumoulin, co-fondatrice de la compagnie, elles cherchent alors à mettre en place un dialogue entre le public et ces femmes abusées.  

Photo : Michel St-Jean

Un projet de longue date

En 2018, alors qu’elle était en cours de création, la pièce a d’abord été présentée au public à l’occasion du festival OFTTA à Montréal puis à celui de foldA à Kingston en Ontario. Initialement prévue pour mai 2020, elle a finalement été repoussée à cause de la pandémie. C’est seulement mercredi 12 mai qu’elle a pu être interprétée dans sa version définitive au théâtre expérimental Espace Libre. 

Bien que conçue avant le début de la pandémie, la pièce est particulièrement bien adaptée aux règles sanitaires. Désinfectées à chaque représentation, trois chambres situées dans le studio du théâtre accueillent isolément ses visiteurs et visiteuses. À chaque début de séance, soit toutes les dix minutes, une des quatre actrices introduit le spectacle avant que la porte du cube se referme et que l’exploration virtuelle débute.

Un projet de longue date

Violette est campée en alternance par Stéphanie Boghen, Tamara Brown, Stéphanie Colle ou Anne Tremblay, trois actrices qui ont une déficience intellectuelle. La rencontre avec le personnage est déroutante de sincérité et de convivialité. À la porte de sa chambre, elle nous décrit son univers. On découvre alors la sombre histoire de la jeune femme en même temps que sa mystérieuse amie corneille. Au moment d’aborder le sujet plus intimement, elle nous invite à nous asseoir sur son lit. La couverture posée sur les genoux et un casque VR vissé sur la tête on part explorer des souvenirs si douloureux que Violette ne se sent pas capable de les raconter dans notre réalité. Tandis que l’on continue d’interagir avec notre nouvelle amie, la petite pièce s’étire et ses murs s’animent.

Photo : Michel St-Jean

La réalité virtuelle au service du propos

Ici, la réalité virtuelle est complètement au service du magnifique récit rédigé par Amélie Dumoulin. Pendant 17 minutes on investit la poésie qui habite l’esprit de Violette. Émus et renversés par son histoire, on est saisis par la confiance qu’elle nous accorde. Alors que le conte prend forme et on entre peu à peu dans la confidence en contemplant les forêts qui se dessinent sur les murs blancs.

En 2015, Caterine Bourgois avait donné des ateliers à des personnes handicapées à l’occasion du spectacle Je ne veux pas marcher seul qu’elle mettait en scène à l’époque. Aujourd’hui, la compagnie Joe, Jack et Jones franchit un pas de plus en intégrant quatre d’entre elles à son équipe. Au vu du résultat, on souhaite que cette initiative fasse des émules. 

> Violette est présentée en salle jusqu’au 30 mai 2021 au Théâtre Espace Libre.

Toutes les informations sur le site d’Espace Libre.