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Jusqu’au 22 juin à l’Usine C est présenté Vernon Subutex 1, adaptation du roman éponyme de Virginie Despentes, adapté et mis en scène par nulle autre que Angela Konrad. Profitant d’une brochette impressionnante de comédiens (Paul Ahmarani, David Boutin, Anne-Marie Cadieux et Violette Chauveau, pour ne nommer qu’eux), j’ose avancer que c’est LA pièce de l’année à ne pas manquer.
Cette satire sociétaire crue aux allures de comédie musicale policière ne fait que relever tous les meilleurs aspects de l'œuvre coup-de-poing de Despentes, portant ses spectateurs sur un feu roulant de trois heures qui passe en claquant des doigts.
J’ai mes réserves quand il s’agit d’adapter des romans au théâtre, car la ligne est mince entre rendre hommage au texte et profiter d’une belle plume pour s’asseoir dessus. L’erreur que beaucoup de metteurs en scène semblent faire est de tout miser sur des comédiens solides pour porter le texte, au détriment du reste. Angela Konrad démontre avec son Vernon Subutex 1 la recette parfaite d’un équilibre entre texte, jeu, et mise en scène.
Entrant dans la salle, j’ai sourcillé devant le décor: des meubles disposés devant une toile de projection évoquent un appartement banal. Pourtant, la mise en commun de ce décor avec les jeux d’éclairage, les projections, la trame sonore, m’ont complètement vendu. L’orchestration de tous les éléments est si recherchée, si professionnellement menée, qu’elle atteint des sommets rarement atteints. Il le faut, le nombre de personnages, de lieux et de sous-intrigues qui peuplent le livre est ahurissant, et loin de se rabattre à une coupe à blanc, Konrad présente une version tout aussi dense, et pourtant extraordinairement limpide.
Cinématographique, la pièce nous transporte tour à tour dans divers appartements de Paris, de Montréal et de Barcelone, dans ou devant une épicerie, dans la rue, à travers des milieux allant de la mezzanine de richard parisien à un taudis ignoble. Les projections, qui auraient pu être une béquille facile, sont détaillées au point de participer activement à la construction de l’intrigue, le spectateur saisissant instantanément quel genre de personnage habite cet endroit.
Puisque la pièce gravite autour de l’entourage d’une vedette rock décédée, il était impératif qu’elle se dote d’une trame sonore digne de ce nom! Naviguant entre le classic rock, le funk, le punk rock, le grunge et la pop, c’est presque une comédie musicale qui se déroule, chaque chanson venant donner sa couleur aux scènes et aux personnages, participant également à l’aspect immersif de l'œuvre, le mixage parfaitement dosé n’enterrant aucune réplique.
Bien que riche en vedettes du grand et du petit écran, j’admets que j’étais de facto conquise par la présence de Paul Ahmarani parmi la distribution. Je n’ai évidemment pas été déçue de le voir livrer avec brio ses rôles (au pluriel, car chaque comédien joue plusieurs rôles, sauf David Boutin incarnant Vernon), mais j’ai surtout été épatée de l’efficacité de l’entièreté des comédiens, dans absolument toutes les scènes.
Les personnages de Despentes marchent cette mince ligne entre réalisme et caricature, tous plus ignobles les uns que les autres et pourtant tous indéniablement humains. De la musulmane puritaine voilée à la brute néonazie, en passant par le batteur de femme et l’attachante sans-abri, les intentions et les nuances des personnages sont incarnées viscéralement.
Par le biais de textos projetés ou d’enregistrements se dégagent les non-dits et les tensions entre les personnages, alternant aux monologues qui, bien que tous excellemment joués, auraient pu ralentir le rythme. C’est avec humour que par moments on utilise des monologues internes sous forme d’enregistrements ou de projections textuelles du roman pour dénoter l’hypocrisie des relations humaines, les comédiens alors muets souriant bêtement, le public hilare.
Évidemment le sexe est omniprésent. C’est un peu la marque de commerce de Virginie Despentes, ex-prostituée et féministe radicale qui cause ouvertement de culture du viol, pornographie, et autres sujets chauds. Crue, mais pas déplacée, la mise en scène alterne à ce sujet entre sensualité et humour, poussant les comédiens dans un jeu très physique, allant se mettre dans toutes sortes de positions (littéralement et figurativement) allant du sexy au ridicule.