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La pièce Un si gentil garçon, présentée mercredi soir dernier à l'Usine C, n'a laissé personne indifférent... Les spectateurs ont quitté la salle visiblement ébranlés par son sujet épineux: la drogue du viol et ses conséquences. Retour sur la pièce, qui était agrémentée de pièces musicales très bien choisies, ainsi que d'une performance visuelle vraiment unique!
Le banquier déviant
Quelles excuses les malfaiteurs sous l'influence de substances illicites peuvent-ils présenter à leurs victimes inconscientes? C'est la question douloureuse que soulève cette pièce. Cette dernière est basée sur le roman Un buen chico de Javier Gutiérrez, paru en Espagne en 2012 (et traduit en français en 2013). Denis Lavalou a adapté et mis en scène la pièce, en collaboration artistique avec Cédric Dorier. Elle est une coproduction de trois théâtres: le Théâtre Complice de Montréal, ainsi que Les Célébrants et le Théâtre du Grütli, en provenance de Suisse.
Un si gentil garçon met en scène Polo, qui tombe par hasard sur son amie Bianca, après 15 ans. À travers la discussion, de vieux et sales démons refont surface, et il doit affronter son passé. Non seulement il a agressé sexuellement Bianca alors qu'elle était sous Rohypnol, mais il a aussi fait de même avec son « amoureuse » actuelle, Gaby... S'ensuit alors une mise en abyme, un peu à la manière d'Inception, où les souvenirs confus refont surface, imbriqués les uns dans les autres. Ils révèlent ainsi ses addictions et sa déviance... Cet ex-musicien « repenti », devenu banquier, veut à tout prix conserver son identité intacte, et a donc créé sa vie autour d'un profond et débilitant mensonge: cacher ces deux viols. Il veut éviter que Bianca ou Gaby ne l'envoient en prison, comme ce fut le cas pour son ami Nathan (qui s'adonnait à plusieurs perversités aussi). Ce thriller psychologique, qui se situe dans le milieu musical des années 90, attaque avec précision et sans tabou des sujets brûlants. À quel moment devient-on criminel? Où se situe la limite entre l'acceptable et l'infâme? Mais surtout... qu'est-ce que le consentement, vraiment?
Les dialogues sont extrêmement bien ficelés. Polo, interprété par Cédric Dorier, narre l'histoire au complet dans un micro, et le délaisse lors des dialogues. D'ailleurs, les personnages nous fixent parfois dans les yeux, à travers leurs dialogues, et Jean-François Blanchard (à gauche sur la photo), qui incarne un psychologue, est particulièrement saisissant!
Crédit photo: Roxane Labonté
Crescendo: l'attirance vers le néant
Trois musiciens ont créé des atmosphères très diversifiées. Tantôt inquiétantes, tantôt planantes, parfois langoureuses ou encore énergiques, elles ont fait plus qu'offrir un arrière-plan sonore. Jérémi Roy (claviers), Daniel Baillargeon (guitares) et William Côté (batterie) ont jonglé avec une quantité astronomique de pédales et d'effets divers, créant des bruits d'ambiance (noise). Ils ont joué bon nombre de reprises rock, punk ou grunge des années 90, de groupes tels que Jane's Addiction, les Pixies, ou encore Nirvana. Il était particulier de voir cet univers un peu marginal présenté dans un contexte littéraire!
L'effet de crescendo fut servi à quelques reprises avec brio... Les interprètes haussaient le ton, avec des citations frappantes telles que « Rien n'existe quand on est inconscient », ou encore « Qu'est-ce que tu veux que j'oublie, exactement? ». Et l'apoplexie éclatait ensuite, laissant la salle dans un silence total vraiment déstabilisant! Très finement mené et vraiment troublant.
Voici d'ailleurs un vidéo du processus de création de la pièce!
La barmaid qui fait danser la matière
On est d'abord pris au piège: on croit que Manon De Pauw est une des interprètes qui serait une « barmaid », et que les projections sont faites à l'aide d'un logiciel. Mais la réalité se révèle toute autre: cette femme est une artiste visuelle qui manipule la matière. Elle réalise ainsi une performance interactive, qui est projetée. Véritable chorégraphe de substances brutes, elle met en scène des choses aussi diverses que les cheveux des interprètes, des mélanges de liquides, le mouvement d'un pinceau sur du papier... Surprenant et magnifique.
Manon De Pauw a exposé ses oeuvres individuellement mais aussi collectivement, depuis le début des années 2000, notamment à Montréal, à Mexico, et à Cardiff (en Angleterre). Elle a aussi pris part à divers festivals et événements. Celle qui enseigne également la photographie à l’Université Concordia veut soulever les « questionnements sur l’accélération du rythme de vie, sur le tempo mécanisé du quotidien, sur les gestes qui nous lient aux autres et à soi-même ». Étonnant et original, de voir ces objets à priori banaux prendre vie sur la toile!
Au final, Un si gentil garçon est une pièce multidisciplinaire très élaborée, où chacune des trois performances constituent un concert en soi. La pièce abrasive et bouleversante est donc présentée du 7 au 11 novembre, ainsi que du 14 au 18 novembre, à 20 heures, à l'Usine C. Alors, prêts à faire face à cette problématique controversée et délicate? Procurez-vous les billets de cette pièce! À noter que des forfaits pour 3, 4 ou 6 spectacles sont également disponibles ici.