Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Le mythe d’Antigone est d’une résonance intemporelle. Le théâtre de La Sentinelle, seule compagnie de théâtre francophone entièrement dirigée par des Afro-descendants, a choisi de revisiter cette histoire millénaire en présentant trois propositions distinctes à l’Espace libre du 7 au 25 septembre 2021. atuvu.ca s’est entretenu avec la comédienne et dramaturge Tatiana Zinga Botao pour connaître ce qui l’a mené vers cette tragédie.
« Je hurle contre l’injustice qui se fait loi » , clame Antigone.
Dans la mythologie grecque, Antigone est la fille incestueuse d’Œdipe, souverain de la cité de Thèbes. À la mort de son père, ses deux frères Etéocle et Polynice s’entre-tuent pour le trône. Dans la tête de Créon, l’oncle d’Antigone et nouveau roi de la cité, il faut encenser la mémoire de l’un et condamner le souvenir de l’autre. Il offre donc une sépulture royale à Etéocle, mais refuse de faire enterrer Polynice dans la dignité. Le combat d’Antigone est celui d’une sœur qui se lève contre la proclamation royale au nom de l’amour de son frère, et qui cherche à briser le cycle perpétuel de la violence.
Antigone donnant la sépulture à Polynice par Sébastien Norblin (1825)
« C’est le classique qui m’a le plus parlé durant mes années au Conservatoire, parce qu’Antigone est une résistante », explique Tatiana. « On parle souvent d’elle comme une héroïne, mais je ne pense pas qu’elle soit une héroïne. C’est une femme qui vit malgré elle des discriminations et des injustices, mais qui n’a pas le choix d’avancer. Moi, je me reconnais là-dedans, parce que ce sont les circonstances de ma vie qui ont fait en sorte que je sois une résistante un peu malgré moi », ajoute-t-elle.
La force de la singularité
Qui veut la peau d’Antigone? est le premier spectacle de La Sentinelle. Il avait été présenté dans une tout autre mouture au Festival ZH (Zone Homa) il y a quatre ans, et l’équipe avait vécu un coup de cœur collectif. Cette fois, Tatiana Zinga Botao, Philippe Racine et Lyndz Dantiste ont choisi de proposer trois interprétations monologiques du même texte, présentées en alternance à chaque semaine pour exprimer leurs singularités particulières.
« Nous, en tant que comédiens noirs, on a souvent l’impression d’être interchangeables », précise Tatiana. « Comme si cet aspect nous définissait, mais on est tellement plus que ça! On est pas qu’une seule chose ou qu’une seule parole. C’est pour ça qu’on a imaginé une formule avec le même texte, le même décor, et la même scénographie, mais jouée par trois comédiens différents qui proposent tous une vision différente. »
Une parole d’actualité
Le texte est un collage de plusieurs Antigone, regroupant les textes de Brecht et d’Anouilh, mais aussi de versions en créole et de la version Antigona Gonzalez d’une autrice mexicaine. Il en résulte trois performances aux origines culturelles multiples qui sont à l’image du ressenti personnel des trois interprètes.
« J’ai vraiment mis le texte à l’avant », indique Tatiana. « Je suis comme une narratrice qui conte l’histoire, qui la vit parfois. Je veux qu’on entende le texte. Il y a un moment où Antigone maudit la salle. Moi, je parle à l’Occident. J’ai grandi en Belgique, qui a colonisé le Congo où je suis née. Je parle à ce monde qui voit les injustices et qui se tait. Je veux faire résonner ces mots, parce qu’ils ont toujours un sens alors que tout a été écrit il y a des centaines d’années ».
Il est vrai que le récit d’Antigone connaît un écho particulier depuis quelques années. Au théâtre, Nathalie Boisvert en a écrit une adaptation dans un contexte québécois en 2017, intitulée Antigone au printemps. On a également pu voir une version cinématographique avec Antigone de Sophie Deraspe en 2019.
Photo: Jules Bédard
« Je comprends qu’Antigone soit vraiment d’actualité. Elle n’a pas d’âge! Ce qui me touche, c’est qu’elle nous dit que l’humanité tourne en rond et qu’à force de faire les mêmes choses, on obtient les mêmes résultats ». Dans son interprétation du mythe, Tatiana offre sur scène une Antigone d’une force bouleversante, qui amène le public à examiner son rapport face à l’injustice. Comme de fait, ses mots sont d’une puissante résonance.
Deux autres subjectivités
Dans les cas de Philippe Racine et de Lyndz Dantiste, leurs propositions font naître autre chose. « C’est tellement différent! » s’exclame Tatiana. « Phil est dans la performance. Les mots, on les entend autant, mais c’est comme une chimère. C’est toujours Antigone, mais on a l’impression qu’elle a deux mille ans et qu’elle vient crier tout ce qu’elle a à dire avant de s’en aller. Lyndz, il est québécois d’origine haïtienne, et il est allé chercher son bagage. Il est comme dans une possession vaudou. Chaque fois, on dirait qu’un personnage vient prendre possession du célébrant, et qu’il vient raconter son histoire. »
Elle assure cependant que toutes ces performances ont été travaillées à trois, dans une volonté de compagnie au fonctionnement circulaire. « On ne veut pas qu’il y ait de hiérarchie. On veut que ça circule, parce que c’est là que les meilleures idées arrivent », dit-elle. « C’est le fun, ça me rappelle que j’aime ça jouer. Là je suis sur scène, et tous les soirs je me dis que je vis de quoi de vraiment important. Il n’y a vraiment rien de mieux que le théâtre live ».
Un monologue par semaine de Qui veut la peau d’Antigone? est en représentation jusqu’au 25 septembre à l’Espace libre. On vous invite à vous procurer des billets sur le site de la billetterie:
https://espacelibre.tuxedobillet.com/main/qui-veut-la-peau-dantigone