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Jusqu'au 9 juin, le Théâtre du Rideau Vert présente Trahison de l'auteur britannique Harold Pinter, considéré comme l'un des dramaturges les plus influents du théâtre anglais de la seconde moitié du XXe siècle. Mis en scène par Frédéric Blanchette, il met en vedette Julie Le Breton dans le rôle d'Emma – personnage central de la pièce –, Steve Laplante dans le rôle de Robert, et enfin François Létourneau dans celui de Jerry.
Écrite en 1978, Trahison explore, de façon apparemment légère et insouciante, les multiples trahisons quotidiennes entre les couples et les amis ainsi que les blessures « non-dites » qui en découlent. Dans cette pièce de 75 minutes, les deux couples de protagonistes (dont la femme de Jerry, qu'on ne verra pas) se trahissent l'un l'autre à qui mieux mieux – en ayant des relations extra-conjugales – et ce, sur une période de plusieurs années. La pièce refait le fil des événements en présentant, sous forme de feedback, les scènes-clés qui composent la trame de ces relations complexes et mensongères, dont la trahison en constitue le socle.
Emma, l'unique personnage féminin, est le centre du triangle amoureux qui oppose son mari Robert et son amant Jerry. Les deux hommes sont les meilleurs amis du monde, ce qui complique encore plus la situation. Au lever du rideau, on retrouve Emma et son ex-mari Robert qui, ne s'étant pas revus depuis leur rupture deux ans auparavant, décident de se retrouver dans un pub. Le malaise est plus que palpable... Ici, les personnages ne bougent presque jamais la tête, ne s'emportent jamais, cachent toujours leurs émotions, récitent des textes communs et convenus, toujours sur un ton neutre et posé... même s'ils sont censés être habités par une grande colère! Les dialogues, redondants et d'une banalité extrême, alliés à une attitude extrêmement froide et figée de la part des deux protagonistes, cherchent à exprimer le malaise vécu au sein de l'ancien couple.
On a dit de l'auteur Harold Pinter qu’« il découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans les pièces closes de l'oppression. » Et c'est bien de cela qu'il s'agit dans cette pièce... Les bavardages banals et inutiles cachent une grande oppression chez les personnages qui vivent de profondes trahisons et de grandes douleurs, sans jamais le laisser paraître. L'auteur a même reçu, à cet effet, le prix Nobel de la littérature de la part de l'Académie suédoise en 2005.
Cependant, la technique de mise en scène qui vise à ne pas laisser paraître les véritables émotions des personnages, à les « laminer » de toute émotion, a pourtant ses limites… qui ne doivent pas être dépassées si on ne veut pas perdre l'adhésion des spectateurs. Ces derniers devraient sentir, parallèlement, l’effroyable feu qui couve sous cette apparente indifférence, et pouvoir mettre les deux niveaux en perspective par le contraste provoqué : celui de l'apparence et celui de la réalité ressentie... Or, le spectateur n'a accès qu'au premier niveau : jamais il ne ressent ces frustrations, ce feu qui couve sous les braises... Il en résulte donc un manque d'âme et d'émotion sur scène, qui se traduit par son corollaire : un désintéressement équivalent chez les spectateurs. On ne s'attache pas aux personnages et on demeure émotivement « hors de la pièce » qui se joue sous nos yeux.
L'effet anesthésiant requis par le texte a tué le malade...
Quant aux décors, ils sont tout autant minimalistes. Lors des scènes du début de la pièce, une grande plateforme basse – telle qu'on en retrouve dans les bars bon marché – fait office de décor. Lorsqu'on aborde les scènes de vie conjugale ou extra-conjugale, un grand lit trône au milieu de la scène.
Comme la vie ressemble souvent au théâtre, Trahison demeure tout de même un bon divertissement, pour qui veut explorer le malaise ressenti lorsque les émotions ne sont pas au diapason de la réalité. La pièce est jouée jusqu'au 9 juin au Rideau Vert, procurez-vous vos places ici.