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Du 21 octobre au 29 novembre 2019, la Petite Licorne de Montréal accueille Sissi, pièce de l’auteure et comédienne Nathalie Doummar. La créatrice de la pièce Coco, mise en scène en 2016 à la Petite Licorne, nous bouscule encore une fois par la teneur de son sujet, de ses mots et des actions entreprises par ses personnages. Sissi ramène des thèmes chers à son auteure, soit la maternité, la famille, les amis, l’émancipation de la femme dans toutes les sphères de sa vie jusqu’à l’idéalisation d’une vie qui dépasse le contexte de la réalité dans laquelle la femme se meut.
« Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.» - Nelson Mandela
Sissi porte le nom de l’impératrice d’Autriche dont la vie fût porté au grand écran par l’actrice Romy Schneider en 1955 et dont on reconnaît aujourd’hui l’immense fossé qui sépare la réalité de cette femme à la fiction proposée autrefois. La Sissi de l’auteure Nathalie Doummar n’en retient pourtant qu’un conte de fée…
Les parents de Sissi, de son vrai nom Romy, sont immigrants égyptiens, chrétiens et conservateurs. La maman de Sissi est décédée alors que Sissi était jeune enfant et Sissi a toujours cru que c’était une mère parfaite. Sissi voudrait être aussi une mère parfaite.
Née au Québec, Sissi n’a pourtant jamais eu d’amis québécois puisqu’elle a grandi au sein de sa communauté égyptienne-chrétienne. Elle a même épousé son ami d’enfance, Pete, dont elle dira plus tard qu’il est comme un frère pour elle. Elle demeure active auprès de sa famille bien qu’elle aimerait élargir son réseau autour d’elle, sortir de son cocon familial et avoir des amies-mères québécoises. Pete et elle sont les parents adoptifs d’un petit garçon, tout comme leurs voisins Marylin et Jérémie.
Marylin et son conjoint Jérémie apparaissent comme un écho aux envies les plus réprimées de Sissi qui idéalise ce couple d’amis, ouvert et épanoui et se sent misérable dans sa propre vie. Sissi remet en question sa vie entière, son éducation, sa vision des liens familiaux et du couple et cherche à atteindre des idéaux longtemps réprimés. Elle-même mère, que veut-elle léguer à son fils, quelle relation veut-elle bâtir avec lui? Peut-elle se permettre de transgresser les pratiques familiales des générations précédentes de sa famille?
L’idéalisation qui tue
Danseuse contemporaine, Sissi a toujours été le mouton noir de sa famille, celle qui revendiquait ses droits, celle qui trouvait refuge dans les arts alors que tout le monde dans la famille occupe un emploi “important”. Sissi a tenté toute sa vie de se raisonner, de se fondre dans le moule familial, dans ce que les autres membres de sa communauté égyptienne, catholique attendaient d’elle. Prisonnière d’un monde qu’elle n’arrive plus à tolérer, elle idéalise les femmes québécoises qui lui semblent libres de toute contrainte, libres de faire ce qu’elles veulent sans jamais devoir rendre de compte aux autres, mères qui ne pleurent pas pour tout et pour rien et qui s’assument totalement! Sissi croit qu’en ayant des amies-mères-québécoises, elle pourra s’imprégner d’elles et de leur liberté!
Depuis son enfance, Sissi s’est forgée un monde idéal qui regroupe ses idéologies de la famille, du couple et de l’accomplissement professionnel en tant que femme libre. Elle veut briser ses chaînes, vivre, respirer comme elle le veut. Ce qui pourrait n’être qu’une crise existentielle devient un besoin urgent de combler toutes ses envies en croyant fermement qu’en agissant ainsi, elle se libère pour le bien de son couple, pour le bien de son fils, pour le bien des autres aussi.
Dans son idéalisation d’une vie plus près de ses valeurs, Sissi fuit autant qu’elle court après ses rêves. Les aspirations de Sissi sont louables et son rêve d’un monde meilleur et d’une liberté sans conséquence est grand, trop grand. Sa libération intérieure l’enchaînera à une vie qu’elle n’avait pas planifiée. Tout acte, tout choix, apporte des conséquences avec lesquelles on doit vivre toute sa vie.
L’émancipation à laquelle Sissi s’accroche risque d’avoir des conséquences indélébiles sur son entourage et sur elle-même. Dans son désir de se respecter, respecte-t-elle les idéaux des autres, leurs aspirations intrinsèques?
Un texte inspiré de la vie de l’auteure, mais non autobiographique
Nathalie Doummar a grandi à Montréal, mais ses racines sont égyptiennes, elle a épousé son ami d’enfance et a, elle-aussi, tout comme Sissi, eu un dilemme quant à ses valeurs culturelles et/ou québécoises. Si l’idée principale de la pièce s’inspire de la vie de Doummar, le récit de Sissi n’est pas autobiographique pour autant.
Dans chacune de ses oeuvres, Nathalie Doummar souligne quelques thèmes centraux pour ensuite en creuser le sens et en retirer tout ce qu’il y a de plus beau et de plus troublant en eux. Dans le cas de Sissi, l’auteure entaille avec humour le désir viscéral de Sissi de s’émanciper et avec honnêteté les conséquences que son idéalisation peut engendrer sur ses proches et elle. Le texte est fort et chaque spectateur s’y sentira interpellé d’une manière ou d’une autre.
Sissi, ce soir-là interprété par l’auteure de la pièce, est touchante, remplie d’incertitudes et de convictions, de plus en plus prisonnière de ses distorsions cognitives de la réalité. Nathalie Doummar est incroyable, majestueuse et vraie sur scène; le regard de l’actrice en dit long sur les émotions de son personnage et nous ébranle à chaque acte.
Mustapha Aramis, qui joue Pete, le mari de Sissi, assure le rôle “raisonnable” de la pièce et se veut un partenaire idéal dans tous les délires de Sissi. La bienveillance du personnage, son empathie, sa désillusion et sa peine sont extrêmement bien rendus par son interprète.
Mathieu Quesnel personnifie Jérémie, le voisin, homme de coeur qui se laisse prendre au jeu de Sissi. Les réactions franches, loufoques et dramatiques de Jérémie permettent à l’acteur éclectique de rendre toute l’ampleur des choix de Sissi au public.
Finalement, Élisabeth Sirois est remarquable dans le rôle de Marilyn, femme forte et sensible, divertissante et amicale. L’aisance d’Élisabeth sur scène permet de rapidement nous attacher à Marylin, comme si elle était une vieille copine, la voisine d’à-côté.
La mise en scène de Marie-Ève Milot est simple, efficace et précise. Le travail d’équipe des acteurs et de la metteure en scène propulse Sissi à un niveau de vérité difficile à égaler. Sissi est une pièce qui ébranle nos valeurs, qui nous émeut, mais qui nous choque aussi.
Avant même de commencer les représentations, des supplémentaires ont dû être ajoutées pour répondre à la demande du public. Sissi s’inscrit dans les oeuvres à voir absolument cet automne. Hâtez-vous de réserver vos billets ici.
Sissi
Du 21 octobres au 29 novembre 2019
La Petite Licorne
Production Tableau Noir et Osmose en codiffusion avec La Manufacture
Texte Nathalie Doummar
Mise en scène Marie-Ève Milot
Avec Mustapha Aramis, Nathalie Doummar en alternance avec Sylvie De Morais-Nogueira, Mathieu Quesnel et Elisabeth Sirois