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Jusqu’au 15 février se joue SANG de Lars Norén, mise en scène par la talentueuse Franco-ontarienne Brigitte Haentjens (compagnie Sibyllines). Elle est de retour à l’Usine C après son adaptation de DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON diffusée en 2018 et elle retrouve Sébastien Ricard qu’elle met à nouveau en scène aux côtés d’Émile Schneider, Alice Pascual et Christine Beaulieu.
Cette réécriture du mythe d’Œdipe par l’auteur suédois Lars Norén place la tragédie dans une époque proche de la nôtre. Éric et Rosa, deux anciens socialistes ayant milité contre la dictature de Pinochet, ont fui le Chili par crainte de représailles. Dans leur fuite, ils ont laissé́ derrière eux leur fils alors âgé de sept ans. 20 ans plus tard, nous les retrouvons à Paris. Elle est devenue une journaliste engagée très en vue, lui un psychanalyste taciturne. Leur couple, jamais remis de l’abandon forcé de leur fils, est à la dérive alors qu’Éric entretient une relation adultère avec un jeune homme…
Voilà le contexte de la pièce que nous apprenons avant de rentrer dans la petite salle de l’Usine C qui offre une mise en place très appréciée : une scène centrale carrée. On remet aux spectateurs une lettre entre A et D ce qui les place, au hasard, tout autour de la scène. Déjà là, on aime ça.
Les lumières sont encore allumées qu’un homme vient mettre en scène la scène. Les chaises sont placées, les accessoires sont sortis de leurs trappes et posés, minutieusement, sur les quatre rebords de la scène, à quelques centimètres des spectateurs. Christine Beaulieu et Alice Pascual arrivent ; elles déambulent et s’approprient cet espace. Puis les lumières s’éteignent, et ça commence…
Nous sommes en pleine entrevue télévisée pour la sortie du dernier roman de Rosa où nous apprenons son passé difficile. Elle fut emprisonnée et torturée pendant plus d’un an avant d’arriver en France. Son mari, agit en parallèle dans son immense appartement parisien pendant que Luca, vous l’aurez compris, leur fils, attend ses rendez-vous avec son psychanalyste pour pouvoir jouir de son rôle d’amant. Ces différentes séquences vont s’alterner et s’imbriquer dans une fluidité monstre pour faire évoluer l’histoire, malheureusement de la plus sombre des manières.
La mise en scène est exceptionnelle. Les différents lieux se mêlent et s’entremêlent sur cette même scène carrée. Les acteurs patientent sur les rebords de la scène tout en s’empreignant de ce qui est vécu par les autres personnages. Les objets qui s’alternent sur les rebords sont brillamment disposés. La conception sonore est d’une très grande qualité : les musiques extradiégétiques deviennent diégétiques de manière extrêmement cinématographique. Les déplacements sont réfléchis et réalisés au mouvement prêt. Bref, c’est du grand théâtre.
Côté acteur, c’est brillant. Même s’ils sont tous excellents, la performance de Sébastien Ricard est extraordinaire. Il livre un personnage écorché, mais tout en retenue. Tout est d’une justesse folle. Sa diction est remarquable, son débit de parole et le rythme de ses phrases sont sans doute ce qui nous a fait chavirer pour son jeu. Émile Schneider (vu dans LE CHALET et L’IMPOSTEUR) est également très très bon et fait découvrir au grand public une autre facette de ce qu’il est capable de réaliser. Il prouve qu’il est un excellent comédien. Christine Beaulieu est d’une grande crédibilité surtout dans l’une des scènes les plus difficiles à regarder. Malheureusement son dernier quart d’heure de jeu nous a fait un peu ressortir de cette tragédie familiale et c'est dommage ; mais c’est sans doute ici un choix de mise en scène. De plus sa proximité avec son fils Luca nous semble loin d’être crédible. Alice Pascual, présente pour ouvrir et fermer la boucle de SANG est parfaite dans cette présentatrice télé d’une émission à sensation.
SANG est dans l’ensemble du grand théâtre. Attention tout de même, cette pièce ne s’adresse pas à tous les publics. Double complexe d’Œdipe, viol, torture et relations incestueuses s'entrecroisent. Comme le conclut si bien la metteuse en scène « cette œuvre est une exploration sans concession de la psychè humaine, des ressorts inconscients du désir ou encore des pulsions de violence qui régissent les comportements individuels et transforment les sociétés. Le travail de Lars Norén me semble d’une criante contemporanéité […], il interroge notre rapport à la fatalité, au deuil, à la mise en scène de notre propre souffrance. »
SANG est clairement l’un des événements marquants du théâtre québécois de toute l’année 2020. Courez-y tant qu’il reste encore quelques places, car ça part très vite ! Pour des billets et des informations, c’est par ici !