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Jeudi 16 novembre, le Théâtre du Nouveau Monde accueillait Projet Polytechnique, une pièce de théâtre documentaire écrite par Jean-Marc Dalphond et Marie-Joanne Boucher. Peu importe ce à quoi vous vous attendez, avant de voir cette pièce, peu importe à quel point vous savez ce qui est arrivé le 6 décembre 1989, Projet Polytechnique fait plus que dépasser vos attentes et vous expose des questions brûlantes, le tout avec respect.
Si dans un premier temps la pièce devait se contenter d’explorer le devoir de mémoire, cette pièce a pris une tout autre tournure.
Tout commence lorsque le 6 décembre 2018, comme à chaque anniversaire de la tuerie de l’École Polytechnique, Jean‑Marc Dalphond publie les noms des 14 victimes, parmi lesquels figure celui de sa cousine Anne-Marie Edward. Le même jour, Marie-Joanne Boucher publie une photo de son fils avec un texte rappelant qu’il est nécessaire de transmettre aux garçons des valeurs qui préviendront de semblables massacres.
À ce moment-là, moins de 30 ans après les faits, on pourrait penser que la société a évolué. Mais voilà que Jean-Marc Dalphond commence à recevoir des commentaires haineux en dessous de son message.
Les deux comédiens finissent par se rencontrer et de fil en aiguille, le théâtre documentaire prend forme. Dans leur propre rôle sur scène, les deux explorent diverses facettes et questionnements reliés à ce féminicide de masse.
Est-il nécessaire de parler encore du 6 décembre 1989 ? Pourquoi les masculinistes se comportent-ils de la sorte ? Pourquoi les femmes meurent sous les coups de leur mari, ex ou aux mains de parfaits inconnus ? A-t-on réellement avancé depuis ces féminicides ? Pourquoi les armes ne sont-elles pas encore contrôlées ?
Projet Polytechnique est une création de Porte Parole où l’on ne cherche pas à imposer sa vision, mais où on tente d’exposer et comprendre chaque point de vue, bien qu’on ne soit pas d’accord avec tous et c’est ce qui rend la pièce unique et bouleversante à regarder.
C’est ainsi qu’on voit défiler les interprétations de témoignages accumulés au fil des ans, que ce soit Jacques Duchesneau, l’un des premiers policiers à rentrer dans l’école le 6 décembre, Guy Morin, un porte-parole du lobby des armes à feu, des incels, Nathalie Provost, qui a reçu des balles et a survécu et même un masculiniste pour qui les féministes sont des cibles et le tueur, un prophète. Chacun à droit de parole, quand bien même les propos sont des plus aberrants. Mais c’est ça, un véritable et bon travail, ce n’est pas seulement donner la voix aux personnes qui partagent notre opinion, non, c’est donner la voix à chacun pour parfois aussi mieux se rendre compte des choses.
Entre détails sur la tuerie, moments émotionnels, peurs, parallèles, interviews et devoir de mémoire, les deux comédiens se sont embarqués dans un projet d’envergure réussi qui, à la sortie du théâtre, nous trotte encore dans la tête et nous prend aux tripes.
Il ne s’agit pas non plus de parler uniquement du féminicide de Polytechnique uniquement, et voilà ce qui fait l’originalité de la pièce également : Columbine, les attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande, l’attentat de la grande mosquée de Québec, le camion bélier de Toronto ou encore la tuerie de Portapique en Nouvelle-Écosse sont cités et sont implantés dans le processus de compréhension et de recherche des deux personnages.
Concernant la mise en scène, Marie-Josée Bastien nous propose un théâtre documentaire inédit en amenant musiques, chants, instruments, projections multimédias, rythme et reconstructions de scènes réelles.
La pièce vous prend à la gorge, vous rempli d'un sentiment tantôt de colère puis de tristesse et vous donne cette impression d'impuissance également, qu’est-ce que nous pouvons faire ?
Et avant la fin, une dernière chose vous frappe : depuis le commencement du projet, ce sont 921 femmes qui ont trouvé la mort. Il ne faudra jamais cesser de se souvenir, de réfléchir et comprendre ce qui amène des personnes à faire de tels actes et surtout, il ne faudra jamais cesser d'éduquer.
Presque à 34 ans de ce triste anniversaire, Projet Polytechnique est une pièce à absolument voir. Il ne faut jamais cesser de se souvenir, de se rappeler, de se rendre-compte des événements qui se sont passés autour de nous et Jean-Marc Dalphond et Marie-Joanne Boucher nous le rappellent bien. La pièce sera jouée au Théâtre du Nouveau Monde jusqu'au 13 décembre avant une tournée québécoise à partir du début d'année 2024.