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Présentée au Théâtre La Licorne, la pièce Les filles et les garçons traduite par l’auteure Fanny Britt est un texte coup de poing écrit par l’auteur britannique Dennis Kelly dont vous ne sortirez pas indemne.
Un solo et un point de vue
Seule sur scène, la comédienne Marilyn Castonguay, qui s’est illustrée dans près d’une quinzaine de pièces depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre du Canada en 2010, interprète ici une femme et mère déjantée, dont la vie déborde de part en part. Face au public, elle se livre sous le feu des projecteurs comme on parle à une amie. Elle injecte à la langue son dynamisme, son humour et raconte son histoire sur un ton exalté, un brin provocateur, parfois même vulgaire.
Pour le premier solo de sa carrière, Marilyn Castonguay réussit à saisir ce rôle exigeant qui oscille entre des émotions en dents de scie. La construction de la narration à la première personne alterne en effet entre différents éléments de son parcours personnel. Les spectateurs et spectatrices pénètrent ainsi au cœur de moments marquants de sa vie, comme son premier entretien d’embauche pour la job de ses rêves, ou la rencontre avec son mari. On observe aussi des scènes du quotidien, dans lesquelles la protagoniste agit de manière désemparée. On la devine seule avec ses enfants, mais la présence en creux de ces personnages invisibles est ingénieusement marquée par la diffusion de sons répétitifs ou musiques lancinantes. On regrette par contre que l’absence du point de vue masculin biaise le propos, allant parfois jusqu’à flirter avec le sexisme.
Une œuvre à la portée documentaire
Traduite par l’auteure Fanny Britt, Les filles et les garçons est la cinquième pièce de Dennis Kelly. Au fur et à mesure de l’avancée dans le récit, la protagoniste diffuse au compte-goutte des informations, chiffres à l’appui, qui nous rapprochent d’un versant plus sombre des Filles et les Garçons. Pourtant, ces bribes de texte ne dénotent pas avec le flot truculent de la jeune femme.
La mise en scène de cette septième production pour La Manufacture est assurée par le metteur en scène et comédien Denis Bernard, compagnie dont il a été directeur artistique et général de 2009 à 2019. Le décor se dévoile peu à peu, au fil de l’effondrement de la vie de couple. On plonge avec la protagoniste dans son vécu qui sonne vrai... et ne se terminera pas comme on pouvait l’espérer. Amour fou, jalousie, solitude, carrière en flèche, la comédie connaît un point de bascule qui donne l’impression de se produire du jour au lendemain. Le passage entre deux périodes de vie paraît donc vite élucidé.
L’auteur aborde ainsi sans détour le rapport qu’entretiennent les hommes et les femmes avec la réussite, le pouvoir et la violence. À travers son personnage — mu par une force franche qui l’empêche de s’effondrer — Dennis Kelly pose un regard lucide sur les plus sombres recoins de l’homme. Il s’interroge sur le besoin parfois maladif de contrôle qui détruit tout sur son passage et nous enjoint d’écouter, sans fermer les yeux, la parole de cette femme. On regrette néanmoins que la pièce n’essaie de puiser aux sources de cette violence et d’en comprendre les origines.