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Accueillis par Ginette Noiseux, directrice artistique et codirectrice générale de l’établissement, l’émotion autour de ce retour en salle était palpable. Cette communion de spectateurs réunis pour traverser ensemble cet arrêt dans le temps faisait du bien à l’âme ! Arrêt dans le temps, oui, car jusqu’au 27 février 2022, la comédienne Julie Le Breton livre un monologue d’une grande qualité, un texte écrit par Stéphanie Jasmin et mis en scène par Denis Marleau, autour d’une spirale d’anecdotes entourant les 100 années de vie de son personnage.
Elle a parfois 10 ans, 20 ans, 80 ans ou encore 100 ans et repasse en détails les moments (soi-disant) heureux de son existence. En ressortent des souffrances étouffées et des rêves frustrés. (Mal)heureuse, elle est prisonnière de son statut de femme, d’épouse, de mère et de grand-mère. Un constat d’une vie privilégiée en apparence mais qui était finalement douloureuse, où la culpabilité et la jalousie l’ont traversée plus d’une fois, une vie inachevée.
Le monologue est sensoriel et met en lumière tous les sens de ce personnage ensorcelé et rongé par la recherche d’un réel moment heureux dans son existence. Monologue rythmé par les dix commandements de Dorothy Dix, une journaliste américaine ayant eu plus de 60 millions de lecteurs à travers le monde entre les années 1925 et 1950. Stéphanie Jasmin s’inspire de son article le plus connu, Dictates for a happy Life, qui regroupe dix points pour maintenir une vie heureuse : 1) Make up your mind to be happy. 2) Make the best of your lot. 3) Don’t take yourself too seriously. 4) Don’t take other people too seriously. 5) Don’t borrow trouble. 6) Don’t cherish enmities and grudges. 7) Keep in circulation. 8) Don’t hold post-mortems. 9) Do something for somebody less fortunate than yourself. 10) Keep busy.
Rythmé et personnel, ce monologue nous fait déambuler dans cette « promenade de l’intime » où le temps et l’espace stagnent. La scénographie est épurée avec une roche noire au centre de la scène. Julie Le Breton s’y assoit, s’y couche et déambule autour de ce noyau central. En arrière, trois pans reçoivent les projections d’une déambulation, au ralenti, en bord de mer. Cette immersion aquatique, symbole d’un passage entre la vie et la mort, rappelle en quelque sorte un vagabondage dans les limbes de son esprit.
Ubu Compagnie de création livre ici une mise en scène soignée, un texte d’une grande qualité et Julie Le Breton nous offre l’une des plus belles interprétations de sa carrière. Sa diction est exceptionnelle et certains passages effleurent notre sensibilité lorsqu’elle exprime simultanément, et brillamment, plusieurs âges de sa longue vie. Durant 1h15 d’élocution remarquable, la salle (comble, à 50% de sa jauge) offre une écoute d’une grande rareté.
Malheureusement, nous ressortons de l’Espace Go avec un léger goût amer, car l’émotion n’a été que trop fugace, lors de quelques expressions ou de quelques silences. Les dix commandements de Dorothy Dix nous laisse sur notre faim, comme si nous venions d’assister à un rêve un peu trop stérile. Est-ce dû au souhait d’une mise en scène épurée ? Au parti-pris d’un texte trop lisse ? À des projections finales redondantes et non-nécessaires ? Les dix commandements de Dorothy Dix est un diamant un peu trop lisse que nous aurions préféré brut, mais il reste un diamant. À voir si vous en avez l’occasion.