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Les fantasmagories et UBU compagnie de création
Fondée en 1982, UBU compagnie de création a pour mission de produire et de diffuser les œuvres des directeur et directrice de la compagnie, Denis Marleau et Stéphanie Jasmin. Depuis les années 80, ils ont réalisé plus d’une soixantaine d’oeuvres (opéra, théâtre, expositions, vidéos, etc.), mais ils se sont surtout spécialisés dans l’installation vidéo et le théâtre de l’effigie, qu’ils nomment les «fantasmagories technologiques», c’est à dire l’utilisation de la vidéo sous plusieurs formes (projections en direct, vidéos accessoires, démultiplication d’écrans, etc.) dans leurs mises en scène.
Si vous n’êtes pas familier avec leurs travaux, vous avez peut-être vu l’exposition La planète mode de Jean-Paul Gaultier, offerte en première mondiale au Musée des beaux arts de Montréal en 2011, qu’ils ont réalisé. Cette expo a marqué les esprits avec l’utilisation de projections de visages sur les mannequins inertes qui portent les créations du célèbre directeur artistique.
Les aveugles et Dors mon petit enfant, les deux oeuvres présentées en ce moment à l’Espace Go, figurent parmi leurs installations les plus connues et soulignent le 40e anniversaire d’UBU Compagnie de Création.
Dors mon petit enfant
Une fois arrivés à l’Espace Go, on nous précise que la première expérience -d’une durée de 15 minutes- se fera debout. On nous invite à entrer dans une salle et nous découvrons trois petits personnages -deux femmes, un homme-, surement faits en porcelaine, posés sur une étagère, dans un univers complètement blanc, stérile. Habillés d’une tunique et d’un petit bonnet, les poupées font écho aux nouveaux-nés dans une maternité, symbole de début, de commencement. Dès que les spectateurs sont dans la salle, leurs visages commencent à s’animer. Ils vont alors s’entretenir entre eux et s’interroger sur leur état, le lieu où ils sont et la possibilité de leur existence.
Pièce courte écrite par Jon Fosse, un auteur norvégien, au début des années 2000, Dors mon petit enfant nous rappelle l’univers de Beckett où les personnages traversent ici des questionnements existentiels. Ces trois êtres aux expressions du visages très travaillées rendent perplexes, prenant souvent en considération les spectateurs présents dans la salle. Parfois absurdes, certaines répliques viennent également faire sourire. La technologie (qui date de 2004) n’a pas du tout vieilli et est assez extraordinaire. Tout aussi apeurant que drôle, Dors mon petit enfant ne vous laissera pas indifférent.
Les aveugles
Dès l’expérience Dors mon petit enfant finie, nous changeons de lieu et sommes invités à aller nous asseoir dans un espace complètement noir où figurent 12 visages. Ici, six hommes et six femmes aveugles, incarnés par les deux mêmes acteurs, Céline Bonnier et Paul Savoie, se retrouvent statiques dans une forêt suite à la disparition de leur guide. Pétrifiés par l’abandon dans le frémissement des feuilles mortes, ils vont devoir apprivoiser les sons qui les entourent et se mettre à parler pour conjurer le vide.
Les aveugles, un texte écrit par l’auteur belge Maurice Maeterlinck en 1891, est mis en scène par UBU compagnie de création en 2002 et a depuis été jouée et acclamée plus de 700 fois sur la scène internationale. Présentée dans une version similaire à la version originale, cette oeuvre phare de la compagnie s’installe sur la scène de l’Espace Go pour 3 semaines.
Ici, les 12 visages projetés sur différents niveaux dans l’espace semblent flotter sur scène. La technologie utilisée pour les projections, bien qu’elle ait 20 ans, est absolument renversante et n’a pas du tout vieillie. La conception sonore est également intéressante. Néanmoins, le texte, assez froid et hermétique, nous laisse de marbre. L’absence d’acteurs nous fait rapidement ressentir que nous avons des difficultés à connecter avec le texte, comme s’il y avait une distance supplémentaire à dépasser. Le quatrième mur n’est jamais franchi et l’absence d’énergie vivante, mais également corporelle (car nous avons à voir uniquement les visages de nos personnages) nous laissent perplexes. Ici, sans aucune fioriture, la voix est l’unique symbole du vivant.
Ces deux objets théâtraux, croisant l’installation vidéo et l’art contemporain, ne laissent pas indifférents. Voyons-nous encore une pièce de théâtre, bien qu’il n'y ait aucun acteur en chair et en os sur scène ? Est-ce que l’absence d’acteurs est au service du texte pour le mettre en exergue ? Où, alors, réussissons-nous à trouver de l’émotion ? Nous ne ressortons pas forcément avec des réponses à ces questions mais ces deux oeuvres nous laissent sur de belles réflexions. Le modernisme des installations vidéos reste incroyable et fascinant. Deux oeuvres à ne pas manquer !