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Violence et déchéance au programme de cette adaptation réussie de la pièce du dramaturge allemand Frantz Xaver Kroetz auThéâtre Prospero par la compagnie du Théâtre Kata, jusqu’au 29 octobre 2016.
Pénétrer dans la salle intime du Prospero pour assister au Sang de Michi, c’est ouvrir discrètement une fenêtre sur la cour intérieure d’un immeuble social. On plonge instantanément dans l’intimité des voisins d’en face : les gros éclats de rires d’un homme et d’une femme parviennent au spectateur depuis le couloir, avant qu’il découvre en vue plongeante leur appartement de misère, un « 1 sans le demi » – les toilettes sont dans le coin de la cuisine. L’immersion sans filtre dans l’univers des « sous-privilégiés », comme les décrit Kroetz est amorcée.
Le Sang de Michi nous poste en témoins frontaux et indiscrets des turpitudes sonores bien qu’en réalité silencieuses d’un couple faussement uni car démuni face à sa propre situation conjugale instable, face à sa situation économique et sociale peu enviable, face à la vie.
Karl et Marie sont deux êtres velléitaires, dont il nous est donné de voir le quotidien rugueux, coincés entre les 4 murs de leur appartement. De courtes scènes se succèdent où ils expriment une non-pensée dans une langue âpre et populaire accompagnée de violence physique. La grossesse accidentelle de Marie, symbole très éphémère de bonheur, bouscule très momentanément cette routine en s’avérant être un espoir rapidement avorté. Pour ces pauvres hères, point de répit. Parfois des regrets, mous à l’image de ces deux personnages désorientés bien résumée lorsqu’au lendemain de son avortement, Marie s’exclame dans un soupir : « C’aurait été bien. Peut-être ».
C’est toute la vision sociale de Kroetz qui imprègne cette pièce emblématique de son œuvre.
Dans un univers clos où la seule ambition se résume à des gémissements comme : « On veut pas d’aut’ chose qu’avoir un peu de fun», s’’illustre un tryptique brutal de misère sociale, affective et linguistique. Si parfois le spectateur se prend à rire, c’est pour dans l’instant d’après étouffer son hilarité dans la stupeur face à la violence des mots et des gestes.
On imagine facilement l’important travail d’adaptation du texte de Kroetz – initialement écrit en dialecte bavarois – en québécois. A la lecture du pamphlet, cependant, on s’attendrait à un langage encore plus empreint d’agressivité et de violence. Les dialogues reflètent toutefois bien la vacuité de pensée. Tissages de lieux communs, d’expressions creuses, leurs discussions sont le prolongement bruyant d’un silence omniprésent qui caractérise, pour Kroetz, ces « sous-privilégiés ».
L’espace réduit dans lequel s’ébattent et se débattent les personnages est ingénieusement utilisé. Le quatrième mur, qui masque une partie de la scène pour mieux enfermer les protagonistes, est utilisé pour accueillir les images filmées en direct de l’intérieur de l’appartement. Souvent en gros plan, elles se prêtent bien à la représentation de scènes plus intimes, appuyés parfois par l’usage de micros qui transforment la voix des acteurs.
Le sang de Michi est précédé d’une micro pièce intitulée Négresse, avec laquelle elle partage les personnages et le lieu. La continuité et l’intrication des deux pièces est telle que le spectateur n’aura le sentiment de n’en voir qu’une pendant les quelques 80 minutes de cette chronique sociale poignante.
Le sang de Michi, dans la salle intime du Théâtre Prospero jusqu’au 29 octobre.