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Avec cette nouvelle mise en scène, Lorraine Pintal offre une mise en abyme dans l’univers de ces deux auteurs, d’autant plus « en ces temps de censure et de rectitude politique, [où] Molière et Boulgakov résonnent comme jamais, en 2022 » précise Louis-Dominique Lavigne.
Censuré et réduit au silence de son vivant, Boulgakov, est un auteur ukrainien né en 1891 mondialement connu pour son chef-d’oeuvre Le maître et Marguerite. Fervent opposant au régime totalitariste il sera l’un des rares auteurs à continuer d’écrire malgré le climat de peur et de terreur qui règne en URSS. Il meurt en 1940 et laisse derrière lui quatorze pièces, des nouvelles, un journal et quatre romans, dont celui de monsieur Molière, écrit après un coup de fil reçu de Staline. C’est à ce moment-là que nous nous immergeons dans son esprit…
Boulgakov, incarné par Jean-François Casabonne, est notre narrateur pour les deux prochaines heures. Il entre sur scène, un cube de bois à la main mettant tout de suite l’esthétisme russe des années 30 en place, et nous transpose dans les strates de son imaginaire. Ce cube, à peine plus grand que son visage, s’agrandit au fur et à mesure que les rideaux s’ouvrent, laissant place à la scène du TNM habillée par des sièges et une structure similaire à ce petit carré de bois. C’est dans cet univers froid et métallique, proche de l’art de Malevitch, que les fraises au cou des artistes, la prose française et la décadence du XVIIe siècle viennent se répondre et résonner. Ces deux esthétismes que tout oppose se font poreux et se rencontrent. Les acteurs jouent dans une magnifique scénographie aux lumières très travaillées.
Les costumes, rappelant la Monarchie absolue, noirs, blancs, et aux teintes de rouges, font écho aux couleurs de l’art soviétique de la propagande. Encore une fois cette opposition est extrêmement intéressante. Cet hommage à l’art russe qui se mêle aux codes du XVIIe français et à la langue de Molière offre un surprenant mélange qui prend tout son sens lorsque le dialogue entre ces deux auteurs, qui se sont battus pour affirmer l’importance de leurs écrits, s’opère.
On entre donc dans l’univers de ce Roman de monsieur Molière avec beaucoup de curiosité et la première heure passe comme un train à grande vitesse où rire et réflexion sont de mise. Plusieurs personnages sont vraiment réussis, mentions spéciales à Philippe-Thibault Denis pour son Philippe d’Orléans grotesque et cocasse à souhait, à Benoît Drouin-Germain qui incarne un charmant De la Fontaine et à Karine Gonthier-Hyndman en parfaite Mademoiselle du Parc.
Il nous aura fallu un peu plus de temps pour entrer dans le travail d’Éric Robidoux, qui prend les traits de Molière, mais nous avons réussi à nous laisser prendre au jeu. Une performance remplie d’énergie, c’est une grande prestation ! De belles scènes viennent faire dialoguer ces deux hommes de théâtre. Cette narration polyphonique et éclatée entre le narrateur et sa fiction est captivante.
Malheureusement, la deuxième heure stagne davantage par son rythme et quelques incohérences narratives que nous n’arrivons pas à résoudre. De plus, le pathos des derniers actes est parfois surjoué et vient ajouter une couche de lecture, peu nécessaire, à cette oeuvre déjà chargée. Quelle déception également de voir Jorane sur scène alors qu’une grande majorité de la musique est pré-enregistrée. Les rares moments où elle joue en direct sont envoûtants et sa musique, toujours délicieuse, apporte beaucoup de profondeur au spectacle.
⭐️⭐️⭐️
La pièce sera ensuite en tournée jusqu’en février 2023 (Québec, Laval, Drummondville, Gatineau, Sherbrooke, Saguenay, Terrebonne et Rimouski). Infos et billets juste ici.