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J’ai assisté le 13 avril à la première de La Grosse Noirceur du Théâtre du Futur au Théâtre aux Écuries. Présentée jusqu’au 30 avril, cette pièce rocambolesque dont vous êtes le héros fait passer un excellent moment en plus de lancer ses spectateurs sur des pistes de réflexion incongrues.
Tirée du projet virtuel La Colère des Doux, qui prenait la forme d’un film interactif « dont vous êtes le héros », la pièce La Grosse Noirceur reprend ce même format, ce même univers, mais cette fois sur scène, pour une expérience d’autant plus satisfaisante.
Une crise des bananes est la goutte qui fait déborder le vase: la foule se révolte, la civilisation s’écroule. Au Québec, l’anarchie prend la forme de divers villages basés sur des idéologies toutes plus loufoques les unes que les autres. Notre personnage cherche désespérément sa place parmi les différentes sociétés absurdes et rencontre une panoplie de personnages tous plus mystérieux et hilarants les uns que les autres.
On entend par là que les spectateurs sont invités à dire à l’unisson quelques répliques simples, à chanter, et même à une certaine occasion de voter pour la suite, un procédé qui rend le tout extrêmement ludique. Sans blagues, le concept m’a rappelé le théâtre pour enfants, d’autant plus que le ton absurde prête à des déguisements ridicules et même à la présence d’une marionnette drôlement familière…! La réaction du public est enthousiaste et le rythme en est dynamisé.
Au détour d’une pandémie interminable, d’une guerre hyper médiatisée et d’une crise climatique inquiétante, toute cette réflexion sur l’idée d’une dystopie suite à un crash civilisationnel nous sonne évidemment une cloche. Pour élever ce thème - qui entre nous est presque surfait dans la culture en ce moment - le doubler du concept d’interactivité n’est pas anodin. Le rôle du héro est partagé entre les comédiens pour conserver cette illusion de pièce dont vous êtes le héro. Pourtant le public n’a pas réellement d’impact sur déroulement de l’histoire, ce qui semble nous dire que nous sommes toujours limité par un cadre dont on a pas choisi les limites. Le propos de la pièce, bien qu’ouvert à interprétation grâce à son humour absurde, semble tourner autour d’une société qui aime se donner l’illusion d’être bâtie sur des valeurs. La fin, qui se veut joyeuse, nous surprend à préférer l’apocalypse à la normalité. Et si La Grosse Noirceur était une utopie en fin de compte?
Alors qu’au départ l’histoire semble s’en aller dans la même direction que le film interactif, ce qui constituait la dernière portion dans La Colère des Doux - dont une réécriture était nécessaire - a été presque complètement réécrite pour un tout beaucoup plus efficace! Dans cette version je n’ai sentie aucune longueur; c’était un feu roulant de jeux de mots, de revirements insolites, le tout dans une grande musicalité; gracieuseté du talentueux Navet Confit.
La Grosse Noirceur est somme toute une bienheureuse expérience au style qui mériterait de prendre sa place, le public adulte contemporain ayant terriblement besoin de trouver un peu de plaisir dans notre triste époque.
J'ai eu la chance d'assister à une première des plus incongrues: la comédienne Myriam Fournier ayant vraisemblablement la COVID-19 était remplacée à pied levé par la jeune Laurence Laprise, un IPad en main, si ça ça n'a pas des airs d'apocalypse! Elle était tout de même remarquable, suivant le rythme essouflant de la pièce et ayant appris toutes les chorégraphies. Le public l'a applaudit chaudement. Malheureusement ça signifie quand même que des représentations ont été annulées, mais il reste des places pour presque toutes les autres dates.