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Jusqu’au 6 juin et à l’Usine C, Marie Brossard met en scène Christine Beaulieu, Sophie Cadieux, Larissa Corriveau, Johanne Haberlin, Evelyne de la Chenelière, Julie Le Breton et Anne Thériault dans La fureur de ce que je pense avec les textes de Nelly Arcan et une musique de Alexander MacSween.
La femme cloisonnée
La metteuse en scène Marie Brassard a voulu enfermer les textes de Nelly Arcan dans des boîtes empilées les unes sur les autres comme autant d’univers étroits d’où la femme, et particulièrement Nelly cherche à s'échapper.
On se retrouve face à un salon dans lequel évolue Christine Beaulieu, des toilettes publiques pour confiner Julie Le Breton, ou encore une galerie d’art pour Sophie Cadieux.
Ce décor évoque sans détour un voyeurisme commercial. Depuis leurs vitrines sensuelles, où l’on trouve aussi une chambre à coucher ou une salle de “torture”, les 5 actrices vont, entre chaque monologue, danser langoureusement comme dans les fenêtres d’un peep show.
Un jeu déchirant et brutal
En connaissant l’auteure des textes, on découvre sans surprise leur qualité et leur tonalité déchirantes.
Mais, avant même qu’un mot ne s’échappe, on est tout de suite confrontés à l’univers de Nelly Arcan. Le corps, mais aussi l’être féminin rendu objet à échanger, est montré ici, mis en situation dans ces cubicules de vie.
Chaque actrice, derrière sa vitre froide, s’approprie le corps et les textes de Nelly pour incarner une partie d’elle, pas vraiment un moment de sa vie, mais plus un aspect de sa personnalité, une douleur aussi.
On aborde sa position de femme volontairement vendue, son état de fille soumise à l’approbation paternelle, son cœur malade et découragé par la vie. Evelyne de la Chenelière ira même jusqu’à entonner une chanson sur la pendaison.
De ces six actrices émane un travail colossal, celui d'interpréter une même personne en produisant des résultats si différents. Toutes munies d’une seule arme commune, la sensualité, elles font vivre les textes et l’esprit de Nelly Arcan sur des thèmes tous étrangers.
La danse en trait d'union
Pour lier ses actrices emprisonnées, Marie Brassard a demandé à Anne Thériault de danser entre les boîtes.
Sans univers propre, sans lieu de confinement, Anne évolue entre ces mondes « arcanesques ». Elle passe derrière certains, pénètre d’autres, va même jusqu’à entraîner Christine Beaulieux dans son « donjon » secret, ou hanter la chambre de passe de Johanne Haberlin. On fait rapidement le lien entre cet être omniprésent et la sœur de Nelly.
Cette dernière, morte un an avant sa naissance, hantera de son souvenir les repas de famille silencieux de l’écrivaine qui, selon ses propres mots, ne serait pas vivante si elle, sa sœur, avait survécu.
La danse survient également de façon générale entre chaque tableau. Comme si les textes récités d’une seule voix avaient pu nous faire oublier l’atmosphère voyeuriste du spectacle, les six actrices dansent sur la musique langoureuse d’Alexander MacSween le temps d’un interlude aguichant qui suit chaque récit.
Les cubes s’allument et s’enfument alors que les personnalités de Nelly Arcan s’offrent au public.
Un combat personnel dur à soutenir
Malgré les liaisons musicales et dansantes entre chaque tableau, on peut avoir du mal à faire un lien narratif entre les passages. Chacun, en fonction des sentiments qui le touchent le plus, trouvera plus d’intensité, ou de profondeur dans tel ou tel récit, un peu moins dans tel autre.
Chaque spectateur vivra donc la soirée avec un rythme plus ou moins soutenu.
Mais peu importe les expériences et les attentes personnelles, on est tous interpellés par les facettes langoureuses de ce combat. Ce combat parfois touchant, parfois malaisant, mais toujours si brutal entre la rage de vivre et la souffrance mortelle d’une des plus grandes forces de la littérature québécoise. On connaît le gagnant.