Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Mercredi dernier, nous retournions chez Duceppe, après quasiment une année d’attente, pour découvrir la nouvelle mouture de King Dave, mettant en scène le jeune et talentueux Anglesh Major.
Rappelons rapidement que King Dave a été présenté à guichets fermés à La Licorne en 2005 et a valu à Alexandre Goyette le Masque du texte original et celui de l’interprétation masculine. Omniprésent dans l’histoire théâtrale comme l’un des textes majeurs du début du XXIe siècle au Québec, le réalisateur Podz l’adapte par la suite au cinéma, à travers un plan-séquence unique d’une heure et demie. Un plan-séquence des plus ambitieux et fascinants que nous ayons pu voir à ce jour, d’ailleurs.
Aujourd’hui, Alexandre Goyette réécrit son texte aux côtés d’Anglesh Major (diplômé de l’UQAM en 2017 et vu récemment dans Les Amoureux à Denise-Pelletier, mais aussi au petit comme au grand écran) qui interprète ce Dave de 2020.
Après une rencontre nuisible et une peine d’amour, Dave est submergé par la tristesse, la colère et la peur. Les mauvaises décisions du jeune homme font qu’il tombe dans un engrenage de violence et plonge dans une rapide descente aux enfers. En quelques jours, sa vie bascule. Mais où se terminera sa chute ?
La scène laisse place à un piano et à des accessoires techniques (coffres de transports, pieds de micros, etc.) nous confrontant à l’envers du décor des spectacles après ces mois pandémiques passés trop loin des scènes théâtrales. La mise en scène est simple, efficace et assez transparente, laissant toute la place à Anglesh Major et au texte de résonner avec les spectateurs. Les éclairages sont très esthétiques et nous immergent rapidement dans les différentes atmosphères que traversera Dave, accentuées par la bande sonore réalisée par Jenny Salgado, qui semble tout droit sortie d’un film, et qui entretient notre immersion dans cette narration.
Anglesh Major brille. De son entrée sur scène dans la pénombre, simplement illuminé par une douche lumineuse lorsqu’il se met à jouer du piano jusqu’à son monologue final. Interprétant tous les personnages, il alterne avec brio chacun de ses rôles et maitrise son interprétation et ses cassures de rythmes et de tons. Passant également de la colère à la peur, de l’humour à l’audace, il transmet ces différentes émotions avec fluidité. Le tout est accentué par une scénographie réfléchie, volant certains codes au stand-up, par exemple lorsqu’il devient narrateur en prenant certains micros sur scène ou bien lors de plusieurs apartés faites au public. Anglesh Major excelle dans l’utilisation de son espace et dans l'interprétation de son texte et de ses morceaux joués au piano (qui nous ont donné des frissons !). De plus, malgré l’aspect dramatique de ce texte et de l’enfer dans lequel Dave tombe, Major a fait rire la salle aux éclats une multitude de fois. La séquence de drague avec Isabelle est une petite pépite dont nous nous souviendrons longtemps !
Le texte, revu au goût du jour, où les questions de réseaux sociaux et d’image de soi, mais surtout d’identité, de racisme systémique, d’agressions et de rapport à la ville, l’ancrent plus que jamais dans son actualité. Nous notons quelques longueurs qui apparaissent sur la dernière demi-heure, où parfois le discours nous semblait légèrement trop explicatif. Néanmoins, il était urgent de voir plus de diversité sur la scène théâtrale actuelle. C’est fou à quel point cette oeuvre gagne tout de suite plus de profondeur en mettant en scène un acteur noir, haïtiano-montréalais, parlant à la fois français et créole durant sa performance. Cette diversité culturelle apparait également musicalement, avec la signature sonore de Jenny Salgado. Celle-ci précise : « Comme la pièce se passe dans les quartiers où il y a une importante communauté haïtienne, ça résonne dans la musique aussi, tout comme dans le langage, le parler, l’accent. Je suis donc allée chercher des sons fidèles à cette réalité haïtiano-montréalaise. »
En sortant de Duceppe, nous avons relu le texte d'Alexandre Goyette pour ressentir pleinement sa réécriture. Et, bien que le texte initial nous semble encore très actuel, cette réécriture, enrichie par la collaboration d’Anglesh Major, amène une toute nouvelle couche de lecture, de profondeur et de réalisme. Comme le dit si bien le metteur en scène, Christian Fortin : «En 2020 King Dave est le même, son histoire est la même. Notre monde, NON. À l’ère des réseaux sociaux, de la mise en scène de soi, […] De #MeToo, de Black Lives Matter… King Dave ne résonne plus pareil. En ces temps troubles, sa prise de parole va au-delà de son histoire personnelle, elle est maintenant revendicatrice, engagée, incisive et douloureuse. »
Après un petit deux heures de seul en scène, c’est sans surprises que toute la salle applaudit à pleine poigne le temps de plusieurs rappels. Anglesh Major était déjà un artiste de la relève auquel il fallait s’intéresser. Aujourd’hui, nous vous confirmons qu’il ira très loin.
Malheureusement, toutes les représentations à Duceppe sont déjà complètes. Néanmoins, le spectacle prendra la route dès l’automne prochain au Québec et s’arrêtera, entre autres, à Laval, Sainte-Thérèse, Shawinigan et Québec. Patrick Emmanuel Abellard reprendra le rôle-titre pour la tournée.