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Olivier a fui son noyau familial il y a 6 ans sans raison, du moins, sans que ses parents et sa soeur Isabelle ne soient au courant des raisons qui l’ont poussé à partir. Chaque membre touché par ce départ a cru détenir un morceau de l’énigme sans jamais se douter que le silence d’Olivier était l’écho de son mal-être à l’intérieur d’une famille qui parle beaucoup, mais qui n’écoute pas réellement. Du 25 février au 7 mars 2020, la pièce Hope Town de Pascale Renaud-Hébert sera sur scène au Théâtre La Licorne dans une mise en scène de Marie-Hélène Gendreau.
Qu’est-ce qui pousse un jeune de 16 ans à quitter sa famille sans jamais plus donner signe de vie? La pièce Hope Town est l’histoire d’une famille ordinaire, aimante, qui a un jour subi le départ inexpliqué d’Olivier, le fils. La mère a toujours été confiante de retrouver son fils un jour, le père espérait en lui-même retourner à la chasse avec son fils, la soeur croyant que son frère avait peut-être fui à cause de la douloureuse perte d’un ami lors d’un accident il y a 6 ans. Plusieurs hypothèses ont été sondées, mais la vérité, la simple vérité se retrouve dans le silence d’Olivier. Qui l’a écouté?
Alors qu’Isabelle, la soeur d’Olivier, est en voyage avec son amoureux en Gaspésie, ils font un arrêt dans un Subway. Là, dans ce modeste restaurant situé dans la petite ville de Hope Town, Isabelle aperçoit son frère derrière le comptoir, portant le prénom “Mathieu” sur son insigne d’employé. Le frère et la soeur se regardent, sans rien dire, sous le choc, la peur, l’incertitude et l’incompréhension les mobilisant. Isabelle questionne, crie, retient son frère, insiste pour qu’il lui dise ce qui s’est passé, pourquoi est-il maintenant à Hope Town, pourquoi s’appelle-t-il Mathieu? A-t-il été enlevé, l’a-t-on menacé, est-il en sécurité là, dans ce Subway si loin de leur maison?
"J’suis juste parti parce que j’vous aime pas."
Isabelle refuse d’abord cette réponse et implore son frère de revenir à la maison, ne serait-ce que pour rassurer leurs parents, qu’ils cessent de le chercher et de s’imaginer les pires scénarios, qu’ils sachent que leur fils est parti tout simplement parce qu’il voulait consciemment partir et couper les liens avec sa vie d’avant.
Olivier reviendra quelques mois plus tard. Osera-t-il dire à ses parents la vérité, celle qu’ils refuseront d’entendre, car ne lui ont-ils pas tout donné, un toit, l’amour, la sécurité, ne lui ont-ils pas donné le meilleur d’eux-mêmes? Mais à l’intérieur de sa cellule familiale, Olivier étouffe. Il a pourtant essayé de s’adapter à sa famille, mais il n’y s’y est jamais senti bien. Il est différent d’eux.
Entendre n’est pas écouter
L’auteure Pascale Renaud-Hébert, qui personnifie Isabelle sur scène, n’a pas voulu instaurer de drame majeur dans l’histoire d’Olivier et a laissé toute la place aux mots et aux non-dits entre les membres de la famille. Bien que chacun soit rempli de bonne volonté et d’un amour sincère pour les autres, leurs confidences se font à demi-mot, par peur de faire mal, peur de perdre l’autre encore une fois, peur de dire une vérité qui n’a certes rien de tragique, mais qui peut tuer l’amour propre de ceux qu’on aime, au fond, maladroitement.
"J’ai pas de lien avec vous."
La famille d’Olivier est magnifique, simple, remplie d’amour. La mère (Nancy Bernier) veut ce qui a de mieux pour son mari et ses enfants. Émotive, elle est si heureuse d’avoir retrouvé son fils, mais en même temps elle a l’impression de ne plus le reconnaître, de ne plus savoir ce que son fils aime ou non, de ne plus savoir comment répondre à ses besoins. Elle n’hésitera pas à lui partager l’indescriptible douleur qui l’a affligée pendant toutes les années de silence d’Olivier.
Le père (Jean-Sébastien Ouellette) tente d’ouvrir ses oeillères pour mieux accueillir son fils, mais sa vision de la vie est restreinte à la chasse, la pêche, le bois, aux souvenirs, parfois on sent sa vulnérabilité dans ses échanges, mais il garde toujours la tête hors de l’eau, fier et droit. Il aimerait bien comprendre ce fils végétarien, assoiffé d’horizons, de liberté et d’émancipation.
Olivier (Olivier Arteau) est un jeune homme nerveux, hyperactif, désemparé lorsqu’il est en contact avec les siens. Comme un loup qu’on cloîtrerait dans une famille d’outardes, il ne se sent simplement pas lui-même parmi les siens. Il aura beau crier qu’il n’aime pas la chasse ni la viande, qu’il n’a jamais aimé sa chambre Star Wars d’adolescent, la vérité est qu’il n’est juste pas bien là, avec eux, en Abitibi. Il aurait pu reprocher à sa famille de ne pas l’écouter réellement, mais il a préféré fuir, prendre le large, se donner une chance d’être libre d’être qui il est.
Isabelle (Pascale Renaud-Hébert), la soeur, tente d’être le phare de la famille, la lumière, l’arbitre. Son amoureux (Jean-Michel Déry) l’accompagne avec patience et tendresse, force et amour, osant parfois la mettre au pied du mur, insistant pour qu’elle s’ouvre les yeux; son frère ne les aime pas point. Qu’elle cesse de lui chercher des excuses, Olivier a déjà répondu sincèrement aux raisons de sa fuite. Au départ, Isabelle interdit formellement à Olivier de dire la vérité à leurs parents, il n’est pas question qu’il détruise leur passé ni leur présent. Au fil des scènes, Isabelle s’ouvre de plus en plus à son frère, le lien fraternel est fort malgré l’incompréhension: elle écoutera avec son coeur, elle écoutera réellement son frère bien-aimé.
Non seulement Hope Town amène les spectateurs à réfléchir sur les liens familiaux et la nature de ceux-ci, mais le texte amène aussi des nuances quant à la capacité d’écouter l’autre, dans cet art qui s’apprend, mais qui demande de laisser tomber toutes ses barrières physiques, rationnelles et émotives. L’art d’écouter n’est pas simple. Entendre l’autre demeure passif, sans contrainte réelle, sans remise en question. Mais écouter....
La pièce Hope Town est un hymne à la liberté d’être, à l’ouverture, à l’acceptation totale des autres malgré le fait qu’ils puissent parfois nous brimer, nous faire taire. Il y a beaucoup d’amour entre les membres de cette famille dépeinte par Pascale Renaud-Hébert, un désir sincère de comprendre l’autre, bien qu’on soit prisonnier de ses propres dogmes.
La mise en scène de Marie-Hélène Gendreau est précise et rythmée. Chaque acteur est sublime sur scène et se meut naturellement dans l’histoire selon le vécu, les peurs et les caractéristiques de son personnage. Le texte ne dit pas tout et se dévoile aux spectateurs comme une pièce musicale: il faut écouter les silences entre les notes pour bien saisir la mélodie.
La programmation du Théâtre La Licorne se trouve ici.
Merci à l’équipe du Théâtre La licorne pour leur collaboration.
Hope Town
Du 25 février au 7 mars 2020
Théâtre La Licorne
Production La Bordée en coproduction avec le Collectif du vestiaire et en codiffusion avec La Manufacture
Texte: Pascale Renaud-Hébert
Mise en scène: Marie-Hélène Gendreau
Avec Olivier Arteau, Nancy Bernier, Jean-Michel Déry, Jean-Sébastien Ouellette et Pascale Renaud-Hébert
Assistance à la mise en scène: Émile Beauchemin
Décor: Ariane Sauvé
Costumes: Julie Lévesque
Éclairages: Félix Bernier-Guimond
Musique: Josué Beaucage
Accompagnement dramaturgique: Olivier Choinière