Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Il y a un peu plus d’un an, je parcourais des yeux les clichés alignés comme sur une corde à linge des habitants de Villeray, captés par le regard de Marcelle Dubois. Accompagnée d’une photographe, l’auteure était allée arpenter les rues du quartier dans lequel se trouve le Théâtre aux Écuries pour rencontrer ses résidents, et ainsi créer une ébauche de cartographie sociale, à la fois prélude à la représentation et prolongement de sa démarche anthropologique. C’était en marge de la première de sa pièce Habiter les terres, une fable entre bestiaire tapageur et manifeste politique, ode aux terres tristement désertées de l’Abitibi-Témiscamingue et aux vastes territoires intérieurs de ses habitants.
Un an plus tard, Marcelle Dubois ouvre les portes du Théâtre aux Écuries aux habitants de Villeray et de partout ailleurs, pour dévoiler les conclusions de son enquête de terrain. Pendant un an, elle est allée à la rencontre du quartier, découvrir le terrain en récoltant les images des territoires intérieurs de ses habitants. Sur scène, 5 comédiens sont alignés, un peu comme sur une corde à linge. 4 d’entre eux, face à un pupitre, vont donner corps aux voix de Villeray. La cinquième, avatar de Marcelle Dubois, relate à la première personne et à l’aide d’un rétroprojecteur les différentes étapes de l’enquête. Lorsque l’on initie une enquête de terrain, on commence toujours par délimiter un territoire. On apprend que le quadrilatère qui nous intéresse est cerné par 4 stations service et la métropolitaine au Nord, que le parc Jarry, poumon vert un peu trop à l’ouest, ne se trouve techniquement pas dans la zone d’investigation.
On commence par le coin nord-est, marqué comme un check-point par l’établissement d’un charmant italien qui a repris le garage de son père. Il avoue avec un sourire charmeur avoir fait quelques changements, mais la structure, les plantes et les employés sont restés les mêmes. S’en suit un kaléidoscope de portraits drôles et graves, sur lesquels on annonce sans détour s’être réservé le droit d’appliquer le filtre de la poésie. Villeray est un territoire multiculturel, que l’on apprend bipolaire, comme Berlin, le monde pendant la guerre froide ou comme peut l’être Montréal aujourd’hui. A l’Ouest de Papineau, le quartier frétille de commerces et attire les couples branchés, les touristes et les Français agglutinés autour des étals du marché Jean-Talon. A l’Est, les anciens immigrants côtoient les nouveaux et s’organisent pour faire vivre le quartier. Dans ce kaléidoscope de personnages hauts en couleur, il y a Ramon, ancien sociologue chilien arrivé dans Villeray peu de temps après le coup d’état de Pinochet. Dans son petit local de l’Est, il organise l’aide aux devoirs, réceptionne les colis alimentaires et apprend aux gens à manifester. Il y a aussi les bienveillants aînés de la Maison des grands-parents, et ce voisin direct du théâtre, qui cultive d’extravagantes courgettes et râle à cause du stationnement. Sur le boulevard Saint-Laurent Les Petites Mains, des immigrantes nouvellement arrivées qui développent leur première expérience de travail, parlent de leurs territoires, des images qui les habitent et ne les quitteront jamais. Tout comme les jeunes de Georges-Vanier, brillants de justesse et de candeur, dépositaires de la mémoire de leurs ancêtres et acteurs du territoire de demain.
Le quartier se déploie et se dévoile au fil des témoignages, sombre, lumineux, extatique et bouillonnant de vie. A l’instar d’Habiter les terres, Habiter Villeray est une réflexion sur la notion d’appartenance à un territoire, complétée d’une ode à la résistance et à l’identité plurielle.
TEXTE ET IDÉATION MARCELLE DUBOIS
PHOTOGRAPHIES JULIE BEAUCHEMIN
AVEC NICOLAS CENTENO, ARIEL IFERGAN, ANNIE RANGER, MARIE-ÈVE TRUDEL
MUSIQUE LIVE LUDO PIN
ÉCLAIRAGES ET DIRECTION DE PRODUCTION SAMUEL PATENAUDE
UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE AUX ÉCURIES
Habiter Villeray est soutenu par la Fondation du Grand Montréal dans le cadre du programme Levier Grand Montréal et a été présenté le 17 mars 2017 au Théâtre Aux Écuries.