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Du 1er au 4 juin, le très attendu Tableau final de l’amour, fruit du coup de foudre de Angela Konrad et Benoit McGinnis pour le roman de Larry Tremblay, était présenté pour une deuxième série de représentations à l’Usine C dans le cadre du Festival TransAmériques.
Le roman de l'illustre dramaturge et écrivain chicoutimien, plutôt que de s’astreindre à la rigueur historiographique, livre un portrait du génial et torturé Francis Bracon que l'auteur a extrait, sans vergogne, de l’oeuvre de l’artiste ainsi que d’éléments biographiques choisis et librement interprétés. Une démarche qui rend ainsi partiellement justice à ceux à qui le peintre a extorqué violemment et amoureusement la substantifique moëlle pour mieux l’offrir, éclatée en mille morceaux sur la toile, aux regards impudiques.
Déployant une multiplicité de moyens expressifs, dans une alternance entre théâtre, danse contemporaine et projections sur un écran amovible, la pièce mise en scène par Angela Konrad fait subir une nouvelle transformation à la matière langagière de la vie de Bacon puisée dans l’œuvre de Larry Tremblay, pour la donner à voir cette fois dans un spectacle ayant une forte composante graphique, et qui donne fidèlement chair à l’univers hurlant des peintures. Les fragments de cette vie sont recomposés dans une zoopraxographie, à la manière d´Eadweard Muybridge, influence importante de Bacon, qui permet d’analyser avec acuité la cohérence interne des divers mouvements qui la composent. Si les événements sont présentés dans une succession temporelle à peu près linéaire, le résultat final est le tableau d’un mécanisme fatalement et transversalement à l’œuvre, démonté sous la fascination morbide du public.
On traverse donc les épisodes, narrés par McGinnis, qui ont forgé le personnage, et qui permettent d’éclairer la genèse d'un rapport à l'autre et d'un rapport au corps empreints de violence, d'inquiétude et de perversion : le traumatisme initial du rejet d’un père abusif dompteur de chevaux au tempérament martial, les sévices sexuels, l’innommable horreur de la Première, puis de la Deuxième Guerre mondiale. Ces événements forment une longue succession de blessures à jamais béantes, inépuisables sources vives de création, de délectation et de douleur. Ils ont contribué à façonner la structure primaire de l'affectivité du peintre. Œuvre picturale, vie amoureuse, perversion, souffrance et extase se déploient dans leur articulation réciproque et dans leur lien originaire avec cet élément nodal.
Le tableau qui se dessine de cette vie de plaisir débauché et de supplice, qui donne à voir l’intériorité tumultueuse d’un être dont le parcours à travers les événements charnières du vingtième siècle offre sans contredit, dans sa singularité, un intérêt en soi, peut sans doute être lu aussi comme le reflet aux traits grossis ou comme la métaphore d’une figure universelle. Figure d’une humanité estropiée immémorialement, qui a reçu dans sa chair et dans son âme l’héritage de toutes les violences et souffrances passées, et qui se demande fiévreusement comment aimer et créer encore. Au terme de ce Tableau final de l’amour, on se prend à espérer naïvement que l’amour n’y soit pas montré dans son ultime forme.
Tableau final de l’amour était présenté à guichet fermé en première mondiale à l’Usine C du 18 au 21 mai, puis du 1er au 4 juin dans le cadre du Festival TransAmériques. Il sera repris, toujours à l’Usine C, du 5 au 16 septembre.