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Simoniaques théâtre présentait à Sherbrooke, le 12 décembre dernier, la brillante pièce de Simon Boudreault, devant l’une des plus grandes salles de sa tournée, et qui, pour l’occasion, affichait complet. On a été étourdis et charmés par la finesse de cette pièce, écrite avec honnêteté et intelligence.
Une superbe brochette de six acteurs s’est démenée sur scène, avec verve et mouvement, dans des rôles riches et attachants, sans entracte, sans perdre le souffle, alors qu’ils étaient au cœur même des changements de décors et de costumes, mis en scène par l’auteur, appuyé par une scénographie chorégraphiée par Richard Lacroix.
Les éléments simples et pourtant thématiques du décor (banquettes d’inspiration marocaine, voilages, bureau) se transforment au gré des besoins et des scènes, sans un instant de répit. On change d’ambiance, de lieux, d’état. Et on y greffe, de manière improbable, mais parfaitement réussie, l’absurde des histoires de religions qui se provoquent, comme celle des préjugés qui se confrontent.
La comédienne Marie Michaud, qui interprète une si touchante mère du marié, intellectuelle et je-m’en-foutiste, nous dira : « Ça va tellement vite! On est obligé de rester dans le moment présent pour jouer, être capable de passer d’une émotion à l’autre ».
Un auteur qui se mouille
Simon Boudreault se livre. « Comment je suis devenu musulman », c’est son histoire, sans faux-semblant, sa réflexion sur des situations importantes de sa vie. Cette histoire, c’est celle d’un jeune homme, joué par Benoit Drouin-Germain, qui se prépare à épouser sa compagne québeco-marocaine.
On retrouve dans la pièce quelques petites phrases savoureuses et coup de poing. Marie Michaud souligne : « Un texte bien écrit, c’est facile à jouer. » Mais elle a aussi été impressionnée par l’audace de l’auteur, de s’être un peu mis à nu dans cette pièce, sans tomber dans le drame excessif. Simon Boudreault l’écrit dans le programme : « J’ai vampirisé ma vie. »
Benoit Drouin, lui, parle d’une écriture fine et de virtuosité pour exprimer le talent nécessaire au jeu complexe et cadencé de la scène du Frère André, à la rythmique impeccable, qui est à pleurer de rire, et qui arrive même à nous donner envie de faire un pèlerinage à l’Oratoire Saint-Joseph.
Être musulman, ou le prétexte du choix
Cette pièce joue un tour. Il y est question non pas d’une religion, mais de la quête spirituelle de l’individu. De ses rites de passages, comme dira Marie Michaud. On aborde la rencontre, l’amour, le mariage, la famille, le divorce, la religion, la maladie, la mort : une grosse quête de sens, sur les éléments marquants de notre vie, qui déboule devant nos yeux.
On ne sort pas indemne de cette pièce. Que ce soit à cause de la polyvalence de Manuel Tadros, rabbin sage ou égorgeur de mouton; de la verve de l’humoriste Nabila Ben Youssef qui campe une « sorcière », une mère marocaine excessive et typée, mais humaine, et qui place les valeurs familiales avant celles de sa religion; ou surtout, à cause du jeu intense et léger de Marie Michaud, qui incarne la mère du marié souffrant de solitude et donnant la leçon sur le Petit Prince de Saint-Exupéry.
Constamment en questionnement sur la foi, sur la pratique de la religion, sur la vérité intérieure ou la vérité de la société, la pièce présente les excès des religions, sans jugement. Pour Nabila, la parodie du quiz télévisé l’a convaincu d’accepter le rôle : « J’ai constaté que la femme n’a sa place dans aucune religion. »
Simon Boudreault a pris une tempête d’émotions et de pensées et il en a fait un texte dynamique, humain, drôle, qui mérite amplement d’être vu sur scène. Parce qu’au fond, comme l’animateur de quiz le dit dans la pièce : « Si Dieu existe, c’est-son-problème! »
La troupe était en Tunisie il y a quelques jours pour présenter la pièce. Il reste seulement trois dates de représentations au Québec, en février 2018.