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Plutôt rares et précieux sont ces moments au théâtre où les étoiles semblent s’aligner, où l’intelligence du texte porte une pertinence sociale importante, mais où celle-ci sait s’empreindre également d’une interprétation sensible et d’une distribution charismatique. Voilà donc ce que propose le rendez-vous de Clandestines, présenté au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 11 février prochain.
Avec sa distribution de 7 comédiennes et comédiens et sa durée de 2h45 avec entracte, il n’est pas exagéré d’affirmer que Clandestines est ce qu’on pourrait qualifier de pièce-monument. D’abord par l’intensité de sa prémisse, qui propose un Canada dystopique (mais bien trop proche de nous) où le droit à l’avortement se retrouve restreint. Puis par la sensibilité de son propos, où ses personnages révèlent ce qu’il y a de plus humain en nous : le désir de vivre.
Ce sont Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent qui ont passé plus de quatre ans à penser cette création avec le Théâtre de l’Affamée et le Centre du théâtre d’Aujourd’hui. À l’ère du renversement de Roe contre Wade aux États-Unis l’an dernier, leur récit ne pourrait pas être plus criant d’actualité. Elles nous apprennent que nous ne sommes pas à l’abri d’un recul du droit des femmes, que l’opposition au choix se cristallise et s’organise, que les femmes doivent encore et toujours se battre pour avoir autorité sur leur corps. Mais elles nous montrent aussi tout le pouvoir de la solidarité, de la nuance et du contraste qui peut exister dans ce qui semble absolu, de la sensibilité dans ce qui peut sembler cruel.
Deux actes d'une puissance phénoménale
Nous ne pouvons réitérer assez l’importance d’une telle confrontation théâtrale. Du début à la fin, le soir de la première, le public était à bout de souffle, suspendu dans l’instant qui ne se terminait pas. La première partie de la pièce met en scène une clinique nocturne d’avortement illégale, où une médecin et sa stagiaire sage-femme font ce sacrifice nécessaire que d’être là nuit après nuit pour les femmes dans le besoin. On y vit leurs angoisses et les moments de vérité de leur quotidien, mais aussi la tragédie du rendez-vous qui peut mal tourner. Ici, Myriam Leblanc et Marie-Claude St-Laurent nous emmènent avec brio dans un monde de fatigue sous-tension, mais où la flamme de la résilience vacille et survit malgré tout. Cette performance marque le public au fer rouge, si bien que lorsque les lumières s’allument pour annoncer l’entracte, le silence persiste de longues secondes dans la salle.
Marie-Claude St-Laurent et Myriam Leblanc. Crédit photo: Valérie Remise.
Au retour, c’est un suspense politique de très bon goût qui nous attend. Les autrices ont bien su ne pas tomber dans un moralisme qui aurait pu paraître facile, voire cliché. Elles ont plutôt opté pour la rencontre et l’affrontement des convictions. On peut d’emblée célébrer l’interprétation de la militante anti-choix par la fabuleuse et attachante Diane Lavallée, ainsi que celle du politicien beaucoup trop crédible par Alexandre Bergeron. Si celles-ci nous ont fait particulièrement plaisir, toutes les performances sont dignes de mention, avec Nahéma Ricci en future mère tourmentée, Sofia Blondin en future mère en colère, Mattis Savard-Verhoeven en jeune avocat vertueux, et Sarah Laurendeau en attachée politique résignée. Vraiment, il est possible de reconnaître tout le travail qui a été consacré à cette œuvre pour qu’elle voit le jour, et toute la minutie qu’on lui a accordée.
Nahéma Ricci et Sofia Blondin. Crédit photo: Valérie Remise.
À la tombée du rideau, c’est l’entièreté du public qui s’est levé à l’unisson, acclamant sans équivoque ce bel exemple d’art vivant, celui qu’on utilise pour sensibiliser, pour instruire, pour choquer, mais surtout pour grandir ensemble. Il y avait aussi cette fierté qui se lisait dans le visage de tous les interprètes, celle-ci qui naît peut-être d’avoir participé à quelque chose qui dépasse largement les murs du théâtre.