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On dit que le théâtre doit te faire vivre une expérience, mais lorsqu’il aborde ce que tu vis chaque jour, c’est assez déconcertant. La pièce Chienne(s) des deux auteures Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent, présentée dans le cadre du festival Dramaturgie en dialogue, exprime ce avec quoi j’ai dû apprendre à me définir : l’anxiété.
Je n’ai jamais écrit au « Je ». C’est toujours un défi de le contourner, mais d’essayer de faire ressentir aux lecteurs ta perception de l’œuvre à laquelle tu as assisté. Je fais une brèche à ma rigueur aujourd’hui, parce que cette mise en lecture est venue me chercher par en dedans.
J’ai 21 ans, la protagoniste en a 30. La vie l’angoisse. Sans raison apparente. Elle est entourée par des gens qui ont mille et une raisons d’avoir plus peur qu’elle : sa meilleure amie s’est fait violer, son propriétaire a le cancer. Ça devient tabou, dur de parler de quelque chose qui ne se définit pas et à laquelle on a aucune explication, juste de l’incompréhension. Je viens d’une bonne famille, j’ai le privilège de poursuivre mes études à l’université, de voyager. Mais chaque jour, comme elle, je marche les points serrés en revenant de travailler, je fais semblant de parler au téléphone, je change de bord de rue quand je rencontre quelqu’un. Pourquoi on a peur à 20, 30, 40 ans et toute la vie durant, c’est parce que la société nous a enseigné à être vulnérable.
Le sexe faible
Assis dans leur siège bleu du Théâtre d’aujourd’hui, les hommes peuvent se sentir « imposteur », pour reprendre le terme employé par l’un des comédiens qui assurait la mise en lecture, Rodley Philogène-Pitt. Au terme de la soirée, les commentaires et questions de la salle ne sont soumis que par des femmes. Et c’est beau. On a une tribune, enfin. Le droit de crier, à une salle au moins, qu’on perd le souffle dans la société patriarcale qui nous opprime.
La pièce n’est pas une œuvre à propos féministes, comme l’expliquent les auteures, mais les procédés le sont. Le texte remis à la metteure en scène, Solène Paré, est non-genré. Ça lui permet de faire des choix : ce personnage est un garçon, celui-là une fille. Mais aussi, à se questionner sur l’impact qu’ont ses choix sur l’interprétation de la pièce. « Qu’est-ce que les spectateurs ressentiraient si tel personnage était homosexuel ? »
L’anxiété n’a pas d’âge et n’a pas de sexe. Sans expliquer l’inexplicable, la pièce fait ressentir le sentiment d’avoir les deux mains à la gorge quand ça te prend de court. « Je ne vous dirai pas merci, parce que je me sens particulièrement anxieuse après avoir vu autant d’anxiété, lâche une spectatrice à la fin du spectacle, mais bravo! » Oui bravo à ces deux auteures qui m’ont donné envie de lire toutes leurs autres œuvres parce que c’était trop vrai. Si écrire une pièce aussi à propos prend trois ans de recherches, de multiples versions, trois ans ce n’est rien.
La pièce s’est comprise, appréciée avec seulement neuf comédiens et neuf chaises. J’ai déjà hâte de la voir montée avec des décors, des accessoires, des costumes, de l’éclairage. Chienne(s) peut se vanter toutefois de ne pas avoir besoin de tout ce flafla, parce réussir à passer un message aussi clairement avec un texte en main, c’est déjà mission accomplie.