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« Au Japon, le phénomène des Évaporés est foncièrement perturbant. En effet, 100 000 japonais, chaque année, organiseraient leur disparition volontaire. Et vous ? Comment disparaissez-vous de vous-mêmes ? » nous questionne l’autrice Rébecca Déraspe.
Avec Ceux qui se sont évaporés, Déraspe livre un texte fort, malgré son sujet principal délicat qui suit la disparition du personnage d’Emma, une jeune mère dans la trentaine, de surcroît conjointe, fille, amie et qui menait jusqu’à présent une vie « normale ». Pourquoi ce départ brusque arrive-il? Comment vivre avec l’absence? Comment subir la disparition? Le deuil? Ses proches chercheront à comprendre tout en apprenant à vivre avec les conséquences de son acte.
Nous sommes frappés par ce texte habilement écrit, sincère et dur. Si, parfois, on accepte d’abandonner parents, fratrie et conjoint, comment peut-on abandonner son enfant ? Est-ce que le temps ou l’absence apaisent les maux et les mots ressentis à un moment de notre vie ? Comment vivre avec le manque ? Autant de questions que pose Rébecca Déraspe à travers un intelligent montage parallèle de plusieurs lignes de temps, de ligne de vie. On saute d’une temporalité à une autre où se mêlent et s’entremêlent de multiples séquences. Avec une narration tendant tantôt vers un objet cinématographique, tantôt romanesque, sans trop jouer pour autant avec ces artifices, la mise en scène est au service de ce texte fort et poignant. C’est à travers les âges de la vie, allant de la création de la parole jusqu’aux sensations ressenties avant la mort, que nous avons la chance de nous balader grâce aux expériences des différents personnages présents sur scène.
Alternant délicatement entre l’idée de la passation familiale et de l’abandon des traditions matriarches, le texte est un cri pour toutes ces générations de femmes délaissées et emprises d’une certaine charge mentale. Nous soulignons plusieurs dialogues écrits avec justesse sur les relations, les souvenirs, l’importance des sens et des choses simples. Le face à face final mettant en scène Eléonore Loiselle et Geneviève Boivin-Roussy créera un moment électrique et palpable ressenti par tous les spectateurs avant le noir final qui fera retentir les applaudissements.
Côté distribution Geneviève Boivin-Roussy, interprète d’Emma, porte la pièce sur ses épaules. Elle est magnétique dès son apparition. Son regard, à la fois navré et en même temps inconsolable capturera notre attention pour les deux heures qui s’en suivront. À ses côtés, tous les seconds rôles viennent élever sa performance en portant le texte. Reda Guerinik, Éléonore Loiselle ou encore Vincent Graton sont assez bouleversants.
La scénographie, offrant aux spectateurs d’entourer à moitié les personnages, accentue l’idée d’un certain voyeurisme et de regards inquisiteurs sur leurs actes, leurs dires. Cet enfermement vient également petit à petit les asphyxier dans cette descente aux enfers de l’absentéisme du coeur familial. Néanmoins, en fonction de la place où vous serez assis, certaines émotions vous passeront parfois à côté, vous sentant plus ou moins immergés dans la narration. La mise en scène est complètement au service de ce texte dense, qui parfois viendra un peu trop chercher l’universel à défaut d’aller gratter vers l’humain, les sentiments, et les non-dits.