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La pièce Candide ou l'Optimisme de Voltaire a ouvert la saison 2018-2019 du Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Après une remise de prix soulignant la contribution exceptionnelle de plusieurs artisans de la saison précédente, le TNM s'est rempli à nouveau de tout ce bourdonnement joyeux avec les retrouvailles des aficionados du théâtre mythique. À l'affiche, une pièce forte et incontournable de la dramaturgie du siècle des Lumières, Candide ou l'Optimisme, dans une mise en scène étonnante et déjantée signée Alice Ronfard.
Écrit en 1759 sous le pseudonyme de Docteur Ralph (la censure étant omniprésente à l'époque), ce conte philosophique visait à se défaire des idées de noirceur qui alourdissaient encore le XVIIIe siècle, celui-ci aspirant plus que jamais à la « Lumière ». Voltaire, qui s’opposait radicalement à la théorie du fatalisme de Leibniz (où « rien n'arrive pour rien » – concept encore fortement véhiculé de nos jours – et où « Dieu a tout prévu » dans un « ordre pré-établi parfait et immuable »), a plutôt cherché à briser les chaînes de l'homme en se défaisant de ce fameux principe de « raison suffisante » qui le liait à une volonté divine, autant irrationnelle que toute-puissante. Il a pourfendu cet optimisme béat et pétri d'impuissance, par son fameux : « Il faut cultiver son jardin » qui redonnait ainsi à l'homme la responsabilité de sa vie et de sa destinée. Pour arriver à cette transformation, Voltaire fait vivre à son héros, Candide, toute une série d'aventures et d'épreuves qui, à l'instar d'Ulysse, le transforment à jamais. Parcourant la terre entière, Candide vit une multitude d'épreuves et de désillusions qui lui font perdre son idée qu'il vit « dans le meilleur des mondes possible. » Il intègre ainsi le principe de réalité.
C'est à ce voyage éminemment moderne et d'actualité que nous convie le TNM. L'auteur Pierre-Yves Lemieux, qui a adapté le texte pour la scène, n'a pas cherché à nous le rendre dans son intégralité ni au plus près de sa vérité historique, mais plutôt à le « transcréer » tel qu'il le voyait. C'est donc « une œuvre dans l'œuvre » à laquelle on a affaire ici. Il a choisi d'inclure deux niveaux de narration dans le spectacle, soit Voltaire comme auteur mais aussi comme personnage faisant partie intégrante de la pièce en train de se créer sous ses yeux. Ainsi, dans cette « transcréation », on retrouve Voltaire et sa troupe dans sa maison de Ferney, à Genève, où il vient se réfugier après avoir été chassé de la Cour de Louis XV. Il y reçoit sa troupe d'acteurs qui créent « Candide » sous ses yeux. C'est un work in progress à laquelle il participe activement. Ces choix conjoints de Lemieux et Ronfard sont dictés par le désir de concilier l'humour et la philosophie. Comme le texte original de Candide était écrit avec un ton ironique, l'auteur et la metteure en scène ont souhaité que la pensée reste ludique. Ils ont misé sur le fait que les gens pousseraient ainsi mieux leur réflexion quant aux thèmes graves et voltairiens qui sont présentés, à savoir l'inutilité de la guerre, la remise en question de l'omniprésence de la religion, la dénonciation de l'esclavage, le rejet des utopies, la victoire de la Raison sur l'obscurantisme et l'emprise du Mal sur le monde. Alice Ronfard a spécifié que « réfléchir, c'est ludique », et qu’« […] en montrant des acteurs qui sont en train de réfléchir, de jouer, [elle] savait que ça ne deviendrait jamais lourd, statique. »
Je dois dire que je suis restée assez dubitative quant à ces choix... Il faut dire, pour ma défense, que je préfère toujours les mises en scène qui se rapprochent le plus possible de l'œuvre originale, plutôt qu'une « réinvention » de l'œuvre. Voir les acteurs transformer une chaise en un animal féroce, un tréteau en continent ou voir apparaître un personnage affublé de deux antennes surmontées de deux gros cercles orange (qui me faisaient penser aux TéléTubbies), évoquait pour moi davantage le théâtre pour enfants qu'il ne suscitait le rire... Je n'ai définitivement pas retrouvé l'ironie rusée de Voltaire, utilisée davantage pour contrer la censure étouffante de l'époque que pour faire rire les gens... À mon avis, cette utilisation du burlesque desservait davantage le propos de Voltaire qu'il ne le moussait... Je dirais qu'il l'annulait, même. Je me demandais ce que l'on cherchait à me dire, finalement... Où cherchait-on à m'amener ? Vers le monde et la réflexion de Voltaire ou vers le rire facile et « au ras des pâquerettes » du burlesque ? Bref, je n'ai pas fait le lien entre les deux, tel que souhaité par les auteurs...
Nonobstant cette critique, notons toutefois l'énergie impressionnante et le talent indéniable de Emmanuel Schwartz dans le rôle de Voltaire, et l'excellent choix de Benoît Drouin-Germain pour le rôle de Candide. Les autres comédiens, Valérie Blais (Madame Denis et La servante), Larissa Corriveau (Cunégonde et Mlle Adrienne Paquette) ainsi que Patrice Coquereau (Pangloss et autres rôles) tiraient très bien leur épingle du jeu et formaient une équipe unie, regardant dans la même direction.
Bref, la première pièce de la saison du TNM, Candide ou l'Optimisme, demeure une œuvre intéressante à voir pour connaître, tout d'abord, l'œuvre de Voltaire (en partie) mais, également, l'imaginaire fertile et débordant de nos créateurs contemporains.