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Du 14 mars au 8 avril 2017, le TNM présente Caligula, une pièce phare du grand écrivain, dramaturge et essayiste du 20e siècle, Albert Camus. Dans une mise en scène très sobre et dépouillée, René Richard Cyr nous présente cet empereur romain mégalomane, fou, sanguinaire et despote, qui vécut à Rome, de l'an 12 à 41. Benoît McGinnis, comédien très actif sur la scène théâtrale, et initiateur du projet, incarne et livre ici un Caligula magistral.
C'est en 1938 que cette pièce maîtresse de Camus fut écrite; elle fut jouée pour la première fois en 1944. Faisant partie du cycle de l'Absurde, avec L'étranger et Le mythe de Sisyphe, Caligula, sous des dehors presqu'essentiellement sanguinaires, cherche en fait le sens de la souffrance, et par là, le sens de la vie.
Jean-Jacques Rousseau, écrivain du 18ème siècle, écrivait : « L'homme naît bon, c'est la société qui le corrompt. » Je suis tentée ici de faire le parallèle avec Caligula. Au début de son règne, en 37, le peuple romain aimait beaucoup son empereur. Durant les 6 premiers mois de son règne, les Romains se réjouissaient d'avoir un empereur « juste, utile et libéral », qui leur faisait oublier la sinistre fin du règne de Tibère. Le Sénat lui décerna même un bouclier honorifique en or, et le peuple chantait des hymnes à sa louange... Or, la vie se chargea de mettre sur son chemin des épreuves qui le firent changer du tout au tout, et devenir l'empereur sanguinaire et tyrannique que l'Histoire a retenu... C'est suite à une grave maladie et à la mort de sa sœur bien-aimée, de laquelle il était follement amoureux et avec laquelle il vivait une relation incestueuse, que Caligula perdit la tête et devint le tyran de son peuple. Ivre de souffrance et de dépit, ne réussissant pas à trouver un sens à toute cette souffrance « absurde », il changea dès lors drastiquement et devint l'un des empereurs les plus sadiques, tyranniques et sanguinaires que l'Histoire eût connus.
La pièce s'ouvre avec la mort de la sœur de Caligula, Drusilla, (Rebecca Vachon), dans un bain de sang et sous des projecteurs à la lumière crue, blanche et intense, ne laissant aucune ambiguïté quant à l'importance de cette scène fondatrice. Dès lors, Caligula ne sera plus qu'un tyran sanguinaire pour son peuple, faisant torturer et assassiner même ses plus fidèles sujets. Sa réponse à la douleur, à l'absence de sens de l'existence (l'existentialisme de Camus), sera la méchanceté, la mégalomanie et la recherche de l'absolu à travers une liberté et une méchanceté sans bornes. Caligula est tellement enragé face à la condition humaine – et en rupture avec celle-ci - qu'il voudra égaler les dieux, prendre leur place, être leur égal, voire leur supérieur. On le verra dans la pièce se prendre pour Jupiter, un foudre à la main, se faisant trimballer sur un char par ses sujets. Il désire se venger de sa condition humaine; il désire avoir tous les pouvoirs, la liberté absolue, dusse-t-il se transformer lui-même en dieu pour y accéder. Sa soif de pouvoir est illimitée et inextinguible. Il l'exprimera en ayant le droit de vie ou de mort sur ses sujets, qu'il fera allègrement torturer et assassiner, avec la complicité de sa maîtresse, Caesonia, (Macha Limonchik). Durant un temps, la seule réponse possible du peuple est la terreur et la soumission. Cependant, comme dans tout règne abuseur, vient un jour le temps de la révolte de l'opprimé. Ainsi, menée par Cherea, (Etienne Pilon), la révolte gronde au sein du peuple, et la préparation du meurtre de Caligula prend forme. Caligula comprend alors qu'il ne peut tout détruire autour de lui sans se détruire lui-même. Une petite étincelle humaine vient de s'allumer en lui. Il s'aperçoit aussi qu'il est devenu très seul, ayant fait exécuter presque tous ses sujets. Cet acharnement à tout détruire autour de lui ne peut avoir qu'une seule issue : sa propre perte.
En choisissant un décor minimaliste, pour ne pas dire « aucun décor » - outre des poutres d'acier et quelques objets d'appoint - René Richard Cyr a voulu laisser toute la place aux mots, au grand lyrisme de Camus. Le texte est très fort et intense; le spectateur doit être très attentif tout au long de la pièce, s'il ne veut pas en perdre des réparties importantes. (Malheureusement, là où nous étions placés, en arrière, au balcon, certains mots nous échappaient...) Le choix des costumes, (très sobres et gris), ainsi que le choix du « non-décor » visaient à décontextualiser la pièce, pour la rendre intemporelle et universelle. Aux spectateurs à faire leurs propres analogies avec certains des dirigeants qui nous gouvernent...
Caligula, une pièce à voir pour réfléchir sur l'emprise du pouvoir et en comprendre les tenants et aboutissants...
À l'affiche du Théâtre du Nouveau Monde jusqu'au 8 avril 2017.