Jeudi soir le 26 septembre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, les rires ont fusé à profusion lors de la première montréalaise de la burlesque et iconique pièce de théâtre Broue. Depuis le 6 juin 2019, elle met désormais en vedette « la nouvelle administration » composée de Benoît Bière, Martin Drainville  et Luc Guérin, les très dignes et très talentueux successeurs de Michel Côté, Marc Messier et Marcel Gauthier, qui composaient la formidable équipe originale.

Les trois nouveaux amigos, qui sont par ailleurs partenaires dans Les Productions ménage à trois, prennent ainsi la relève d’un trio de choc qui aura mené la pièce à bout de bras, et de succès en succès, durant près de quatre décennies, au cours de 3 322 représentations et devant un total de 3 394 195 spectateurs. 

Je rappelle que le texte de cette hilarante et immensément populaire comédie est signé Claude Meunier, Jean-Pierre Plante, Francine Ruel, Louis Saia, Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier. La pièce se veut être une caricature d’un temps révolu où la taverne était interdite d’entrée aux femmes, jusqu’à ce que la loi 55 vienne leur en redonner le droit en 1979. C’est sous le gouvernement de Maurice Duplessis, en 1937, que leur bannissement des tavernes avait été décrété.

Toute l’action de cette joyeuse bouffonnerie se passe dans un décor où l’on ne fait pas que restituer l’atmosphère d’une taverne du siècle dernier, d’où la femme avait été renvoyée, mais où l’on restitue également le contenu de l’estomac du très misogyne abominable homme des tavernes.

Si jamais le théâtre québécois devait se lasser de présenter cette pièce, ce serait forcément pour cause d’épuisement du sujet et par désintérêt du public, phénomène qui ne semble pas prêt de se réaliser, loin de là. Ce ne serait très certainement pas par manque de talent des actuels interprètes. À mon humble avis, Benoît Bière, Martin Drainville et Luc Guérin se sont admirablement bien approprié cette œuvre fétiche, d’où le titre de cet article, en prenant bravement le relais d’une équipe du tonnerre, qui a si magistralement cartonné durant tant d’années. Les chevronnés membres de la « nouvelle administration » ont saisi là l’occasion de donner la pleine mesure de leur incontestable talent pour la comédie et, n’ayez crainte, ils nous en mettent plein la vue.

Les trois comédiens incarnent tous plus d’un personnage, nous donnant ainsi l’occasion de pleinement apprécier leur incontestable polyvalence et leur manifeste génie pour le slapstick (la farce bouffonne).

Parmi mes coups de cœur,  je tiens à souligner l’exceptionnelle et quasi athlétique performance de l’ineffable Benoit Brière dans son rôle du soûlon Verrue, et des autres personnages très imbibés d’alcool qu’il incarne avec panache et brio. Celle de Martin Drainville dans  le rôle du fébrile et hilarant pompier Pointu dont la parlure est plutôt confondante.  Sans oublier Luc Guérin en Bernard, un gars hyper ventilé et hyper nerveux, bourré de tics et de manies à qui on attribuerait sans hésitation l’invention du mouvement perpétuel.

La nouvelle administration tire son épingle du jeu avec maestria. Elle nous présente un spectacle déridant qui vaut  grandement la peine d’être vu ou revu, comme en ont fait foi les très nombreux applaudissements recueillis lors d’une chaleureuse ovation  debout.

Même si l’équipe originale a placé la barre à une hauteur vertigineuse, je crois la nouvelle administration parfaitement capable d’atteindre de nouveaux sommets. Je lui souhaite un succès continu proportionnel à l’immense savoir-faire affiché par ses membres.

Apprenez-en davantage sur Broue, sur l’équipe de comédiens et sur le calendrier des prochaines représentations en accédant, ici, à son site internet. Ne ratez surtout pas cette occasion de vous dilater copieusement la rate.