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A L'Espace Go hier soir, il s’agissait de la première représentation d’Avant-garde, pièce de Marieluise Fleisser, mise en scène par Denis Marleau avec Dominique Quesnel en solo, accompagnée de Jérôme Minière à la guitare et à la voix.
La pièce raconte l'histoire d'une jeune fille de province, Cilly Ostermeier, désirant écrire auprès d’un génie dont elle deviendra à la fois dépendante et insoumise. Lassée de cette relation perverse, elle le quittera pour rencontrer un homme totalement différent, champion de natation.
A travers ce personnage fictif se dessine le récit autobiographique à la troisième personne de Marieluise Fleisser, ayant été l’amante et la collaboratrice de ce « génie » de 1923 à 1929. Elle écrit cette pièce en 1963, alors âgée de 62 ans.
Cilly Ostermeier, de muse à créatrice
Ce « génie » jamais nommé n’est autre que Bertolt Brecht… Et si l’on voit en lui un poète absolument talentueux, ses amantes n’étaient pas moins responsables de son succès en écrivant pour lui…
Avec peu de détails concrets et de repères spatio-temporels, Fleisser raconte ainsi comment cet homme l’a faite mûrir alors qu’elle n’était encore qu’une jeune étudiante, comment il lui a ouvert de nouveaux horizons intellectuels, comment il lui a appris à écrire pour le théâtre, comment finalement il l’a faite passée de muse à créatrice.
Une Dominique Quesnel captivante
Cette femme est ici incarnée par Dominique Quesnel et avec son petit côté de conteuse aguerrie, elle nous embarque assez rapidement dans ce récit poignant, en oscillant entre violence, tendresse et humour. La pièce dure 1h30 et on ne s’ennuie pas, même s’il peut nous arriver de décrocher à certains moments. Dominique Quesnel est captivante et sait utiliser le ton nécessaire pour stimuler l’attention. Avec une sobriété dans le décor, des images floues projetées sur les cases illustrant les propos évoqués, et les ombres en arrière-plans, on focalise notre regard sur cette femme face à nous, tout en appréciant la métamorphose constante autour d’elle.
Une musique appréciée mais peu légitimée
On notera par ailleurs la présence de Jérôme Minière intervenant à cinq reprises durant la pièce pour y chanter des chansons de Bertolt Brecht et Kurt Weil, deux en anglais et trois en allemand. Bien qu’il soit très agréable d’entendre et de voir de la musique en direct avec en l’occurrence une voix douce et poétique, on peut néanmoins s’interroger sur la justification de ce choix de mise en scène. Certes, cela permet de courts intermèdes très agréables, tant pour la comédienne que pour les spectateurs, mais on saisit difficilement le choix de ces chansons et le rapport avec le propos si ce n’est de faire un rappel des productions du « génie » dont il est question. Il aurait été judicieux de rendre les paroles plus compréhensibles pour les spectateurs uniquement francophones.
Bien qu’il ait été écrit à une époque où la femme artiste avait encore peu de légitimité, ce récit poignant apparaît toujours aussi actuel en traitant des paradoxes d’une femme créatrice, avec ses sentiments, ses doutes et son affirmation en tant que personne. Il est néanmoins utile pour saisir le contexte et le sens de cette pièce de se renseigner en amont sur ce dont il est question, car on risquerait de rester dans le flou historique... Une interprétation qui suscite toutefois beaucoup d’intérêt pour Dominique Quesnel et Denis Marleau le metteur en scène, à découvrir jusqu’au 15 Avril prochain. Détails par ici.