Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Mercredi dernier, le Théâtre Denise Pelletier ouvrait sa saison avec À Cause du Soleil, une pièce d’Évelyne de la Chenelière, (à l’affiche du 21 septembre au 15 octobre 2022). Mis en scène par Florent Siaud, la pièce offre une relecture extrêmement touchante et engagée de L’Étranger. Une reprise de l’œuvre d’Albert Camus qui rend aussi bien compte de la force du texte que de ses zones d’ombre.
Ceux qui s'apprêtent à aller voir une adaptation fidèle de l’Étranger d’Albert Camus dans la pièce À cause du soleil, risquent d’être déçus ! Si Évelyne de la Chenelière a tissé son intrigue sur les mots de l’auteur, elle les étire en y ajoutant ceux de Medi, jeune algérien immigrant au Québec, 80 ans plus tard. Meursault, le héros de Camus, étranger de l’Algérie des années 50 est ainsi dédoublé par Medi, étranger du Québec actuel.
Dans une scénographie sobre, le froid glacial du Québec fait échos à la chaleur insoutenable de l’Algérie. À des années et des lieux de différence, les voix des deux héros (incarnés par les excellents Maxime Gaudette et Mustapha Aramis) se rejoignent et partagent questions et craintes quant à l’absurdité de nos existences.
Romain Fabre a choisi un décor hors de tout réalisme. Les personnages apparaissent et disparaissent à l’aide de deux tableaux tournants surmontés d’une immense sculpture en aluminium. Par ce système ingénieux, les personnages alternent d’un pays à un autre, d’une époque à une autre, et sont confrontés à tour de rôle, à l’autre. Le spectateur accède ainsi aux personnages depuis la pensée de Medi : les personnages entrent et sortent tels des souvenirs éphémères que nous confie le héros.
L’autrice décolonise l’œuvre de Camus en donnant voix au personnage de l’Arabe. Son cri, inaudible par Meursault, est maintenant entendu par Medi. Cette fois-ci, les vies qui ne comptent pas, les vies impersonnelles : « les étrangers » nous font faces, et ne peuvent être ignorés. L’apparition de l’Arabe, bouleverse la narration et fait remonter à la surface les enjeux de pouvoir qui se jouent entre les personnages. Si Camus fait mourir l’Arabe, Évelyne de la Chenelière, elle, lui redonne vie. Dans une prestation impressionnante, l’acteur Sabri Attalah s’adresse ainsi à la salle de telle façon qu’on ne peut que se sentir concerné : qu’est-ce que vivre si l’autre ne compte pas ? Quel rapport entretient-on avec ceux qui nous sont étrangers ? Acmé du spectacle, il est difficile de retenir son émoi et son propre inconfort face à nos responsabilités dans un monde où les liens humains s’étiolent.
À la qualité du texte, s’ajoute la qualité de jeu des six acteurs qui incarnent tous des personnages pris au piège de leur propre condition humaine. Si Meursault tue « à cause du soleil », faisant perdre consistance aussi bien aux choses, qu’aux êtres, Medi lui, préfère se concentrer sur le lien à l’autre qui nous permet de rester humains et qui redonne du sens à nos existences.
Assister à la pièce À cause du soleil, c’est replonger dans « l’absurde » de Camus, à la lumière des enjeux actuels du Québec.
Lors de la première, la salle était presque pleine mais quelques sièges étaient encore laissés vides. Il me semble pourtant que l’intelligence de cette pièce et l’actualité de son propos méritent que la salle de théâtre soit comble !
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du théâtre Denise Pelletier.