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Rappelons, avant tout, que Sarah Kane est une autrice anglaise, née en 1971, qui met fin à ses jours par pendaison en 1999. Elle écrira cinq pièces au cours de ses dernières années de vie, au style condensé, cruel et poétique, où le tragique côtoie l’humour macabre et le sublime. Alors que vous avez peut-être eu la chance de voir l’adaptation de son texte Manque, à l’Usine C en avril dernier, le Théâtre Prospero clôt sa saison avec la reprise de 4.48 Psychose, le dernier texte écrit par Kane peu de temps avant sa mort, qui met en scène une femme, en pleine crise psychotique, à l’hôpital.
« Ma vie est prise dans une toile de raison tissée par un médecin »
Maîtresse de son histoire, le personnage qu'elle incarne nous introduit directement dans sa narration. Elle entre sur scène et y enfile sa paire de Doc Martens, prête à faire de la grande salle du Prospero son terrain de jeu, mais aussi son combat. Rapidement, elle se balade dans les gradins, avant de faire apparaitre —par strate— le décor, tels des niveaux des consciences cachés qui apparaissent au fur et à mesure d’un traitement médical.
Pendant 1h, nous serons à ses côtés, entre ses conversations, « lucides », avec son infirmière et ses crises psychotiques où elle est confrontée à ses moi intérieurs. Fragments, ellipses, abstraction, humour, malaise, questions éthiques et honnêteté rythment 4.48 Psychose. La brisure du quatrième mur est totale et nous offre un texte polyphonique qui prend forme au fur et à mesure de son évolution, et qui est clairement destabilisant.
Comme le dit le metteur en scène Florent Siaud « [ce texte] a le courage de mettre en lumière la complexité des sombres vertiges de notre société, l’ambivalence des déchirures humaines qui en font le tissu. […] Par moments, son écriture dégage une étonnante sensualité, qui tient autant à la quête obsessive de l’être aimé qu’à un besoin viscéral de sentir son corps unifié dans un monde qui la défie. ». En effet, le singulier et le collectif résonnent à travers ce texte où il en résulte le constat plutôt simple que notre personnage —et nous-mêmes, par la même occasion— souhaitons juste être aimés d’autrui.
« Il n’y a pas un médicament sur terre qui pourrait donner un sens à la vie »
Sophie Cadieux livre une performance d’une grande force. Plusieurs moments de son interprétation sont à couper le souffle. Florent Siaud a su aller à l’essence même de chaque phrase, virgule et respiration de ce texte, parfois obscur, et très exigeant. C’est cumulé au travail du scénographe Romain Fabre, du vidéaste David B. Ricard et du concepteur sonore Julien Éclancher que nous tombons sous le charme de cette mise en espace complètement rouge, à mi-chemin entre un univers Lynchéen et certaines séquences de l’ovni cinématographique Under the skin.
Les projections, qui apparaissent sur toutes sortes de médiums de cette scène qui s’ouvre au fur et à mesure de la pièce, comme pour venir englober notre personnage principal, sont intelligentes et ludiques, utilisant l’espace dans leur globalité. L’omniprésence du rouge, jusque dans la création d’une « route de briques rouges » oserons-nous dire, menant ici, à l’inverse de la route de briques jaunes de Dorothy Gale, vers l’abandon, est d’une grande esthétique.
Malheureusement, la perfection vient ici, selon nous, frôler une certaine stérilité de sentiments, où nous avons eu du mal à être touché. Peut-être qu’un traitement plus brut de ce texte, si épineux à mettre en scène soit-il, nous aurait un peu plus bouleversés. 4.48 Psychose reste une oeuvre d’une extrême qualité, à ne pas manquer pour sa fulgurance théâtrale. Dieu qu’il est bon de retourner au théâtre sans masque !