Jeudi 16 mars, le groupe de percussion japonais KODO est venu présenter son dernier spectacle, Tsuzumi, à la Salle Wilfrid-Pelletier devant un public montréalais captivé par la performance.

Juste avant d'arriver Place des Arts pour voir le Collectif KODO sur scène, je croise un représentant de la troupe qui me partage sa jalousie car je vais pour la première fois assister à une représentation de KODO et découvrir leur univers incroyable. Perplexe, je m'assois au fond de mon siège. Je suis venu pour découvrir une culture musicale qui m'est inconnue, la percussion japonaise, sans attentes précises sur le sujet. Serait-il possible que je sois sur le point de vivre un moment aussi incroyable qu’il le prétendait ? La réponse est sans aucun doute oui! Je n’aurais pu être plus émerveillée par le spectacle de presque deux heures qui s’est déroulé devant mes yeux ébahis. 

KODO est une troupe de percussionnistes basée sur l'île de Sado au Japon. Leur instrument phare est le taiko, un tambour traditionnel en bois utilisé dans de nombreuses cérémonies religieuses et danses traditionnelles japonaises, plus communément appelées wadaiko au Japon. 

Retour sur la symbolique de Kodo

Le mot KODO a deux significations en japonais. Premièrement le battement du cœur, correspondant à la première perception du rythme : le son grave du taiko étant associé au son du cœur de la mère entendu par l’enfant dans son ventre et utilisé pour calmer le bébé. La deuxième, “enfant du tambour”, fait référence à l’essence même de la troupe dont le but est de populariser le taiko à travers le japon et le reste du monde. Le groupe KODO est ainsi engagé dans diverses missions de partage culturel avec les communautés environnantes et les écoles. Le partage se fait sur le thème de l’universalité de l’être humain, thème principal de leurs performances.

Taiko est, quant à lui, un terme utilisé pour décrire un art de jouer du tambour au Japon en mélangeant musique, danse, art martial ou encore méditation. Toutes ces disciplines représentent bien l’univers très complet qui nous a été proposé jeudi soir dernier. Chaque coup porté sur le tambour est accompagné par un ample mouvement de bras qui participe à l’effet envoûtant de cet art rythmé et dansé. L’expérience ne serait pas complète sans ces tableaux visuels au travers desquels transparaît ce sentiment paradoxal entre force et sensibilité.

Tsuzumi : le tambour, instrument de merveilles

Pour célébrer les 40 ans de la compagnie, KODO présente le spectacle Tsuzumi qui retrace l’histoire de la troupe depuis ses origines. Les treize artistes se succèdent au fil des numéros mêlant au son des percussions leur voix, des mélodies de Fue (flûte de bambou japonaise) ou encore des danses traditionnelles. L’atmosphère change d’un tableau à l'autre : tantôt entouré du grondement du tonnerre grâce aux sonorités graves résonnant à travers la salle, on revient, quelques minutes plus tard, au milieu de la forêt avec le vent qui souffle entre les feuilles et les insectes qui virevoltent au son des flûtes.

L’organisation de la scène évolue au fil du spectacle: des lanternes et structures sont installées, les tambours sont déplacés, retirés, ajoutés... La scénographie s’adapte aux performances. Seul le tambour géant reste immobile en arrière-plan dans l’attente d’être utilisé lors d’une majestueuse représentation de puissance, de rigueur et d’émotion, par deux des membres de la troupe.

L'énergie est palpable tout au long de la représentation et les interprètes nous transmettent l’ivresse qui semble les envahir de par leurs expressions et leurs mouvements, le tout avec une impressionnante précision dans chacun des gestes et des sons. Leur synchronicité est étourdissante et crée un effet de symbiose parfaite.

Bien plus qu’un spectacle de percussion, KODO nous emmène au cœur du Japon dans un voyage sensoriel extraordinaire!