Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Le Festival International Nuits d’Afrique a fait tout un coup en invitant pour la première fois à Montréal le groupe Songhoy Blues. Découvert par le dénicheur de talents Damon Albarn en 2013 et ayant collaboré avec Iggy Pop et Nick Zinner (le guitariste des Yeah Yeah Yeahs qui a d’ailleurs réalisé leur dernier album Résistance), la réputation de ce groupe n’est plus à refaire dans le cercle d’avertis qui s’intéresse à ce qui se fait de plus commun au niveau musical en Afrique. Et pour cause: quel concert époustouflant !
Plus que du blues...
Depuis que le blues malien de Ali Farka Touré s’est enfin rendu jusqu’ici, la réputation de ce style n’est plus à refaire. On reconnaît généralement que c’est de ces terres au nord du Mali que nous vient le meilleur blues depuis plusieurs années déjà. Avec Songhoy Blues, on fait un pas de plus vers l'avant encore : le groupe joue un funk africain, teinté de blues bien sûr, avec une énergie rock, voire punk. Il s'agit d'une énergie qu’on ne retrouve que trop rarement de nos jours. Est-ce parce que le groupe est originaire d’une région où le groupe djihadiste Ansar Eddine a interdit la musique, les forçant ainsi à s’exiler à Bamako? On sent l’énergie du désespoir : le volume est fort, les musiques sont simples et elles deviennent un canal pour exprimer un cri vital. Songhoy Blues démontre qu'on n’a donc ni affaire à un groupe de « musiques du monde », ni à un groupe de blues malien pur.
Avec son nom, le groupe revendique ses origines géographiques nord-maliennes (l’ethnie songhaï) et ses racines musicales blues. Mais exception faite d’une pièce, il ne reste de ce style que quelques progressions d’accords, l’esthétique des solos de guitare et de nombreux riffs envoûtants. Ainsi, on plaint ceux qui ont choisi, comme c’est trop souvent la tradition aux Nuits d’Afrique, d’aller à ce spectacle principalement attiré par le nom du groupe qui fait référence à une ethnie particulière. Bien que les friands de blues malien seront tout de même comblés puisqu’on en ressent les racines, nul ne pourrait s’attendre à un son qui déménage autant en se fiant uniquement au nom du groupe. Leurs chansons complètement contagieuses nous ont attirés vers ce concert, mais on ne pouvait s’attendre à une telle salve de groove, de volume et d’énergie. Pour Songhoy Blues, le choix de faire de la musique est très concrètement révolutionnaire, allant à l’encontre de la loi de la charia imposée dans leur région natale. Leur musique devient alors un outil d’émancipation qui permet de répandre l’amour dans un souffle libérateur.
Un quatuor bien soudé
La rythmique est précise et groovy à souhait grâce au jeu assuré du batteur Nathanael Dembélé et au jeu décontracté du bassiste Garba Touré. Le guitariste, Oumar Touré, nous offre une multitude d’impressionnants solos (ceux de « Nord du Mali » et de « Al Hassidi Terei » nous en mettent particulièrement plein la vue) tout en jouant d’une façon si désinvolte que tout ça a l’air d’une facilité incroyable. Au centre de ces trois musiciens se trouve l’énergique chanteur Aliou Touré qui offre tout une prestation avec sa voix parfois aiguë, parfois grave, ne se gênant pas de se laisser habiter par le groove et réaliser de nombreux pas de danse.
Le répertoire du groupe, fort de deux albums, se traduit particulièrement bien vers la scène et permet aux quatre maliens de se promener entre différents tempos, allant des plus dansants aux autres plus rock. Les chansons plus accessibles telles que « Soubour », « Petit métier », « Bamako », « Sahara » côtoient d’autres titres diablement efficaces sur scène (« Sekou Oumarou », « Voter », « Ai Tchere Bele », « Yersi Yadda »). Puis « Irganda » devient un titre incontournable dans leur spectacle, présentant l’alchimie parfaite de tout ce qu’offre le quatuor : bien ancré dans un groove d’afrobeat ponctué d’un motif plus rock, cette chanson permet, tour à tour, au guitariste et au batteur de montrer l’étendue de leur talent. Le chanteur peut s’y éclater en dansant d’un côté à l’autre de la scène, le groupe y chante à l’unisson, invitant ultimement le public à se joindre au chœur.
Le groupe est généreux et livre sur scène des versions de leurs chansons beaucoup plus longues que ce qu’ils présentent sur leurs deux albums. Ainsi, leur hit « Al Hassidi Terei » – propulsé par un magnifique clip d’ailleurs – conclut le spectacle avec plusieurs autres solos du guitariste et de longues parties percussives permettant au batteur d'impressionner son public. Le chanteur réussit même à devenir le chef d’orchestre de toute la foule, enjoignant ses musiciens à diminuer l’intensité et invitant du même coup le public qui danse frénétiquement à ralentir la cadence pour s’approcher du sol, avant de revenir avec une explosion d’énergie. Celle-ci s’étendra sur plusieurs codas, permettant au public de laisser sur la piste de danse leurs dernières forces.
Ce n’est pas pour rien que Damon Albarn a jeté son dévolu sur ce groupe et que le légendaire Iggy Pop a accepté de collaborer avec eux sur un titre de leur dernier album, « Sahara ». Déjà, en entendant leurs deux albums, on comprend les raisons de la rumeur favorable ; mais il suffit de les voir en spectacle pour sentir à quel point Songhoy Blues tient entre ses mains le futur de cet amalgame idéal entre rock, punk, funk et blues que tant ont cherché à atteindre avant eux.