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Dans le cadre des Francos, nous avons eu droit hier au grand retour de Salomé Leclerc sur les planches montréalaises, à l’Astral. Il s’agissait en effet de son premier spectacle dans la grande ville depuis le lancement de son dernier album, Les choses extérieures, qui avait eu lieu au Ministère en novembre passé.
Salomé Leclerc a le don de nous rappeler d’emblée à qui on a affaire : auteure-compositrice-interprète accomplie, principale maître d’œuvre de son dernier album, guitariste chevronnée. Ainsi, elle monte sur scène seule d’abord. En toute simplicité, elle nous offre la pièce-titre de son dernier album, comme pour nous rappeler qu’elle peut faire les choses seule. Elle n’est pas à l’avant d’un groupe; ce sont plutôt les musiciens qui sont là pour elle, au service des nombreux petits bijoux de chansons qu’elle a créées. Elle propose donc une formation à géométrie variable, dictée par les besoins de chaque chanson : parfois seule, parfois accompagnée de Philippe Brault (violoncelle, guitare, basse, claviers) et de José Major (batterie, claviers), auxquels s’ajoutent parfois deux violonistes et une choriste-percussionniste.
Son magnifique album Les choses extérieures est très homogène, se promenant entre un rock profond mais tranquille et une folk intimiste. Cet album sent la mélancolie et, s’il a permis à Salomé Leclerc de forger elle-même son œuvre la plus accomplie jusqu’à maintenant, il pourrait faire oublier qu’elle se définit d’abord comme une rockeuse (elle rira même amicalement d’un des membres de son équipe qui « porte une chemise country alors qu’on joue du rock » !…). Or, les contrastes sont plus évidents sur scène : les morceaux rock deviennent plus lourds, presque dans la colère, et le folk est plus assumé, souvent offert alors qu’elle est seule sur scène, armée de sa guitare électrique. Même dans son folk, grâce à cet instrument qu’elle maitrise si bien, Salomé Leclerc reste une rockeuse.
« Arlon » permet à la formation entière de se faire valoir, alors que « Entre ici et chez toi » devient sur scène un gros rock pesant, durant lequel la guitariste nous offre un solo de guitare enlevant, profond et bien senti. Elle avoue elle-même à la fin de la chanson qu’elle est très fière de ce solo qu’elle vient de nous faire. Pour « Love, Naïve, Love », titre tiré de son premier album, nous sommes en présence d’un power trio, alors qu’elle n’est accompagnée que de ses deux acolytes. Puis, elle se retrouve à nouveau seule sur scène pour nous offrir « Vers le sud », « L’icône du naufrage » et « La fin des saisons ». Les nouveaux arrangements de ces trois chansons mettent bien à l’avant le jeu de guitare, unique, précis et naturel de la chanteuse-guitariste. « La fin des saisons », portée par sa guitare plutôt que par le piano se révèle envoutante, donnant un nouveau visage à cette chanson, plus mélancolique sur sa version enregistrée. Les musiciens la retrouvent progressivement pour la montée en intensité qui s’incarne avec « Dans une larme ».
À nouveau seule sur scène, Salomé Leclerc nous offre « Entre parenthèses », la présentant comme le résultat d’une fertilisation croisée entre littérature (Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel) et musique, suivie de sa propre version de « Famous Blue Raincoat », un classique de notre géant montréalais Leonard Cohen. Le concert arrive à son apogée avec le retour de la formation complète pour nous offrir en rafale des versions alourdies et puissantes de « Le mois de mai » et « Nos révolutions ».
Le rappel nous permet un dernier moment avec Salomé Leclerc seule sur scène, alors qu’elle nous offre « Ton équilibre ». Ce moment nous rappelle pourquoi la musique reste même si le temps passe : sa voix, ses mélodies, son jeu de guitare se fraient un chemin sur notre peau pour y faire naître des perles. Le poil au garde à vous, frisson au rendez-vous. Sa musique devient alors un long et agréable frisson qui nous habite. Les musiciens reviennent progressivement durant cette pièce pour terminer la soirée avec « Partir ensemble », pièce de son premier album, jouée dans une nouvelle version, beaucoup plus rock, qui met en valeur un motif de guitare de son cru absolument irrésistible.
Tout au long de la soirée, on sent l’originalité du son forgé par l’artiste elle-même : son son de guitare est impeccable et clair, la batterie est affublée d’un immense tambour et d’une seule cymbale, le hi-hat (« charleston » pour les non-intimes ! Quel nom farfelu… je continuerai toujours de résister à l’utiliser celui-là !). Ce type de détails montre un réel travail de profondeur pour arriver à une signature personnelle reconnaissable entre toutes les autres.
Une artiste aussi entière que Salomé Leclerc fait du bien, dans le monde d’aujourd’hui, où tant de chanteurs/euses sont propulsés à l’avant-scène par une équipe de marketing ayant tout calculé et tout préfabriqué en amont, sans réel talent autre que celui d’une présence scénique. Salomé Leclerc est là pour nous présenter son art et pour aucune autre raison. Ceci est clair dès le début. Et, en musicienne accomplie qu’elle est, elle nous offre des arrangements souvent assez différents de ceux qui figurent sur ses albums, une attention qui sait garder le public de connaisseurs attentif et intéressé. Mme Leclerc et ses musiciens se font plaisir et s’offrent un vrai trip de musiciens, affranchi du métronome dans l’oreille, aujourd’hui omniprésent. Cela s’entend et laisse une certaine liberté aux musiciens.
La chanteuse-guitariste a beau nous offrir une bonne quinzaine de chansons, celles-ci sont souvent très courtes, arrivant à un total d’environ une heure et quart. Nous en aurions pris plus… Nous aurions pris plus de public aussi; mais on imagine qu’il est difficile de jouer le même soir que les Vulgaires Machins en concert extérieur gratuit et Les Louanges à quelques coins de rue. Ah! Montréal et les choix déchirants qu’elle nous impose en période estivale !