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Il fait chaud à l’intérieur du MTelus et le public, suintant, attend avec impatience la musique langoureuse de Morcheeba, qui fait alors le seul arrêt de sa tournée en sol canadien. Un vent de fraicheur finira par arriver un peu plus tard dans la soirée…
Car le groupe britannique, célèbre pour sa pop à saveur trip hop, commence son concert en enfilant plusieurs chansons de façon un peu mécanique. On sent les musiciens dans la routine de leur tournée. La performance est très placée, rodée au quart de tour. Le son est excellent, particulièrement celui des basses et de la guitare.
Brochette de vieux succès
L’époque des grands succès de Big Calm (1998) et de Fragments of Freedom (2000) est déjà loin derrière eux, mais la formation ne se gène pas pour jouer plusieurs de ses plus vieilles chansons devant un MTelus rempli à craquer. Après avoir ouvert le spectacle avec une pièce un peu quelconque (« Never Undo ») de leur plus récent album Blaze Away, le groupe enfile une brochette de leurs classiques bien connus du public : « Friction », « Never an Easy Way » (dont la finale est époustouflante), « Otherwise », « Part of the Process », « The Sea » et « World Looking In ».
Skye Edwards est majestueuse avec son chapeau rouge et une robe de la même couleur (confectionnée par elle-même nous confiera-t-elle), dotée d’un grand et mince voile accroché à ses doigts, ondulant au gré d’un ventilateur subtilement placé à ses pieds. Grâce à ce simple artifice et à des jeux d’éclairage magnifiques, la scénographie minimaliste donne des images très « instagramables », de toute beauté.
On sent le concert bien huilé. Et le public montréalais, surtout en cette période de l’année où il est gavé de spectacles, en veut un peu plus… La chanteuse essaie de faire chanter le public le refrain de « The Sea », mais elle semble surprise par le peu de réponse de la foule. La conversation est alors entamée. Montréal est exigeante. On ne sert pas à Montréal la même recette qu’aux autres. Montréal est plus à l’écoute qu’au chant. Montréal est plus à la danse et à la célébration qu’à la formule. Montréal n’est pas là pour se faire voir, elle est là pour se faire ressentir. Montréal veut entrer dans la peau plutôt que rester en surface. Tout ça, Morcheeba commence alors à le comprendre et y répondra magnifiquement.
Un vent de fraicheur
Avant d’entamer une des plus vieilles pièces de la formation, « Trigger Hippie », Skye Edwards avoue que ses musiciens (plus particulièrement son fils à la batterie) sont contents d’être en terre de cannabis légal. Le guitariste (et principal compositeur) Ross Godfrey en profite alors pour aller voir tour à tour ses collègues en leur offrant quelques bouffées d’un vaporisateur qu’il sort de sa poche ! Tous acceptent avec enthousiasme, sauf la chanteuse, qui avoue préférer boire. On sent les musiciens commencer à sortir de leur traditionnel flegme britannique. Ils nous ont montré de quoi a l’air leur concert, ils sont maintenant prêts à se faire plaisir et à se laisser aller. C’est justement ce que le public voulait. L’étincelle que tous attendaient, tant le public que la formation sur scène, comme deux inconnus qui, après s’être sondés, se sont reconnus comme étant de la même allégeance.
D’un commun accord, tous semblent alors avoir décidé de monter le niveau d’énergie d’un cran. Le collectif nous offre l’entrainante chanson titre de son dernier album. Viennent ensuite « Blood Like Lemonade » et « Crimson », titres moins connus mais parfaits pour enfin faire valoir l’étendue des talents de la chanteuse et du guitariste. La foule apprécie cette démonstration de haute voltige de musique planante. La scène continue d’être inondée de rideaux de lumières exquis, souvent dans les teintes de rouge et de jaunes, reflétés sur une boule disco placée au fond de la scène.
Les musiciens semblent vraiment apprécier l’écoute du public. Après « Slow Down », la chanteuse avoue être dans un état second, inattendu (sans doute proche de celui de ses musiciens !), clamant : « Vous m’enivrez » (I’m drunk on you).
Le groupe en remet avec une reprise de « Let’s Dance » du légendaire David Bowie. L’énergie est à son comble et le groupe en profite en enchainant « Blindfold », ponctuée d’une finale surprenante, très rock, qui fait sauter le plafond du MTelus tout en atteignant la limite des hautparleurs, puis « Let Me See », qui se termine sur un solo de guitare épique. La foule est maintenant tout à fait disposée à chanter avec Edwards, qui en redemande.
Moments d'exception
En rappel, le groupe propose pas moins de quatre chansons, dont un cadeau qui semble unique dans cette tournée, une reprise énergique de « Don’t Let It Bring You Down » de Neil Young. La chanteuse demandera même à son guitariste s’il est vraiment certain de vouloir jouer cette pièce et en oubliera quelques paroles, laissant échapper quelques fous rires tout en tentant de les étouffer pour chanter. Tout le monde est touché par cette authenticité et le plaisir des musiciens est contagieux. Tous apprécient ce moment et les musiciens prennent bien leur temps entre chaque pièce, comme s’ils voulaient faire durer le plaisir le plus longtemps possible.
Le concert se clôt sur une courte reprise du classique « Summertime », que la chanteuse à la voix venteuse s’approprie à merveille, suivi de leur ver d’oreille « Rome Wasn’t Built In a Day ». Celui-ci est encore une fois ponctué de fous rires, maladroits certes, mais si communicatifs, tant du plaisir qu’a la chanteuse à cet instant précis que du fait que le groupe a osé sortir des sentiers battus, pourtant bien agréables, qu’ils nous ont présenté en première moitié de spectacle. D’agréable, la soirée est devenue, pour tous, magique. On nous sert souvent le typique « vous êtes le meilleur public », mais quand Edwards a laissé tomber, durant l’introduction d’une chanson « c’est le meilleur concert de la tournée, sérieusement », on la sentait sincère et surprise.
On sort de ce concert ému. Ému de se sentir dans une ville si spéciale, qu’elle permet aux artistes de retrouver le feu authentique l’instant d’une soirée. Morcheeba a répondu de façon généreuse en sortant de sa routine, en faisant exception pour Montréal, de façon imprévue, ce que chacun dans le public a ressenti. Ce faisant, la formation britannique a ravivé la flamme chez plusieurs qui n’étaient peut-être venus voir qu’un groupe qui les avait tant séduits il y a déjà une vingtaine d’années. C’est toujours touchant de se sentir spécial...