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Le collectif MishMash a présenté les 2 et 3 septembre derniers la première édition du Mile Ex End Musique Montréal, où 22 artistes se sont produits. Ce nouveau festival, tenu dans les « quartiers généraux hipsters » de Montréal, avait la particularité de se tenir dans un lieu pour le moins inusité: sous le viaduc Van Horne. Retour sur la soirée du dimanche où, entre autres, Charlotte Cardin, Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor ont pris possession de la scène!
Convivialité!
Cette fin de semaine, force est de constater que le paysage industriel et habituellement inhabité prend vie grâce à cet événement éphémère... Des camions de rue et quelques exposants locaux agrémentent le parcours des festivaliers, des lumières sont d'ailleurs suspendues sous le viaduc, ce qui donne une atmosphère chaleureuse, conviviale. Le toit d'un bâtiment de type manufacture est coiffé d'une pieuvre géante gonflable, et deux gros dinosaures du même acabit tiennent la garde aux abords de la scène principale.
Charlotte Cardin: dentelle, jurons et nostalgie
Un peu après 18h30, la minuscule auteure-compositrice-interprète montréalaise entame son spectacle, assise derrière son clavier. Elle communique sa gratitude au public, qui s'est déplacé malgré les intempéries. Le public, caché sous ses parapluies, l'accueille généreusement. Tout charme, tout sourire, elle commence son spectacle avec enthousiasme. Vêtue d'une longue tunique noire, elle semble en deuil de cette journée où quelque chose est mort, mais autre chose renaît. La voix pure de cette belle affligée transperce l'air glacial de ce début du mois de septembre...
Charlotte Cardin, pour ceux qui ne la connaissent pas, est connue d'abord pour sa participation à l'émission La Voix. Mais elle démontre que son talent se poursuit bien au-delà de ça. Elle a dévoilé son premier EP Big Boy, en 2016, où elle propose sa merveilleuse pop teintée d'électro, de soul, de hip-hop et de R&B. Elle poursuit donc l'étalement de sa tristesse magnifique, accompagnée de ses deux musiciens: le batteur Benjamin Courcy et le multi-instrumentiste Mathieu Sénéchal. Sur l'excellente « Main Girl », titre un peu plus énergique, ce dernier « fait un Bonobo de lui-même », alternant entre sa basse, ses claviers et ses effets électroniques. Bonobo semble d'ailleurs faire vraiment partie des influences, mais en plus mellow et... avec des sacres en anglais, ici et là. Cela crée un beau contraste, sur ses compositions délicates et bien ciselées comme de la dentelle... noire, évidemment! L'acteur et auteur-compositeur-interprète Aliocha (Schneider) vient la rejoindre pour deux chansons, avec sa guitare acoustique. Charlotte Cardin fait beaucoup de reprises, comme « Wicked Game » de Chris Isaak, et elle chante beaucoup en anglais dans ses compositions originales. Cela rajoute de la variété à son spectacle. Le public fait fi des intempéries en dansant légèrement: c'est la trame sonore parfaite pour un tel jour de pluie.
L'aura de Thom Yorke surplombe bel et bien la carrière de Charlotte Cardin, et par ailleurs, dans certaines pièces, on ressent même un soupçon de Pink Floyd. Elle chante à la manière de Coeur de Pirate, se donnant à coeur joie sur les touches de son clavier recouvert d'une bâche. Bref, la musique de Charlotte Cardin évoque des fins de soirées glorieuses, où le simple fait d'exister est reluisant comme un gigantesque diamant – fondation sur laquelle on s'appuie fermement. D'illustres moments, vécus à travers la nostalgie... en toute quiétude.
Patrick Watson, le guérisseur de cieux mornes
20 h, c'est au tour de Patrick Watson, maintenant. Une foule compacte l'attend patiemment sous le viaduc. Sur une plate-forme de béton à gauche de la scène, arrivent une dizaine de choristes. Cela donne le ton: par opposition au quartier industriel (où réside d'ailleurs l'artiste!), ce spectacle se veut une formule plutôt acoustique et intime. La scène Mile End est envahie de fumée. Le musicien et chanteur montréalais y entre donc, avec son aisance naturelle (et sa traditionnelle casquette!). Le public est déjà conquis d'avance.
La chorale rajoute un côté grandiose, voire solennel au spectacle. Leur présence éthérée les transforme en anges gardiens, qui insufflent leur propre magie au « dieu de l'indie ». Patrick Watson s'accompagne souvent au piano, dont le son pourrait être plus fort car il se perd un peu dans la basse. Mais il livre une performance sans faille, en plein contrôle de sa voix magnifique et de ses divers instruments. À un moment, la foule entame un refrain avec lui et il finit par guider les multiples voix, comme si c'était une seule personne. Il tient le public dans le creux de sa main – ou plutôt, de son coeur. Plus tard, la soirée prend même des allures de « feu de camp », tous les musiciens jouant serrés autour d'un seul micro!
D'ailleurs, les éclairages sont très bien travaillés. Des lasers vert, rouge et jaune éclairent le public par moments, donnant l'impression d'être dans un film d'action. Le décor du spectacle est stupéfiant – le concept d'ampoules et de plumes rouges est bien exploité. Des globes géants sur pieds, parcourus de motifs illuminés, sont installés sur les côtés du parterre ou disposés sur scène.
Somme toute, Patrick Watson fait réellement miroiter notre flamme intérieure, et promet de rallumer celle qui est éteinte dans le coeur des indécis... Sa voix de falsetto s'élance dans la nuit, comme une flèche acérée qui atteint sa cible. Les festivaliers ferment leurs parapluies – la musique guérisseuse a réussi à faire sécher les cieux. Les divines chansons ont réussi a contrôler les éléments.
Godspeed You! Black Emperor: chamans et contemplation
Le spectacle de Godspeed You! Black Emperor débute à 21h30, sur la scène Mile Ex, avec une vibration lancinante et sourde semblable au bourdonnement désagréable de certaines stations de métro. Prolongée pendant quelques minutes, elle affecte les coeurs sensibles, à un niveau qu'on ne comprend pas bien encore...
Le groupe de post-rock montréalais entame donc sa prestation sous des cieux blafards, « post-pluie ». Le large personnel du groupe arrive progressivement, toujours sous la menace du vrombissement. La violoniste apparaît; le contrebassiste la rejoint. Arrivent ensuite le bassiste, les trois guitares, ainsi que les deux percussionnistes. Des projections intéressantes démontrent le côté militant de Godspeed You! Black Emperor. De courts clips répétés de manifestations, et d'hypnotisantes structures géométriques, rajoutent une dimension visuelle nécessaire à la performance.
Ils servent donc leurs pièces d'avant-garde monumentales à un public immobile, complètement absorbé par ces génies. Le chaos bien organisé met les gens dans une réelle transe, où ils semblent méditer profondément. Le groupe mêle bien la musique classique et d’avant-garde, tout en ayant des influences de rock progressif. Les valeurs du punk semblent aussi injectées dans leur musique circulaire. Des similarités avec le groupe islandais Sigur Ros sont parfois dénotées. À la deuxième pièce, les gens s'activent un peu plus, sur cette musique lourde et dépouillée, mais tellement travaillée. Beaucoup restent toutefois fixés au sol, voyageant avec ces sons de contemplation intellectuelle.
Cependant, on a plus l'impression d'assister à un jam qu'à un spectacle... On comprend que cela fait partie de la performance, mais on aurait aimé avoir plus de proximité avec les artistes, qui semblent plus jouer entre eux qu'autre chose. Certains sont assis de dos au public... On a un peu l'impression de les déranger dans leur bulle créatrice. Mais on saisit l'importance de leur complicité et communication, pour qu'ils puissent bien livrer leur musique tragique et introspective. Godspeed You! Black Emperor est un chaman qui permet d'accéder à des zones du cerveau encore inconnues. Le groupe nous guide sur un sentier inhabituel mais fascinant, avec une maîtrise presque effrayante. Quel voyage!
Première édition réussie!
Bref, ce dimanche soir pluvieux a réchauffé les coeurs de plusieurs amateurs de musique indépendante et montréalaise! Charlotte Cardin, Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor ont démontré avec brio que l'essentiel se trouve juste sous nos yeux. Toute une réussite pour cette première organisation! Montréal avait réellement besoin de cette célébration locale et libre pour faire rayonner son talent. On a déjà hâte d'être à la prochaine édition!
Crédit photo: Roxane Labonté