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Samedi soir le 14 septembre, à la salle Wilfrid-Pelletier, Eugène Onéguine a fait un retour attendu à l’Opéra de Montréal après de nombreuses années d’absence de la programmation. Cette première représentation, d’une série de quatre, a remporté un franc succès, ce que confirment les nombreux applaudissements qui en ont émaillé la performance.
Dès le départ, cet opéra en 3 actes, basé sur un roman d’Alexandre Pouchkine, a été sous-titré « scènes lyriques » par le compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski, qui ne voulait pas que le public s’attende à un opéra avec de grandes scènes dramatiques et de véritable intrigue. D’ailleurs, à son élève Tanéïev qui critiquait la pauvreté et l’invraisemblance de l’action, Tchaïkovski a répondu : « Vous avez sans doute parfaitement raison de penser que mon opéra n’est pas très efficace du point de vue scénique, mais permettez-moi de vous dire que je m’en fiche totalement. » Et il a même rajouté : « Je recherche un sujet intime mais fort, qui repose sur des conflits que j’ai vécus personnellement ou dans mon entourage et qui touchent le plus profond de mon être. » Et voilà pour la profession de foi esthétique du compositeur.
Avec Eugène Onéguine, Tchaïkovski transpose merveilleusement bien en musique toute la gamme des émotions humaines. Ce sont les joies et les tourments des protagonistes qui priment alors que l’action est reléguée au second plan.
Condensé du propos
L’action se déroule dans les années 1820 dans un village russe et à Saint-Pétersbourg. Alors que la pétulante Olga aime le jeune poète Vladimir Lenski, sa rêveuse sœur Tatiana tombe amoureuse d’un Eugène Onéguine froid et distant, qui tuera Lenski lors d’un duel et regrettera plus tard son indifférence envers Tatiana.
Mi-figue, mi-raisin, George Bernard Shaw décrivait ainsi l’intrigue d’un opéra typique: « C’est l’histoire du ténor qui veut faire l’amour à la soprano, mais qui en est empêché par le baryton. » Ironiquement, c’est le cas avec Eugène Onéguine, pourvu que l’on substitue simplement soprano pour mezzo-soprano. En effet, le ténor (Lenski) est le fiancé de la mezzo (Olga). Au cours d’un duel, le baryton (Onéguine) tue le ténor (Lenski), ce qui représente incontestablement un sérieux empêchement pour le ténor de consommer sa relation avec la mezzo. Ainsi va l’opéra!
Les interprètes
Couple dans la vie, et régulièrement sur scène, le baryton canadien Étienne Dupuis (Onéguine) et la soprano australienne Nicole Car (Tatiana), dont le registre bas nous ferait aisément croire qu’elle est une mezzo- soprano tellement elle semble y être à l’aise, nous ont offert une très solide prestation. Puissance vocale, pleine maîtrise de leurs registres vocaux respectifs, articulation et jeu empreint de vérisme ont été au rendez-vous. À mon humble avis, ils ont été impeccables. Au premier acte, Nicole Car m’est apparue particulièrement émouvante et au sommet de son art dans la longue scène de la lettre à Onéguine.
Le ténor Owen McCausland a incarné un très décent et convaincant Lenski. Il nous a livré un émouvant et toujours très attendu « Kuda, kuda vy udalilis», sans cependant me faire oublier la version de feu le tenorissimo Nicolai Gedda, gravée sur disque en 1988. Il est évidemment injuste d’ainsi comparer un jeune ténor en début de carrière à un demi-dieu ayant régné sur le monde de l’opéra durant quelques 50 prolifiques années. Pour votre plus grand plaisir, vous pouvez aller vous régaler de la prestation de Nicolai Gedda en suivant simplement ce lien.
Dans le rôle d’Olga, la mezzo-soprano Carolyne Sproule a donné toute la mesure de son indéniable talent en nous charmant de sa voix volumineuse aux riches sonorités.
Au 2e acte, le ténor Spencer Britten a donné une remarquable et délicieuse performance dans son incarnation de Monsieur Triquet, un français plutôt poseur et maniéré venu « sérénader » l’assistance lors d’un bal organisé pour la fête de Tatiana.
Au 3e acte, la basse russe Denis Sedov a donné panache et prestance au personnage du prince Grémine, et lui a prêté sa volumineuse et imposante voix.
Dans les autres rôles, la mezzo-soprano canadienne Christina Bélanger (Larina), la mezzo-soprano polonaise Stefania Toczyska (Filipievna), le baryton-basse canadien Jean-Philippe Mc Clish (un capitaine), le baryton-basse canadien Brenden Friesen (Zaretski), dont la voix grave, puissante et articulée ne cesse de m’impressionner, ont tous très efficacement livré la marchandise. En fait, l’ensemble de cette magistrale production bénéficie d’une très solide distribution.
Le Chœurs de l’Opéra de Montréal était tout à fait en voix, suffisamment audible, et toujours pertinent dans son jeu comme dans ses déplacements.
Par sa présence, son accompagnement et son soutien, l’Orchestre Métropolitain ne s’est jamais montré envahissant ni démesuré dans sa production de décibels, et m’a semblé être à la hauteur de la situation sous la gouverne du chef invité français Guillaume Tourniaire.
Décors, costumes, éclairage et mise en scène
Décors et costumes sobres, fonctionnels, adéquatement évocateurs de l’époque et provenant tantôt du Lyric Opera Kansas City ou du Santa Fe Opera, tantôt du Seattle Opera Costume Shop.
Des éclairages et une mise en scène que je qualifierais de conventionnels et de circonstance, sans innovation qui m’ait particulièrement frappé. Il me faut cependant avouer, qu’à l’Opéra, j’aime bien retrouver un certain décorum, un non moins certain traditionalisme, un respect de l’époque et des intentions du compositeur : en cela, je n’ai pas du tout été dépaysé par cette particulière production qui n’a certes pas péché par excès d’innovations intempestives.
Au chapitre de la danse, j’en aurais voulu beaucoup plus aux moments opportuns de l’opéra. À mon humble avis, qui n’engage que moi, durant la valse et la polka ça manquait quelque peu d’effervescence.
Courez-y
Voilà donc une excellente production réunissant une équipe du tonnerre, qui s’est fort à propos et très légitimement mérité un tonnerre d’applaudissements et une longue ovation debout.
Eugène Onéguine est encore à l’affiche les 17, 19 et 22 septembre courant. Offrez-vous ce cadeau et laissez-vous bercer par la plus enivrante des musiques lyriques et romantiques russes. Apprenez en plus sur cette production et procurez-vous des billets en accédant, ici , au site internet de l’Opéra de Montréal.