Le 10 septembre, dans la petite salle très intime du Théâtre Outremont, Claire Elzière, auteure-compositrice-interprète française, venait nous offrir, tel un bouquet de roses aux lèvres, les chansons de ses auteurs préférés : Pierre Louki, Allain Leprest, Léo Ferré, Anne Sylvestre et Barbara. Accompagnée de ses fidèles musiciens, le pianiste Grégory Veux et le guitariste et ukuléliste Dominique Cravic, elle nous a fait partager, pendant une heure et demie délicieuse, ses magnifiques coups de cœur, chansons à texte issues de la plus pure tradition française de la Rive Gauche.

L'ambiance feutrée de cette petite salle chaleureuse et intime comme un cocon se prêtait fort bien à recevoir, pour la première fois au Québec, cette chanteuse d'une grande richesse, parce que possédant une denrée devenue fort rare -et donc précieuse- dans notre monde agité : des mots... des mots seuls et fiers, des mots ronds, entiers, superbes, pouvant danser dans l'espace ouvert, et contenir en eux-mêmes toute leur signification, leur suc, leur poésie...des mots en liberté. Des mots qui n'ont pas besoin d'être enrobés de chocolat ou noyés dans une musique assourdissante ou des arrangements compliqués pour nous plaire. Des mots décapés au bois, des mots vrais, qui nous ramènent à l'essence même du langage : la parole et l'échange, la poésie et la beauté partagées.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce spectacle presque d'un autre temps : un échange d'amour et de beauté entre une « passeuse de mots » et ses amis, venus partager avec elle des moments précieux, intenses et rares. Dans la cacophonie de nos vies et le maelström des milliards d'informations transitant sur la planète, il n'est pratiquement plus d'espace où l'on puisse communiquer vraiment, cœur à cœur. Et c'est ce que nous offrait Claire Elzière, samedi soir : un spectacle simple, chaleureux, où les mots sont au cœur de la fête et ont le cœur à la fête, chantés par une voix profonde, douce et chaleureuse. Une rencontre vraie.

Issus d'une longue tradition française, plongeant ses racines dans la littérature et la poésie, les chanteurs français de la Rive Gauche ont nourri de mots et de textes chargés de sens leurs contemporains du vingtième siècle. Les Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Moustaki, Barbara nous ont émerveillés par la richesse de leurs textes mis en chansons. Ici, au Québec, il y a eu Félix Leclerc, notre fier chantre et bâtisseur, suivi de plusieurs autres. C'était l'époque des cabarets et des boîtes à chansons. C'était l'époque où « le temps prenait son temps » et où les mots constituaient la colonne vertébrale et la chair mêmes de la chanson ; l'époque où les mots et le texte étaient rois. Puis, avec l'accélération du rythme de vie du deuxième millénaire, ils se sont affadis et décolorés, vidés de tout nutriment, au profit de ritournelles souvent fades, insipides, vidées de sens et de portée poétique.

Mais samedi soir, à l'Outremont, nous avons eu droit à toute une bouffée d'air frais, à un rappel que la chanson française n'était pas morte, et que les textes des grands étaient toujours portés par certains de leurs contemporains.

Pierre Louki et Allain Leprest, deux grands auteurs de chansons à texte - plutôt méconnus au Québec - auxquels Claire Elzière rend particulièrement hommage dans son tour de chant, sont issus de cette lignée de poètes et de chantres français du Xxème siècle. Leurs textes savoureux, empreints de poésie et de profondeur, nous parlent. Écoutons-les un instant :

(Texte d’Allain Leprest - en hommage à Pierre Louki)

L'horloger

Derrière sa vitrine

La fine farine

Des années

Tombée des horloges

Comme les grains d'orge

D'un grenier

Entasse des sacs

De tic et de tac

Sous son nez

Qui réparera demain son cœur à l'horloger?

Eh oui ! En écho à Allain Leprest, je dirais : « Qui réparera nos cœurs orphelins de beaux vers et de paroles signifiantes? » Heureusement qu'il y a encore des Claire Elzière en ce monde! En savoir plus sur une escort girl , vous pouvez lire sur ce site

Merci, Claire Elzière, d'être venue nous visiter, avec votre belle moisson de chansons!

À la revoyure, comme on dit ici...