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Samedi 24 mars, l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal présentait Svadba d’Ana Sokolović, en première montréalaise à l’Espace GO. La salle a vibré au diapason des paroles et des sons émis par six talentueuses divas, qui ont porté à bout de bras et a cappella, en chœur, avec rigueur et avec ardeur, une œuvre innovatrice et moderne valant grandement le déplacement.
Svadba (mariage) est un opéra de chambre d’une durée de 60 minutes, en langue serbe, comptant uniquement six rôles féminins et conçu pour être chanté entièrement a cappella, donc sans accompagnement musical, à l’exception de quelques percussions qui ont été ponctuellement exécutées par Carol-Anne Fraser, pianiste stagiaire à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal.
Svadba met en scène la soprano Myriam Leblanc (Milica) entourée de ses cinq fidèles amies qui, durant la soirée, l’aident à se préparer à quitter le foyer, dès le lendemain matin, pour aller se marier. Les émotions sont au rendez-vous.
Myriam « Milica » Leblanc. Crédit photo : Yves Renaud.
En conclusion de l’œuvre, Myriam nous a livré un mémorable solo mettant avantageusement en évidence sa voix puissante, posée et cristalline. Une grande interprétation !
En plus de Myriam, la distribution comprenait les sopranos Suzanne Rigden (Danica) et Chelsea Rus (Lena), ainsi que les mezzo-sopranos Rose Naggar-Tremblay (Zora), Caroline Gélinas (Nada) et Rachèle Tremblay (Ljubica).
Les six talentueuses chanteuses – stagiaires présentes ou passées de l’Atelier Lyrique – étaient presque toujours sur scène simultanément. Bien qu’elles se soient exécutées sans accompagnement, la musique n’en était pas pour autant absente puisqu’elle jaillissait littéralement de l’émission même des paroles et des sons. Avec Svadba, la musique emprunte la voie de la voix. Le résultat est surprenant et même fascinant.
On pouvait parvenir à ne plus remarquer l’absence d’orchestre, tant les voix des divas se répondaient ou s’opposaient harmonieusement, se conjuguant et se fondant à merveille, générant ainsi leurs propres lignes mélodiques. Ce petit miracle est attribuable à une géniale composition, bien sûr, mais il a également été rendu possible grâce au judicieux choix de casting qui a nécessairement été exercé au moment des auditions.
J’éprouve un grand respect et beaucoup d’admiration pour les six covedettes qui nous en ont mis plein la vue et les oreilles. J’ai vu progresser, à pas de géant, chacune d’entre elles durant leur stage à l’Atelier Lyrique, dont je suis assidument les activités depuis de nombreuses années.
Quel exploit et quel mérite de leur part de s’être ainsi mis en mémoire et en bouche un langage aussi éloigné du français, ou de l’anglais, que puisse l’être le serbe ! J’ai eu l’occasion d’approcher la très aimable et affable Mme Chantal Lambert, directrice de l’Atelier Lyrique, peu avant l’ouverture du rideau ; en réponse à mon questionnement, elle m’a confié que le processus d’apprentissage et de mémorisation a été quelque peu ardu et a essentiellement reposé sur la phonétique plutôt que sur la grammaire. Évidemment, l’aide de Mme Sokolović, dont le serbe est la langue natale, s’est avérée être des plus précieuses.
En aparté, j’ai profité de l’oreille attentive de Mme Lambert pour lui faire part de mon souhait de voir l’Atelier Lyrique (ou l’Opéra de Montréal) produire au moins l’une des très lyriques et envoûtantes opérettes d’inspiration tzigane d’Emmerich Kálmán, telles Gräfin Mariza et Die Csárdásfürstin. Sait-on jamais…
Le décor dépouillé et un peu austère, monté à l’Espace GO, se résumait à deux douzaines de larges bandes de tissu (?) jaunâtre, semi-transparent et d’inégales longueurs. Celles-ci étaient suspendues au-dessus de la scène, de même que six robes identiques qui ont éventuellement été descendues et revêtues par les protagonistes.
Quant aux accessoires, ils se résumaient à : une table-coffre-bain sur roulettes ; un grand drap blanc qui servait initialement de nappe et dont l’usage variait en cours de route ; cinq ou six chaises ; six gobelets (en carton) et cuillères (ou bâtonnets) qui servaient momentanément d’instruments de percussion ; et six « bâtons de pluie » manipulés par les chanteuses et servant à créer un moment mémorable et magique.
Ceci étant dit, ce décor sobre et ces accessoires fonctionnels servaient parfaitement bien le propos, tout en ayant le grand mérite de ne pas contribuer à détourner l’œil du spectateur des six magnifiques créatures qui se donnaient à fond sur scène pour notre plus grand plaisir et notre irrésistible fascination. Chapeau à Laurence Mongeau, conceptrice des décors et des accessoires.
Incidemment, l’équipe de Svadba est entièrement féminine. C’est un all-woman cast qui livre magistralement bien la marchandise. À la liste des noms précédemment mentionnés, j’ajoute ceux de Martine Beaulne à qui l’on doit cette dynamique et imaginative mise en scène ; Dáirine Ní Mheadhr, codirectrice musicale et chef ; Oleksandra Lykova à la conception des costumes ; Dominique Hawry à la conception vidéo ; Anne Catherine Simard Desraspe à la conception des éclairages ; et Suzanne Trépanier à la conception des maquillages et coiffures.
Après la tombée du rideau, une ovation debout spontanée ainsi qu’un tsunami d’applaudissements, les spectateurs ont été invités à s’approcher de la scène pour venir échanger avec les artistes tout en dégustant un délicieux morceau de gâteau… de mariage, comme de raison.
Un duo musical, formé par l’accordéoniste Marin Nasturica et le contrebassiste Éric Lagacé, est même venu infuser une ambiance de fête à nos échanges durant lesquels j’ai eu le bonheur de piquer un brin de jasette avec la resplendissante Rose Naggar-Tremblay (Zora).
Cette belle grande Rose, colorée et en plein épanouissement, dont j’ai déjà parlé dans mes précédents articles (elle incarnait une flamboyante Carmen et une superbe Adalgisa (Norma)), m’incite maintenant à ajouter qu’elle est une spectaculaire Zora, tant sa performance était réussie. D’ailleurs, toutes ces dames se sont surpassées et ont donné le meilleur d’elles-mêmes pour que cet opéra de chambre soit un franc succès. Je leur lève très volontiers et très respectueusement mon chapeau.
Crédit photo : Yves Renaud.
Si l’actuelle distribution enregistrait l’œuvre sur CD, est-ce que je l’achèterais ? Peut-être ! Et sur DVD ? Sans aucune hésitation, je lance un retentissant OUI ! Parce que le côté visuel ajoute énormément à l’œuvre. Comme Svadba est chanté en serbe et que le texte se résume souvent à une symphonie d’onomatopées, les gestes et mimiques des chanteuses transmettent efficacement le message, nous évitant ainsi de devoir recourir systématiquement au texte projeté sur un écran au-dessus de la scène.
D’autant plus que l’actuelle distribution est du véritable bonbon pour les yeux tant les divas sont tout aussi physiquement charmantes que musicalement envoûtantes, en plus d’avoir du talent à revendre. D’ailleurs, je crains fortement qu’à force de les regarder mes yeux ne soient devenus diabétiques. Consultation en vue avec mon ophtalmologiste.
À noter que Svadba sera encore présenté, à guichet fermé, les 24, 26, 27, 29, 30 et 31 mars, dans la magnifique salle de l’Espace GO dont la configuration variable des fauteuils permet d’asseoir confortablement de 160 à 320 personnes.
Svadba est sans contredit un autre fleuron qui s’ajoute à la longue liste des réussites dont l’Atelier Lyrique peut s’enorgueillir. Vous pouvez en voir, écouter et savourer des extraits vidéo (mettant en vedette l’actuelle distribution) capturés par CTV News en cliquant ici. Vous pouvez également écouter la bande-annonce placée sur Youtube, par l’Opéra de Montréal, là. Finalement, on peut suivre les activités de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal en consultant leur site internet, en suivant ce lien.
Jusqu’au 31 mars à l’Espace GO.