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En juin 2015, l’auteure Roxanne Langlois participait au collectif Sécession : et si la Gaspésie devenait un pays libre? aux Éditions 3 sista. Sa plume unique, transparente et authentique laissait déjà présager un écho à sa voix, à des histoires désireuses de naître sous sa mine. En 2016, toujours avec les Éditions 3 sista, elle a lancé son premier roman, Prawda, lors d’une soirée dans sa belle Gaspésie, terre d’adoption.
La trame de fond de Prawda est donc la région de Carleton-Sur-Mer, là où les rencontres se font parfois légères et sans attache, mais où tout s’inscrit dans les marées. Marie, jeune femme qui habite à Carleton-Sur-Mer depuis 32 ans, rencontre Marek, travailleur polonais de passage dans la belle région. Entre eux se dessine une attirance mutuelle dès le premier avion de papier lancé par Marek. Ils auront neuf jours pour s’aimer.
S’aimer comme des amants, dans l’ombre d’un mariage outre-mer, en Pologne.
S’aimer dans une lune de miel qui n’aura qu’une petite chambre de motel comme témoin.
S’aimer contre le temps, contre les marées et les bouteilles lancées à la mer.
« Pour celles qui se font un festin avec les miettes des autres»
Par cette simple phrase l’auteure nous dédie son livre comme un recueil intimiste. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, mais d’une histoire inspirée des lieux où l’auteure habite depuis 2011.
Prawda (vérité en langue polonaise) est la correspondance à sens unique de Marie à Zofia, la femme de Marek. Des mots vrais et purs, des émotions qui débordent, un besoin viscéral de parler, de dire, de rendre plus vraie que vraie cette histoire qui n’aurait pas due naître, mais qui a bel et bien été.
Une histoire hors normes, hors contrôle, une histoire qui défie la « normalité » des événements, des ressentis, des règles du temps.
« Peut-on parler de normalité lorsque deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser se serrent si fort dans leurs bras qu’elles en oublient tout ce qui les sépare? Peut-on dire qu’il est normal de comprendre un étranger sans qu’il remue les lèvres? De lire en lui toute une vie écrite dans une langue différente? »
Le rôle de la maîtresse a longtemps été à la fois tabou et limité au fantasme sexuel. Qu’on la surnomme la putain, la fille facile, la femme cachée ou de deuxième ordre, la maîtresse est encore à ce jour méconnue dans son essence même. Au-delà du tableau peu flatteur à son égard et restreint au rôle sexuel, la maîtresse demeure une femme qui espère se reconnaître dans sa relation, s’aimer et être aimée en toute vérité. Prawda.
« Une femme dit non, pas une maîtresse. Une amante prend tout ce qu’on lui offre, elle vit pour exciter, elle crie sa marque de commerce, elle jouit sa tristesse. Une maîtresse prend les claques que la femme ne tolère pas, elle joue à la grande dame des films pornos, elle se masturbe quand on la prend. Elle en redemande une deuxième assiette. Elle se rassasie de ce qu’on veut bien lui donner, même du sexe rapide et aseptisé. Une maîtresse se fait un festin avec des miettes. Et elle se convainc qu’elle n’a pas besoin de plus pour être comblée. »
Le personnage principal, Marie, est d’une sincérité absolue dans ses confidences. Jamais il n’aura paru aux lecteurs une image aussi limpide du poids qui pèse sur la triade amoureuse, déchirant l’idée stéréotypée de la femme trompée, du mari trompeur et de la maîtresse qui s’impose timidement dans cette relation.
« Tu es belle, Zofia. Tu sembles souriante, spontanée. Tu es rayonnante. Je t’imagine même drôle, sans doute extravertie. Quoiqu’il en soit, tu n’as pas l’air d’une femme que l’on trompe. Tu ne me sembles pas être une amoureuse insuffisante, tu ne concordes pas avec l’idée que je me suis construite de celles dont se sauvent leurs maris. Mais il est vrai que ces femmes-là n’ont pas toutes le même visage. »
Pas de victime. Pas de bourreau. Que des relations humaines teintées par des attentes, des espoirs, des valeurs personnelles à chacun, des choix à faire et surtout, les conséquences de ces choix.
C’est toi, mon plus grand secret
En seulement 9 jours, Marie et Malek auront fait tourner la Terre hors de son orbite. Rien ne sera plus comme avant. Il aurait été si facile pourtant de ne vivre qu’une aventure d’un soir.
« En quelques jours, ton mari s’était élevé à un rang bien plus haut que la banale histoire d’un soir, que l’amant de passage. (…) Je détestais cela, Zofia. Parce qu’il s’envolerait bien vite, ne laissant derrière lui que des poussières de souvenirs, planantes. Même ces grains minuscules, les fragments de notre histoire, ne m’appartenaient pas. »
Il y a cette impression de vide après l’amour qui ne nous appartient pas. Un creux énorme dans les entrailles. Plus les grains de sable tombent et plus Marek s’éloigne de Marie et retourne vers sa femme en Pologne. Le temps devient tout; allié, ennemi, passé, présent, futur. Un secret.
« Je me suis croisé les doigts pour que le temps m’oublie là (…) Il m’a plaquée contre le mur, nos corps ont gravité vers le sol. Nous avons fait l’amour directement sur le carrelage refroidi par l’automne. Un mélange de furie, de passion, d’urgence. Comme si rien n’était plus pressant que cela, ni plus important. »
La relation de Marie et Malek ne demeure pas stoïque dans le sexe. Ils vivent à travers leur sexualité une relation d’union, de force, d’amour, de douleur, d’impuissance, une mise à nue totale qui révèle à chacun son miroir d’incertitudes.
La honte, les jugements, ne pas pouvoir parler de ce que l’on vit ou ressent sans avoir à être condamné, jugé, méprisé parce qu’on est maîtresse et qu’on a joué sur le terrain d’une autre, parce qu’on a été infidèle et pourtant si près de son être véridique, ses désirs, sa foi.
Il y a dans le livre Prawda des vérités qui ne se disent pas, mais qui sont.
Cet incroyable livre est mon plus grand coup de cœur à ce jour. La puissance des écrits de Roxanne Langlois me désarme et, selon moi, Prawda gagnerait à être davantage connu par le public et le grand monde littéraire.
Pour terminer, j’ajouterais que les Éditions 3 sista existent depuis 2013 et que leur mandat est d’offrir une plateforme de diffusion aux artistes gaspésiens. Les Éditions 3 sista éditent et diffusent des œuvres littéraires gaspésiennes qui exposent des problématiques sociales, dénoncent des tabous, abordent les tics et les TOC soulevant des réflexions et des irréflexions. « C’est une entreprise de création qui souhaite générer un tonus communautaire, brasser la soupe de l’oralité, du lettré et de l’art visuel pour unir le langage artistique aux actions culturelles et sociales. »
Allez à leur rencontre au lien suivant et bonne lecture!