Le dernier livre de l’auteur et psychologue François Leblanc, Coyotes et alligators, paru aux Éditions Druide est l’histoire d’un jeune garçon de 12 ans, dont on ignore le nom, qui nous entraîne dans une ville maudite où chaque adulte devint un monstre à apprivoiser pour sa propre survie. Accompagné de son jeune ami de 10 ans, Sébastian alias Jésus, le personnage principal nous partage le long chemin qu’ils devront parcourir entre le camp de survie et l'hôpital psychiatrique où se trouve sa mère. Le périple des deux enfants s’avère un véritable cauchemar dont ils ressortent vivants malgré une réalité qui démonte leurs rêves puérils. 

"Avant d’apprendre à marcher et à parler, j’ai appris à être invisible. C’est un don rare, que seuls quelques individus maîtrisent à la perfection."

Son père l’a inscrit dans un camp de survie pour l’été, geste qu’il interprète comme un désir de se débarrasser de lui. Il aurait pu demeurer à la maison, ne faire aucun bruit, surtout ne pas déranger son père qui travaille de nuit et passe le reste de son temps à manger. Pourquoi son père ne peut-il pas tolérer sa présence, lui qui est invisible, que personne ne voit, que personne ne console ou ne cajole? 

"Lorsqu’il se réveille, la plupart du temps en fin d’après-midi, mon père pense déjà au moment où j’irai me coucher, comme si ma seule présence suffisait à lui gâcher la vie."

Dès les premières pages, le personnage principal se sent misérable, seul, lui qui n'a ni frère, ni soeur, ni mère, du moins, il a une mère, mais celle-ci est hospitalisée depuis quelques mois à l’autre bout de la ville.Le monde de l’enfance est dur et cruel et seuls l’imagination, l’espoir et le regard de l’autre peuvent tenir la tête des enfants hors de l’eau. Dans Coyotes et alligators, le psychologue et auteur François Leblanc plonge son personnage principal dans plusieurs  tableaux métaphoriques, comme différentes étapes à franchir afin d’atteindre son but; la liberté. Lui tenant invisiblement la main, l’auteur ne laissera jamais tomber cet enfant qui ne veut que s’affranchir de sa vie sans ancrage. 

La réalité déformée

Alors qu’il est au camp de survie, il remarque ce jeune enfant frêle et innocent, victime d’intimidation tout comme lui. Tout de suite, il se sent appelé à le défendre, à être son protecteur, à le protéger contre ceux qui les intimident. Ce nouvel ami, c’est Sébastian, qu’il a surnommé Jésus.  Le jeune garçon se lie avec cet enfant de 10 ans qui le regarde avec admiration, qui ne voit en lui que sa force et son courage. Enfin, il existe dans le regard de quelqu’un, il n’est plus invisible.  Ils ne seront plus seuls maintenant pour affronter les autres. Le jeune personnage de François Leblanc n’a que 12 ans et ses réflexions oscillent entre l’enfant qui tente de survivre par son imagination et l’adolescent en devenir qui a perdu depuis longtemps sa naïveté d’enfant. La réalité frappe.

Son père ne l’aime pas.

Il n’a pas d’autre famille que sa mère.

Sa mère est prisonnière à l’hôpital.

Il est prisonnier du camp de survie.

Mais il a Sébastian maintenant, un ami, un allié. Tous deux victimes d’intimidation au camp, ils devront fuir, sans le dire, sans se faire remarquer. Mais fuir vers où? Ensemble ils iront rejoindre sa mère à l'hôpital psychiatrique pour la libérer, partir loin et former une vraie famille. Il n’a plus l’intention de demeurer avec son père, car selon lui, c’est de sa faute si sa mère ne peut revenir à la maison. Bien que son père lui a expliqué les raisons de l'internement de sa mère, il croit sa mère prisonnière de l’hôpital. Il ne veut pas entendre ni voir la vérité; il idéalise sa mère, son absence, ses souvenirs d’elle. 

"J’ai de la peine pour elle. Je suis ici depuis seulement quelques minutes et j’ai compris. Compris qu’elle ne peut pas se plaindre, qu’elle ne peut pas accuser qui que ce soit. Tout ce qu’elle pourrait dire sera retenu contre elle. Cela leur fournirait un motif pour la garder plus longtemps. Les personnes hospitalisées à l’unité cent huit sont malades, mais elles n’ont pas d’avis à donner sur leur guérison."

Déçus des adultes, de leur incompréhension, de leurs mensonges, de leur regard humiliant, les deux jeunes garçons traverseront seuls la ville jusqu’à l’institut. 

"Nous avons réussi. Nous sommes libres. Et nous ne savons que faire de cette liberté."

L’imagination pour fuir la réalité

Dans chaque oeuvre de l’auteur François Leblanc, l’imagination du personnage principal est catalyseur à son histoire. Dans Coyotes et alligators, l’enfant de 12 ans,  en période de transition entre l’enfance et l’adolescence, a terriblement besoin de son imagination comme support; il ne peut survivre dans sa réalité sans s’évader dans ses revues scientifiques, le livre des records Guinness et sans imaginer qu’il y a quelque chose de plus beau ailleurs, avec sa mère, avec son nouvel ami Sébastian qu’il croit pure et entouré d’une famille aimante. S’il est rempli de désillusions, sa quête personnelle, quête de liberté et d’amour profond, demeure sa priorité. 

Pour être libre, il devra user de plusieurs mécanismes de défense afin de ne pas sombrer dans les abîmes qui le guettent au détour de sa jeune vie; le rejet des propos de son père envers sa mère, la justification rationnelle à sa vie misérable, le transfert de son besoin de protection sur Sébastian, la projection des faits selon son interprétation de ceux-ci, la contre -réaction qui le pousse à masquer ses sentiments bien qu’on ressente en lui un enfant hypersensible et fragile et bien sûr l’imaginaire. La longue route que franchissent Sébastian et lui est parsemée de monstres adultes qu’ils devront déchiffrer comme alliés ou ennemis. 

Coyotes et alligators est un livre admirablement et finement écrit par François Leblanc qui nous envahit et nous obsède durant toute sa lecture. Le lecteur se verra prisonnier de l’imaginaire de l’enfant concerné par l’histoire, mais encore une fois, comme dans plusieurs de ses bouquins, l’auteur ne signe aucune fin en soi, laissant librement vaguer son jeune héros vers sa destinée. 

En cette période de confinement en raison du coronavirus, nous vous suggérons d’acheter vos livres en ligne. Pour vous procurer Coyotes et alligators, cliquez au lien suivant  https://www.editionsdruide.com/livres/coyotes-et-alligators.

Merci aux Éditions Druide pour leur collaboration. 

Coyotes et alligators

François Leblanc

Éditions Druide