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En ce début d’année, le Musée des beaux-arts de Montréal nous propose de nous pencher sur un côté peu souvent abordé de l’Empire, l’art et la vie à la Cour impériale. S’affranchissant de la chronologie des événements, l’exposition se centre autour des thèmes qui ont régi la vie de Napoléon, offrant ainsi une immersion dans la vie de monarque si loin de notre réalité.
Des champs de bataille aux forêts royales
La visite commence par une salle permettant une (re)mise en contexte historique. Le visiteur plonge dans le parcours du personnage, grâce aux peintures évoquant, entre autres, les campagnes d’Italie avec un portrait de Bonaparte à Milan d’Andrea Appiani, avant de nous présenter Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau d’Antoine-Jean Gros – immortalisant la campagne de Russie de 1807 –, ou encore Le cortège du Sacre de Napoléon de Jacques Bertaux, datant de 1804.
Au centre trône le fameux tableau de François-Pascal-Simon Gérard, Portrait de Napoléon « en grand habillement » du Sacre, exposé à côté d’une reproduction miniature du célèbre tableau de Louis XIV en costume de sacre de Hyacinthe Rigaud. Si les deux monarques portent le somptueux manteau d’hermine des grandes célébrations, seul Napoléon arbore le grand collier de la Légion d’Honneur. Cette distinction qu’il a créée en 1804 symbolise à la fois l’héritage de la Révolution, et d’autre part la profonde modernité – que souhaite diffuser le pouvoir – de l’Empire comparé à la monarchie. En effet, cette décoration est donnée en fonction du service rendu à la patrie, sans regard vis-à-vis du statut de naissance du récipiendaire; cela permet ainsi, pour la première fois, de mettre les Hommes sur un pied d’égalité.
On découvre par la même occasion que les grands apparats ont repris à la cour, les écuries royales sont à nouveau en activité et toujours prêtes à recevoir l’Empereur sous la direction du Grand Écuyer, Armand de Caulaincourt, peint par Ferréol Bonnemaison. Bien que ses piètres talents l’aient conduit à éborgner le Maréchal Masséna, Napoléon continue aussi la chasse à courre sur les terres de Fontainebleau pour le symbole. Il n’hésite d’ailleurs pas à recruter parmi les anciens serviteurs de Louis XVI, en nommant notamment Berthier au poste de Grand Vanier, représenté ici en tenue par Jacques-Augustin-Catherine Pajou.
Clergé, vie de famille et représentation
Crédit photo: Daniel Arnaudet
Plus tard au cours de notre visite, on apprend que les rapports de Napoléon et du clergé sont compliqués. L’Empereur a besoin de l’Église pour son emprise morale sur le peuple mais, en même temps, il décide de se placer lui-même sa couronne sur la tête et sur celle de la première impératrice, Joséphine de Beauharnais. Le pape Pie VII est relégué au statut de simple spectateur, moment représenté ici par Jacques-Louis David. Malgré cela, le fils de Napoléon et de Marie-Louise D’Autriche, la seconde impératrice, devient plus tard roi de Rome.
En 1811, la naissance du roi de Rome représenté par Jean-Baptiste Isabey, puis le célèbre tableau de L'impératrice Marie-Louise veillant sur le sommeil du roi de Rome de Joseph Franque, marque en effet un tournant dans la vie de l’Empereur. En effet, ce dernier s’éloigne un temps des champs de bataille pour pouponner, ce qui est loin d’être coutumier pour lui et pour l’époque.
De plus Napoléon, qui aime peu « perdre du temps pour manger », doit cependant se plier au grand dîner d’apparat : la finesse des détails du splendide service présenté, témoigne de la richesse de ces temps. On note aussi l’absence de verres sur la table; à l’époque, ils sont en effet disposés sur une autre table, et amenés par le serviteur si besoin.
La hiérarchie de cour
Crédit photo: Roger-Viollet
Comme chez les militaires, la hiérarchie du palais est stricte autour de Napoléon. D’abord il y a le Grand chambellan, poste occupé par le fin tacticien et opportuniste Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (représenté en peinture par Pierre-Paul Prud'hon), puis par Pierre De Montesquiou-Fezensac après 1809. Sa mission est de s’occuper du quotidien de l’Empereur, et notamment des audiences afin de restreindre l’accès au public aux appartements et espaces privés, dont il porte la clé frappée du « N » impérial, dont un exemplaire est exposé sous nos yeux. Cette tradition est d’ailleurs toujours d’actualité avec le Grand chambellan de la Reine Élisabeth II en Angleterre.
Pour la seconde épouse de Napoléon, Marie-Louise d’Autriche, c’est la dame d’honneur qui occupe ces fonctions : celle-ci est immortalisée par François-Pascal-Simon Gérard dans un Portrait de Louise-Antoinette-Scholastique de Guénéheuc-Lannes, duchesse de Montebello, entourée de ses enfants.
Sous ces deux personnages aux hautes responsabilités s’organisent toute une myriade de serviteurs, de pages issus de la jeunesse dorée pour fidéliser l’aristocratie, d’artistes, de nobles, de militaires… sans compter le célèbre Roustam Raza, Mamelouk de Napoléon Ier immortalisé par Jacques-Nicolas Paillot de Montabert, qui suit l’Empereur depuis la campagne d’Égypte de 1798.
Les décorations intérieures et le quotidien
Napoléon continue à utiliser les grandes manufactures des Gobelins pour faire produire des splendides et immenses tapisseries, ou encore celles de Sèvres pour la vaisselle – héritage des grands chantiers de Louis XIV pour Versailles –, dont plusieurs pièces ornant la quarantaine de palais impériaux sont ici exposées, pour notre plus grand plaisir.
Les appartements privés sont aussi évoqués à travers de nombreux objets du quotidien, comme cet utilitaire dentaire; mais c’est surtout le fameux Songe D’Ossian de Jean-Auguste Dominique Ingres, commandé pour orner la chambre impériale de Rome – seconde capitale de l’Empire – qui permet d’apprécier la finesse du quotidien dans lequel évolue Napoléon.
La cour vue par les autres pays
La presse, principalement celle d’Angleterre (à l’époque plus libre que la presse française), use énormément des caricatures pour dépeindre Napoléon. Cela traduit d’une certaine façon leur peur viscérale de voir les idées de la Révolution s’exporter, notamment l’idée de guillotiner les monarques. Mais plus encore, c’est le génie militaire, le charisme et l’esprit européen de l’Empereur qui est craint et qui explique les déclarations de guerre incessante des pays voisins.
Si son premier exil à l'île d’Elbe permet à Napoléon de garder une illusion de stature impériale, avec un territoire et un semblant de vie de cour régie par sa sœur Pauline, il n’en est pas de même pour le second.
Après l’incroyable épisode des « Cent jours » qui se termine par la défaite de Waterloo, Napoléon s’enfuit vers les côtes de la Gironde où il se retrouve acculé par la puissante flotte anglaise. S’en remettant à l’hospitalité de ses ennemis de toujours, il demande l’asile car son orgueil lui interdit l’évasion vers l’Amérique, caché dans un tonneau. Napoléon, qui pense alors être gardé à résidence dans la campagne anglaise, est extradé quelques mois plus tard comme « L’otage de l’Europe » à Sainte-Hélène. Cette petite île rocheuse de l’Atlantique Sud est éloignée de plus de 1800 km de toute autre terre, les Anglais souhaitant éviter avant tout un second retour de sa part.
Napoléon décède en 1821, immortalisé « sur son lit de mort » par Denzil Ibbetson, après six ans d’une captivité frugale sous l’autorité mesquine et irrespectueuse de Sir Hudson Lowe. Il vit ses dernières années dans une petite maison dont les plans contrastent avec l’univers luxueux présenté dans le reste de l’exposition, contribuant malgré elle largement à la diffusion du mythe impérial. C’est dans cette demeure que Napoléon y dicte son célèbre Mémorial de Sainte-Hélène, texte qui sera publié dès 1822-1823.
Pour en savoir plus sur Napoléon : Art et vie de cour au palais impérial, ou pour vous procurer vos billets, cliquez ici. L’exposition sera présentée jusqu’au 6 mai 2018 au Musée des beaux-arts de Montréal.